Google Ads : les opérateurs européens veulent une part du gâteau

12 avril 2010 à 10h34
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Les fournisseurs d'accès à Internet européens en ont après Google : trois d'entre eux, France Télécom, l'Allemand Deutsche Telekom, et l'Espagnol Telefónica, viennent de déclarer au Financial Times que Google devrait leur verser « une compensation pour transporter du contenu comme Youtube sur leurs réseaux, car la vidéo sature rapidement leurs infrastructures ADSL et mobile. »

Selon Stéphane Richard, président de France Télécom, « il y a quelque chose de tout à fait anormal et contraire à la logique économique dans le fait de laisser Google utiliser nos réseaux sans en payer le prix. » Derrière ces annonces, il y a évidemment la crainte que Google verrouille le marché de la publicité mobile comme il l'a fait pour le web. Telefónica tient par exemple à sécuriser une grande partie des recettes sur ce marché naissant.

France Télécom estime de son côté que Google réduit les opérateurs à des « tuyaux muets », donc à leur seul rôle de fournisseur d'infrastructure. Ce qui éroderait la relation entre les FAI et leurs clients. De plus en plus d'utilisateurs seraient ainsi plus intéressés par les fonctionnalités de leurs outils (Android, Google, Windows Mobile, Maemo, etc.) que par le réseau sur lequel ils sont. Et les opérateurs de critiquer ce que leur verse Google en contrepartie : rien ou pas beaucoup plus. Selon César Alierta, président de Telefónica, « ces gens utilisent les réseaux et ne payent personne. » Il estime que si aucun accord de partage des revenus n'est signé entre les moteurs de recherche - Google en tête - et les FAI, il faudrait en venir à une réglementation.

Les opérateurs de télécommunications pourraient chercher à s'allier avec des groupes qui partagent leur point de vue, comme les médias. La récente annonce de Rupert Murdoch, le plus important magnat mondial de la presse, a pu conforter les FAI dans leur volonté : le patron de News Corp veut empêcher Google d'utiliser les contenus éditoriaux des publications de son groupe sans payer. Une problématique identique, sauf que les opérateurs sont bien en charge de l'infrastructure. Et c'est ce qui pourrait poser problème, car si un accès dégradé était proposé sur des sites comme Youtube faute d'accord, ce sont les FAI qui pourraient en pâtir auprès de leurs clients. Pour Craig Labovitz, spécialiste de la sécurité réseau chez Arbor Networks, « les opérateurs ont peu de pouvoir pour négocier de nouveaux arrangements. »

Une situation qui pourrait surtout pénaliser les consommateurs au final, en portant atteinte à la neutralité des réseaux. Car les opérateurs payent aujourd'hui la vente d'offres haut débit grand public basées sur un marketing du contenu. Ce sont bien des services comme Youtube qui ont permis de vendre des abonnements ADSL, et il y a peu de chances que les clients suivent les FAI sur ce problème. Avec le risque qu'au final, un Internet à deux vitesses se développe : plus de bande passante pour les clients gourmands, avec un tarif supérieur à ceux qui auront le service de base. Ou, plus radical, le blocage de certains ports, comme ceux utilisés pour le peer-to-peer, pour décongestionner les réseaux. Un débat qui devrait revenir bientôt, puisque la Commission européenne commence à s'intéresser de près à la neutralité du net.
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