Live Japon: l’automutilation de Toshiba

26 décembre 2015 à 12h40
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Que va-t-il rester de Toshiba, de ses 140 ans d'histoire ? Depuis quelque temps et plus particulièrement depuis cette semaine, il est légitime de se poser cette question. Outre le fait que le groupe vient d'annoncer une vaste restructuration, le patron a laissé entendre que ce n'était pas fini. Tout cela à cause d'années de malversations comptables et sans doute de l'accession au sommet d'un PDG qui n'a pas trop l'air de s'embarrasser de l'image de marque auprès du grand public.

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Le Toshiba que vous connaissez de réputation pour ses PC portables, ses téléviseurs, ses enregistreurs vidéo ou encore, au Japon du moins, ses équipements électroménagers, n'a déjà plus rien à voir avec cela. Les PC ? Le groupe veut se limiter à fournir les clients professionnels et espère même pouvoir regrouper cette activité avec celle de Fujitsu et de Vaio (société créée spécialement pour reprendre la division des ordinateurs éponymes de Sony). Cela ne devrait pas prendre plus de quelques semaines avant que l'opération (en cours de discussion) ne soit annoncée.

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Les téléviseurs ? Il y a un moment déjà que Toshiba n'en fabrique plus pour les Etats-Unis et l'Europe. Vous en voyez pourtant en rayon ? Ils n'ont de Toshiba que le nom, dont le droit d'usage est accordé à des fabricants tiers qui n'ont rien à voir avec Toshiba. Prochainement ce sera la même chose pour l'Asie, hormis pour le Japon, avec la vente de l'usine restante en Indonésie. Ce site fabrique aussi des lave-linge, qu'à cela ne tienne, ces lignes de production sont aussi cédées.
Les activités d'équipements électroménagers pourraient in fine être fusionnées avec celles de Sharp, encore plus mal en point.

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Toshiba a aussi transféré récemment à Sony une usine de semi-conducteurs au Japon: Sony va y façonner des capteurs Cmos et récupérer 1.100 techniciens.
Au Total, via les différentes réorganisations en cours, Toshiba va rayer de ses effectifs 10 600 salariés sur les quelque 200 000 qu'il emploie dans le monde. Toshiba en avait déjà supprimé au moins 9000 au moment de la crise financière de 2008-2009. On le croyait remis sur pied depuis. Las, on s'était trompé. On ne pouvait pas savoir en fait, car les dirigeants successifs se sont ingéniés à maquiller les comptes et à transformer des pertes en gains jusqu'à l'année dernière, via des artifices comptables qui ont fini par être découverts, mais pas par hasard. Il y a eu dénonciation interne, autrement dit quelqu'un (de sensé) s'est posé en lanceur d'alerte.

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Reste que depuis, le patron, Masashi Muromachi (qui soit dit en passant a été un des numéros deux du groupe pendant toutes les années de camouflage de pertes, sans rien voir) a pris le parti de faire un tri dans les activités. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y va pas de main-morte, ça taille.
Outre les mesures expliquées ci-dessus, il a laissé entendre en conférence de presse que l'activité médicale (peut-être une de celles qui ont pourtant le plus d'avenir) allait être au moins en partie cédée. Il est prêt aussi à laisser tomber la division des technologies dites T&D (transmission et distribution d'électricité) à l'étranger et l'énergie nucléaire au Japon (où les perspectives sont effectivement passablement amoindries).

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Et last but not least, il songe à sortir dans une société séparée l'activité centrale des mémoires flash Nand, celles dans lesquelles il a investi des milliards d'euros au côté de son partenaire américain Sandisk pour disposer d'une capacité de production écrasante et tenter de dominer durablement le marché devant le rival Samsung. Ces mémoires sont on ne peut plus utilisées et la demande ne va pas s'effondrer de suite. Mais il faut des apports de fonds continus et conséquents pour sans cesse améliorer les produits et moyens de production. D'où l'envie de coter l'activité en Bourse pour lever de l'argent. Compréhensible, mais il faudra veiller à garder quand même suffisamment la maîtrise des initiatives et de la gestion car les actionnaires, eux, regarderont surtout les lignes « bénéfice net » et « dividendes ».

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Bref, que va-t-il rester de Toshiba ? Encore beaucoup de choses certes, mais essentiellement pour les professionnels et pas trop dans l'électronique, et surtout presque rien qui parle vraiment au grand public. C'est déjà le cas pour Hitachi et c'est très dommage. Panasonic aussi a beaucoup réduit sa gamme pour les clients particuliers et les deux ne risquent pas de faire machine arrière car c'est cette stratégie qui leur a permis de redevenir des sociétés rentables bien vues par les agences de notation financière. Sharp de son côté est en train quasiment d'agoniser. Bref, ceux qu'on appelait les géants de l'électronique nippone ne le sont déjà plus, à l'exception de Sony, et c'est bien triste. D'autant qu'il n'y a pas de relève.
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