Facebook veut absorber la presse et débute par le New York Times

25 mars 2015 à 14h16
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De grands noms de la presse comme le New York Times et le Times sont entrés en discussion avec Facebook pour envisager de publier leurs contenus au sein du réseau social. Les enjeux sont multiples.

Facebook se sent pousser des ailes dans le domaine de la presse. Formidable vitrine pour les médias, qui comptent dessus pour diffuser leurs contenus au même titre que Google, le réseau social voudrait passer à l'étape d'après. Au nom de « l'expérience utilisateur », Facebook voudrait publier ces contenus au sein de ses pages, évitant à ses membres de quitter son environnement pour lire un article. Des tests sont en cours.


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En janvier 2014, Facebook lançait l'application Paper, pensée comme son journal numérique - Crédit : Facebook.


Le New York Times rapporte cette information et écrit participer lui-même à ces expérimentations, tout comme le site Buzzfeed ou National Geographic. En tout, une demi-douzaine de médias serait entrée en discussion avec le réseau social et certains devraient débuter cette intégration dans les prochains mois. Le quotidien britannique The Times serait même déjà sur le point de signer un accord avec le réseau social.

Une évolution qui sert les intérêts de Facebook

Facebook est déjà très présent dans la sphère médiatique, mais il doit tenir compte de sa propre évolution. Selon une étude de Shareholic publiée fin 2014, le réseau est capable de générer jusqu'à un quart du trafic d'un site Web d'information. Une proportion en pleine progression. Parallèlement, Facebook compte une large majorité de ses membres sur mobile : 85% des 1,4 milliard d'utilisateurs actifs mensuels au début 2015, consultent Facebook depuis un smartphone et 30 % le font exclusivement via ce canal. Quel est problème ?

Lorsqu'un membre clique sur un lien pointant vers un article de presse depuis le navigateur de son PC, un nouvel onglet s'ouvre, et il est facile de revenir sur le réseau. Mais sur mobile, l'opération est moins fluide.
Autre problème soulevé par Facebook : il faut en moyenne 8 secondes pour charger une nouvelle page. Un temps qui peut s'allonger si le mobinaute n'a pas assez de réseau, rendant la navigation plutôt fastidieuse.

Vers un partage des revenus publicitaires ?

Le scénario qui se dessine est d'appeler articles, photos et vidéos depuis les sites de presse, et de les afficher dans le flux d'actualités. Selon le site new-yorkais, Facebook serait déjà en train d'aider les sites partenaires à accélérer le contenu. Il ne serait donc pas question que l'américain héberge ces données sur ses serveurs.

Ce genre d'intégration pose un certain nombre de questions. Si un site comme Buzzfeed a pour modèle de créer le contenu le plus « viral » possible afin qu'il essaime les réseaux sociaux, comment un média tel que le Times, dont l'accès au contenu est payant, s'accommodera d'un tel mode de diffusion ? Et cette dilution des contenus dans Facebook semble incompatible avec le modèle économique de la presse en ligne gratuite.

Dans une telle configuration, les membres du réseau social n'auraient plus à aller sur un site de presse pour consulter ses articles, réduisant très certainement son audience et donc ses revenus publicitaires. À ce stade, la piste la plus probable est qu'une minorité d'articles seulement soit concernée. Pour éviter les pertes, Facebook devra proposer un système de partage de revenus, nécessairement fondé sur la publicité ciblée. Selon le New York Times, une publicité spécifique, et une seule, pourrait être affichée dans chaque article.

Facebook, un diffuseur de presse partial

L'autre grande évolution se dessinant pour les médias est la possibilité de diffuser leurs contenus auprès des membres Facebook de façon ciblée... Adresser le bon message à la bonne personne au bon moment grâce à l'analyse des données est devenu la grande règle dans la publicité, afin d'éviter le gaspillage. Pourquoi n'en serait-il finalement pas de même pour les médias, qui partagent les trois mêmes critères cités ci-dessus ?

Ce ciblage objectif reposant sur les données sociodémographiques, les profils et les comportements des membres, couplé à la recommandation « affinitaire » de ses amis - qui fait jusqu'à présent la pertinence de Facebook en matière de diffusion d'information - pourrait donner un cocktail détonant pour les éditeurs. Mais d'un autre côté, ces derniers cèderaient à Facebook la connaissance de leurs lecteurs grâce à la data.

À l'issue des premiers tests, la question sera de savoir si les médias n'ont pas trop à perdre à vouloir ainsi embrasser l'audience - certes colossale et ultra-qualifiée - de Facebook. Derrière la promesse de diffuser chaque contenu de manière plus efficace, sur le fond et la forme, le réseau social introduirait une nouvelle forme de mise en concurrence, comme celle observée sur Google Actualités. Avec ses effets de bord.

L'autre risque est de créer un Web en vase clos où l'on ne sort plus de Facebook, et de ses règles de diffusion de l'information fixées par ses algorithmes. En début d'année, il a par exemple décidé d'accorder une visibilité dix fois supérieure aux vidéos publiées avec son outil. Sans parler de la perte de souveraineté de la presse.


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