Franck Cohen, SAP : "nous entendons prendre des parts de marché à tous nos concurrents"

28 juillet 2011 à 13h19
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L'heure est à l'optimisme chez l'allemand SAP, pour qui le deuxième trimestre de l'année s'est traduit par une hausse de 20% du chiffre d'affaires. Franck Cohen, président SAP pour la zone EMEA, revient pour Clubic Pro sur le semestre écoulé et les ambitions du premier éditeur européen sur la fin de l'année. Il annonce également la mise en place à venir de partenariats avec Accenture et IBM

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Franck Cohen, bonjour. Quel bilan tirez-vous des activités SAP dans la zone EMEA sur le premier semestre ?

Mon bilan est positif, bien sûr, eu égard aux résultats annoncés. Ce qui me parait le plus significatif dans ces chiffes, c'est qu'ils témoignent de la confiance de nos clients quant à l'avenir de la plateforme SAP. Les innovations lancées l'an dernier ont suscité un engouement très fort, qui se traduit d'une part par l'acquisition directe de ces solutions, mais aussi par l'accroissement de notre capacité à innover avec nos clients. Les activités issues de Business Objects constituent par ailleurs un axe de croissance très fort. Tous les moteurs ont fonctionné à plein régime et ce malgré un contexte peu favorable.

Les troubles financiers qui touchent actuellement l'Europe ont donc eu un impact sur les investissements de vos clients ?

Oui, il y a bien eu un impact, notamment sur les pays du sud de l'Europe, avec un ralentissement très fort des investissements, particulièrement sur les marchés publics. Nous avons également été affectés par les évènements qui ont eu lieu au Moyen Orient, où l'on venait d'ouvrir de nouveaux bureaux et de doubler nos investissements sur les derniers mois. Quelques marchés se sont fermés, d'autres ont ralenti. Cet impact s'est d'ailleurs traduit sur les résultats du deuxième trimestre, mais il ne nous a pas empêché de tout de même enregistrer une croissance globale très forte de 35% à taux de change constant.

Tous les voyants sont donc au vert pour la fin de l'année ?

Nous pensons effectivement que nous serons dans le haut de la fourchette de résultats que nous avons donnée en début d'année, ce qui correspond à une tendance haussière. Nous devrions enregistrer une accélération très forte sur les activités liées à l'innovation : le pipeline (canal d'affaires potentielles) concernant HANA est déjà de 400 millions d'euros à l'échelle mondiale. Sur mobile, on a multiplié par dix les opportunités en Europe. Nous sommes très confiants dans notre capacité à convertir une partie de ce pipeline en chiffre d'affaires. Concernant l'Europe, il conviendra toutefois d'observer ce qui va se passer dans la zone sud. Si la situation se détériore et que d'autres pays entrent en défaut de paiement, il y aura un risque de contagion à ne pas négliger.

SAP a fortement mis l'accent en 2011 sur son approche In-Memory (base de données stockées en mémoire vive en vue de tendre vers un accès temps réel) et poursuivi dans le même temps ses efforts autour des bases de données en colonne traditionnelles, avec notamment la sortie de la version 15.3 de Sybase IQ. Comment jonglez-vous avec cette double approche et quels sont vos projets pour démocratiser cette idée de vrai temps réel ?

Sybase IQ constitue une base de données très performante, particulièrement adaptée aux besoins de la banque et des télécoms par exemple. C'est une offre agnostique sur le plan technologique, qui s'adresse à tout le monde, alors que nos produits In Memory s'adressent aujourd'hui essentiellement aux clients SAP. HANA par exemple est une offre applicative, qui n'est donc pas purement technologique et s'appuie sur l'univers existant SAP. Nous nous adressons donc ici à deux marchés différents.

