"Payer avec son téléphone ? Quelle drôle d’idée !" une chronique d'Anicet Mbida

13 février 2013 à 10h45
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Anicet Mbida, aux commandes de Secrets de Fabrication sur la chaîne 6Ter, inaugure le nouvel espace chronique de Clubic Pro. Ce spécialiste du high-tech, passé par Culture Geek sur BFM TV et ancien rédacteur en chef adjoint du magazine 01 Informatique, nous y livrera chaque semaine son avis sur l'actualité numérique.
L'innovation frénétique sur le mobile a donné de mauvaises habitudes aux vendeurs. Pour certains, il suffit d'arriver avec une nouveauté clinquante, de bien la « marketer » pour que des millions s'empressent de l'acheter. Ils oublient l'essentiel : si cette nouveauté n'apporte rien d'utile, elle sera, au pire considérée gadget, au mieux cantonnée à une niche. Exemple : la visioconférence mobile, les MMS vidéo ou les sonneries d'attente. Je parie sur la même désillusion avec le paiement mobile sans contact (NFC).

A écouter ses nombreux partisans, la technologie serait la nouvelle martingale. Tous prévoient une révolution des usages, la ringardisation de la carte bancaire et, du coup, l'explosion du marché. Suivons leur logique et projetons-nous dans ce monde idéal. Imaginez : la plupart des mobiles sont désormais compatibles NFC. Une majorité de commerçants installent des caisses compatibles. Apple intègre la technologie dans l'iPhone. Un consensus se dégage entre les dizaines de solutions concurrentes. Et enfin, l'ensemble des processus est totalement sécurisé et fiabilisé. Là, c'est certain, toutes les conditions seraient réunies pour que le paiement NFC décolle ? Eh bien non. J'en doute.

Une solution à la recherche d'un problème

Imaginez le scénario : quelqu'un arrive à la caisse et veut payer avec son mobile. Il dégaine son portable, le déverrouille, tape un code (le cas échéant), puis lance l'application de paiement, place son téléphone sur la borne, attend le bip, le reprend et enfin valide la transaction en entrant un nouveau code. Simple non ? Maintenant, comparez avec une bonne vielle carte bancaire préhistorique : on la sort de son portefeuille, l'insère dans le lecteur, on tape son code et c'est fini. Qui est le plus pratique ?

D'aucuns me reprocheront de grossir le trait. Pointeront d'autres formes de paiement NFC, infiniment plus rapides où tout se fait à distance, sans taper de code, le mobile restant dans la poche ou le sac, exactement comme avec sa carte de transports ou sa clé de parking. Attendez... un système de paiement sans code, sans validation de transaction et qui fonctionne à distance ? Les cyber pickpockets vont adorer. Mais pas sûr que les stressés de la carte bancaire soient plus rassurés.

Le paiement mobile NFC n'est finalement qu'une énième solution à la recherche d'un problème. Mon portefeuille, lui, ne tombera jamais en panne de batterie. Il ne sera jamais victime d'un bug ou d'un virus. Enfin, je préfère mille fois perdre ou me faire voler ma carte bancaire que mon téléphone. Ce n'est pas seulement une question d'assurance (tout achat sans code PIN est remboursable), mais de logique : mon mobile contient déjà suffisamment d'informations personnelles critiques (photos, SMS, applis sociales, etc.). Pourquoi attirer les voleurs en ajoutant de l'argent ?

Est-ce à dire que la technologie NFC n'a aucun intérêt sur le mobile ? Non, bien au contraire. Elle est déjà très efficace aujourd'hui pour appairer rapidement, par simple contact, un téléphone et une enceinte ou un casque Bluetooth. Demain, elle pourrait transformer nos mobiles en clés universelles. J'arrive sur mon lieu de vacances et télécharge mon abonnement aux transports, la clé de ma voiture de location, de ma chambre d'hôtel ou mon entrée au musée. Pour valider le billet ou ouvrir la porte, il n'y aurait qu'à poser le mobile sur une borne. De nouveaux usages, pratiques, utiles et des solutions à de véritables problèmes. Pas un acharnement technologique totalement stérile comme le paiement NFC.

Anicet Mbida

On me présente souvent comme le vétéran de l'informatique et des nouvelles technologies. Ma plus grande fierté ? Avoir gagné le concours des "Deux Lignes" d'Hebdogiciel dans les années 1980 et d’avoir...

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On me présente souvent comme le vétéran de l'informatique et des nouvelles technologies. Ma plus grande fierté ? Avoir gagné le concours des "Deux Lignes" d'Hebdogiciel dans les années 1980 et d’avoir développé des jeux pour UbiSoft quand ils étaient encore installés à Créteil dans le Val de Marne. C’est totalement par hasard que j’ai bifurqué journaliste informatique en 1994, dans un titre de presse professionnelle qui plus est (01 Informatique). Une formidable expérience qui m’a permis de commenter toutes les transformations de ces vingt dernières années et d’interviewer les plus grands : Steve Jobs, Bill Gates, Andy Grove, John Chambers, Larry Ellisson, etc. Ce qui me passionne ? L’impact social des technologies : la façon dont Internet a changé notre façon de draguer, d’acheter, de s’informer ou de se distraire. Ce portable, dernier objet que l'on regarde avant de se coucher, le premier au réveil. C’est probablement pourquoi j’ai créé la chronique Culture Geek sur BFM TV en 2009. Et même si certains ne me connaissent aujourd'hui qu'à travers ce miroir grossissant de la télévision, l’essentiel de mon métier, de mon ADN, a toujours été lié à la presse écrite. Hier comme rédacteur en chef adjoint de 01Net et de 01 Business et Technologies, aujourd'hui comme Rédacteur en Chef de Clubic Pro. N’hésitez pas à me contacter. J’essaie, dans la mesure du possible, de répondre à tout le monde.

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