[Silicon Valley] DoubleDutch : "Mon conseil : prenez un avion et venez ici"

06 juillet 2010 à 19h02
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Lawrence Coburn est PDG de DoubleDutch, un éditeur de plateforme de développement en marque blanche pour des applications géolocalisées. Sa solution, dédiée aux entreprises, a été développée grâce à l'argent d'un premier succès, RateItAll. Rencontré dans la pépinière où est implanté DoubleDutch à San Francisco, Lawrence nous explique sa solution et sa vision de l'entrepreneuriat dans la Silicon Valley.

Bonjour Lawrence Coburn. Pouvez-vous nous présenter DoubleDutch et la technologie développée ?

Nous sommes la première application de géolocalisation en marque blanche pour les entreprises et les organisations. Nous pensons que la géolocalisation change l'informatique. Si vous ajoutez la géolocalisation aux réseaux sociaux, ça devient quelque chose de différent. Si vous l'ajoutez au commerce, ça devient quelque chose de différent.

Nous pensons que la géolocalisation a le potentiel pour changer la façon dont les gens travaillent également. Nous avons donc construit cette plateforme, DoubleDutch, qui permet à n'importe quelle entreprise, ou n'importe quelle marque, de construire sa propre application de géolocalisation. Par exemple, nous travaillons pour un cycle de conférences de marketing. Vous allez dans une de ces conventions, et vous allez rencontrer plein de monde. Ces gens ne sont peut-être pas vos amis dans la vraie vie, mais ils vont être vos amis pour trois jours pour certains. Nous pouvons donc les connecter, avec un réseau social temporaire géolocalisé.

Notre plateforme fait deux choses très bien : elle permet de personnaliser les informations de localisation. Imaginez que vous soyez une université, vous pouvez entrer les données correspondant à la localisation des restaurants universitaires, des classes, des bibliothèques... La seconde, c'est la personnalisation du fonctionnement du jeu. Car la géolocalisation passe par le jeu aujourd'hui, comme on peut le voir sur Foursquare, où l'un des buts est de gagner des badges. C'est pourquoi nous ouvrons cette possibilité à nos clients.

Pourquoi la géolocalisation ? On a l'impression qu'il y a un emballement, mais ne craignez-vous pas l'effet de mode ?

C'est amusant, car lorsque nous nous sommes lancés, c'était à l'occasion du festival South by Southwest de mars 2010. Et à ce même festival, il y avait 21 applications dédiées à la géolocalisation qui se lançaient. Nous étions les seules à cibler les entreprises et les marques. Je pense que c'est vraiment une tendance lourde pour les années à venir. Je crois que nous sommes face à la consumérisation des entreprises. Il y a dix ans, les technologies venaient des campus d'entreprises, et allaient vers le marché des consommateurs. C'est ce qui s'est passé avec les BlackBerry, les ordinateurs portables...

Aujourd'hui, c'est l'inverse. Les technologies trouvent un usage dans les entreprises, chez les consommateurs finaux. C'est ce qu'on a vu avec Facebook, Twitter... Je pense donc que la géolocalisation va suivre cette tendance et aller du besoin vers le développement des technologies. Nous sommes les premiers aujourd'hui à essayer de résoudre ce problème.

Qu'est-ce qui fait que vous soyez ici, dans la Silicon Valley ?

Je ne suis pas originaire d'ici, je suis venu il y a une dizaine d'années pour trouver du travail. Je vais vous raconter une anecdote qui va vous faire comprendre la spécificité de cet endroit. Je travaillais dans un café avec mon ordinateur, et en 2008, j'étais en train de développer une application Facebook, parce que c'était ce qui marchait à ce moment-là. Le type à côté de moi se retourne et me dit « Est-ce que tu es en train de travailler sur une application Facebook ? » Lui aussi, faisait la même chose. Et une heure plus tard, il y avait trois autres personnes du café qui sont venues et qui travaillaient sur la même chose.

Toutes les semaines, vous pouvez rencontrer plein de monde, il y a des rencontres entre entrepreneurs, médias, investisseurs... Il y a les entreprises, Stanford et Berkeley, avec tous les gens de talent qui en sortent. On ne peut pas concurrencer ça. Je sais qu'il y a plein d'autres endroits forts pour les startups. Je suis sûr que Paris en est un, Londres en est un... Mais je n'ai rien vu comme ici. C'est un avantage important, notamment en terme d'investissement : les investisseurs ne mettront jamais d'argent dans une startup qui n'est pas de la Silicon Valley. Donc mon conseil : prenez un avion, achetez une nouvelle voiture et venez ici si vous voulez donner une vraie chance de succès à votre entreprise.

Y a-t-il une part culturelle à cet état de fait ? Peut-on parler encore de rêve américain ?

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Complètement. Je pense que les gens dans les startups font une fierté du fait d'être... Je ne dirais pas sous-payés, mais payés équitablement... Et d'avoir une chance de construire d'important pour changer le monde, résoudre un gros problème. Les gens ici ne comptent pas leurs heures. Vous allez dans n'importe quel café ici, et vous trouverez cinq ou six entreprises en train de travailler. Ca fait partie de la culture.

Pour moi, tout est question d'envie. En 1999, j'ai quitté mon travail, pris ma voiture pour San Francisco, et j'ai commencé à travailler sur quelques projets avec des amis. J'ai lancé plusieurs sites en tant qu'indépendant. Il faut accepter de faire peu d'argent, d'être un entrepreneur à temps partiel... Parfois pour un certain temps. Mais finalement, l'un des sites a commencé à devenir vraiment gros, donc j'ai dû m'investir entièrement dedans, sortir de chez moi pour trouver de l'argent, me faire couper les cheveux, trouver un bureau, etc.

Il faut savoir prendre des risques, et ça n'est pas forcément culturel. En 2001, quand tout cela ressemblait à une descente aux enfers, tout le monde a commencé à quitter à San Francisco. Nous sommes en crise aujourd'hui, mais à l'époque, la Silicon Valley était le centre de la crise. Tout venait de nous. Nous avons dû, pour travailler sur notre produit de l'époque (toujours actif, NDLR) RateItAll, déménager tous ensemble dans le même appartement, manger des soupes de nouilles tous les soirs. C'était une époque difficile, mais je pense que si j'avais su à quel point ça serait dur, j'aurais abandonné. Mais il faut savoir prendre ce risque tout de même. Car en échange, on a de l'indépendance, on peut travailler sur de nouvelles choses qui sont très intéressantes, avec des choses extrêmement brillants... Ca vaut le coup.

Merci beaucoup Lawrence.
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