Le vrai temps réel rendu possible par l'approche In Memory est maintenant l'un des éléments clé de notre offre. Le produit est maintenant disponible pour l'ensemble de nos clients et marchés. Aujourd'hui, nous travaillons avec nos clients pour voir comment il est possible d'innover autour de cette approche, en développant des moteurs spécifiques au besoin de chaque industrie. La banque est par exemple intéressée par des outils de gestion de la profitabilité en temps réel, alors que dans le domaine du retail, on va chercher comment gérer de la promotion individualisée, là encore en temps réel. L'intérêt est également évident pour l'entreprise au sens large, avec des applications directes dans le domaine du reporting, où In Memory permet de concaténer toutes les données et de traiter en six heures ce qui se faisait avant en six jours.

Dans la mesure où la disponibilité est très récente, nous devrions voir beaucoup de résultats concrets sur la deuxième partie de l'année, même si nous avons déjà obtenu des résultats significatifs sur le premier semestre. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer qu'en Europe, les clients se montrent très prudents, demandent des prototypes très détaillés, alors qu'aux Etats-Unis l'approche se révèle bien plus directe.

Un 2e trimestre en hausse

Pour le deuxième trimestre de son exercice fiscal, SAP a fait état mardi soir d'un chiffre d'affaires en hausse de 14% sur un an, à 3,3 milliards d'euros. Le bénéfice opérationnel associé s'élève quant à lui à 857 millions d'euros, en croissance de 11%. Les ventes de logiciels représentent 802 millions d'euros de ce chiffre d'affaires, en progression de 26% sur un an.

Sur l'année, SAP dit maintenant tabler sur la fourchette haute de la fourchette de 10 à 14% de croissance annoncée au début de son nouvel exercice.


Début 2011, vous évoquiez un objectif de 100 applications mobiles développées par les équipes de Sybase avant la fin de l'année. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Nous sommes en phase avec cet objectif, avec plus de 20 nouveaux clients sur la partie mobile en Europe. On s'attend là aussi à ce que les choses s'accélèrent sur le deuxième semestre et l'on maintient des objectifs très ambitieux. SAP va apr ailleurs ouvrir avec Accenture un centre d'innovation centré sur le mobile à Sophia Antipolis en septembre, qui servira pour l'ensemble du marché européen.

Applications sur site, accessibles depuis un mobile... ou en ligne, par le biais de services hébergés. Bien que l'approche Saas (software as a service) fasse partie des objectifs affichés par SAP, on a l'impression que la transition ne se fait pas aussi vite que prévu ?

Il est vrai que nous souffrons d'un déficit d'image sur le cloud, et nous souhaitons mettre l'accent sur ce volet. Nous venons d'ailleurs de lancer un certain nombre de nouveaux produits au sein de notre offre Bydesign, avec le Sales on demand, des produits BI ou ERP. Nous croyons vraiment à l'évolution du cloud, qu'on voit vraiment comme le moyen de libérer des budgets informatiques en réduisant les coûts de maintenance, ce qui permet donc de se concentrer sur l'innovation.

Aujourd'hui, nous devons faire avec des partenaires, puisque nous n'avons pas vocation à proposer des offres hardware ou centre de données. Nous allons d'ailleurs lancer une offre allant en ce sens avec IBM en France en septembre, qui permettront de promouvoir les offes SAP sur le cloud, mais nous y reviendrons le moment venu.

L'essor de ces offres hébergées peut-il se faire en préservant la croissance sur les fondamentaux tels que l'ERP ?

Il faut bien voir aujourd'hui que la croissance ne repose plus vraiment sur la partie ERP de notre offre, qui représente désormais moins de 30% de nos ventes de licences. La croissance aujourd'hui repose sur l'innovation, sur les lignes de produits, etc. On pense donc que la partie cloud va se révéler un vecteur de croissance, si l'on garde en tête que la problématique n'est pas simplement d'avoir l'offre la moins chère possible : ce qu'il faut, c'est proposer une offre très solide qui permette à nos clients de porter leurs applications critiques sur le cloud. Nous sommes engagés dans une démarche très forte, qui vise à gagner des parts de marché et, pour l'instant, les chiffres parlent d'eux mêmes. On entend donc bien continuer à gagner des parts de marché contre tous nos concurrents, sans exception.

Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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