© David Nogueira pour Clubic
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Une étude prétend qu'Amazon exploite nos conversations avec Alexa afin de compléter nos profils publicitaires et vendre des annonces au prix fort.

Cela vous est certainement déjà arrivé : vous discutez d'un sujet avec un proche, et peu de temps après, des publicités pour un produit ou un service qui y sont relatifs s'affichent dans vos applications ou votre navigation web. Coïncidence ? Requête antérieure ? Ou sommes-nous vraiment écoutés par nos appareils connectés ?

Une méthodologie soigneusement étudiée

Une dizaine de chercheurs des universités de Washington, California-Davis, California-Irvine et Northeastern ont publié une étude selon laquelle Amazon utilise les interactions des utilisateurs avec son assistant vocal Alexa afin de leur diffuser de la publicité ciblée.

Le géant américain se montre très opaque sur la manière dont il traite les données issues des conversations avec Alexa. Les chercheurs ont dû créer de nombreux faux profils, comparer différents usages, simuler des interactions et analyser les différences statistiques entre les profils en matière de publicité afin de déterminer que les informations enregistrées par Alexa sont exploitées dans le but d'établir un profil publicitaire plus complet des utilisateurs.

De plus, les universitaires ont mis au point une enceinte Echo « maison » à partir d'un Raspberry Pi custom couplé au SDK Alexa Voice Service. En simulant une identité d'Amazon Echo, les chercheurs ont pu examiner le trafic réseau entrant et sortant non chiffré, et donc savoir quel type de données sont échangées, et avec qui.

Une écoute qui permet l'envolée des tarifs publicitaires

L'étude affirme que les données d'interaction avec les enceintes Echo sont transmises à Amazon, mais aussi à des éditeurs tiers qui développent les skills, ces extensions pour Alexa. Par ailleurs, Amazon partage des informations de ce type avec au moins 41 de ses partenaires publicitaires.

Pour les régies publicitaires, de telles données sont considérées comme un jackpot, car elles permettent un ciblage extrêmement précis. Si bien que les annonceurs sont prêts à payer jusqu'à 30 fois plus cher pour s'assurer que leurs publicités soient bien diffusées auprès de personnes probablement intéressées par ce qu'ils ont à vendre.

Cette exploitation des données d'Alexa est pourtant contraire aux politiques de confidentialité d'Amazon et aux déclarations de la firme quant au respect de la vie privée des utilisateurs d'enceintes Echo.

Contacté par The Register, un porte-parole d'Amazon a réagi à l'étude en ces termes : « De nombreuses conclusions de cette recherche sont fondées sur des déductions ou des spéculations inexactes de la part des auteurs, et ne reflètent pas avec précision le fonctionnement d'Alexa. » Il ajoute que le prix des publicités est influencé par plusieurs facteurs, mais que les requêtes vocales et les interactions avec Alexa n'en font pas partie. Il insiste aussi sur le fait qu'Amazon ne vend pas de données personnelles, ce que l'étude ne prétend de toute façon pas.

Source : The Register