Live Japon : Internet, 7H/24

Karyn Poupée
Publié le 15 décembre 2012 à 12h36
« Ils passent leur temps à pianoter sur l'écran de leur smartphone ou quoi ?! ». Telle est la réflexion qu'inspirent les hordes de minets et minettes plantés à la sortie des gares de Shibuya, Shinjuku ou Ikebukuro. Le fait est que ce n'est pas faux et que les jeunes Nippons, et pas seulement ceux de Tokyo, n'imaginent pas une seconde pouvoir se passer de leur sacro-saint mobile ni du Net. C'est la même chose dans tous les pays ? Certes, mais c'est sans doute pire ici.

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49 heures par semaine, soit en moyenne 7 heures par jour: c'est le temps passé par les internautes nippons sur la toile, que ce soit avec leur téléphone mobile, une tablette ou un ordinateur, selon une étude menée auprès de 500 d'entre eux par la société de développement d'antivirus Norton.

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Dans le détails, ils surfent sur le Web plus de 13 heures par semaine (près de 2 heures quotidiennement), et passent quasiment une heure par jour sur les seuls réseaux sociaux, soit plus qu'à échanger des e-mails ou à jouer en ligne. D'après une autre étude, conduite cette fois par la société qui gère la galerie marchande Rakuten, plus de 30% des possesseurs japonais de smartphone passent environ heure par jour sur internet avec leur appareil mobile, 29% jusqu'à 2 heures, 14% entre 2 et 3 heures et 10% au-delà de 3 heures.

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Et selon un sondage réalisé par la chaîne publique NHK, la moitié des filles de 20 à 29 ans (un tiers des autres tranches d'âges et environ 1/4 des hommes) n'utilisent que leur téléphone mobile ou smartphone pour accéder à internet. Le PC, elles ou ils ignorent.

Si seulement un peu plus de la moitié des internautes se disent assidus des réseaux communautaires comme Facebook, Mixi ou Twitter, ceux qui sont accros le sont vraiment.

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Quelque 54% des personnes interrogées par Norton disent ne pas pouvoir se passer d'Internet plus de 24 heures, 19% se sentant en manque au bout de seulement 3 heures. Comme le fait remarquer un journaliste du quotidien Yomiuri Shimbun « il y a dix ans on aurait qualifié cette dépendance au Net de maladie, mais aujourd'hui cela paraît presque normal, car internet est devenu indispensable comme l'air ». Reste qu'il y a quand même au Japon des personnes droguées à tel point qu'elles n'en dorment plus (des médecins peuvent témoigner sur les cas d'adolescents qui passent leurs nuits à dialoguer par LINE ou Twitter), ou bien qu'elles laissent dépérir leurs enfants (ce fut le cas récemment d'une jeune mère).

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Le danger d'internet, les Nippons ne le voient en fait pas tant dans l'usage abusif que dans les virus et le vol de données personnelles confidentielles. Pour les neuf dixièmes des individus sondés par Norton, c'est à cet égard que le Net est un espace risqué, 79% considérant que les informations les concernant valent plus que 100 millions de yens (près de 1 million d'euros). Pour autant, ils protégeraient sans doute davantage une valise de billets que ces fameuses données personnelles, puisque la plupart jugent qu'un simple logiciel antivirus suffit à les prémunir.

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C'est sans compter sur la malice des délinquants de la toile qui savent utiliser les réseaux sociaux et les subtilités de la communication humaine pour soutirer des informations, une méthode qui réussit d'autant mieux que les Japonais se montrent parfois très confiants et naïfs. Il suffit pour s'en convaincre de citer les cas extrêmement fréquents de personnes âgées qui font des virements bancaires de montants considérables à des individus qui leur téléphonent en se faisant passer pour leur propre fils soi-disant dans le besoin. C'est la raison pour laquelle les distributeurs d'argent nippons (qui permettent d'effectuer des virements) demandent au préalable si on n'a pas reçu de coup de fil bizarre et si on est bien certain de ne pas avoir eu affaire à un malfrat.

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De surcroît, le risque de laisser filer des données personnelles s'étend désormais très fortement avec l'adoption massive se smartphones sous Android pour lesquels sont développées des dizaines d'applications malignes, qui subtilisent les adresses dans les répertoires, ou aspirent d'autres informations. Le gouvernement nippon s'en est inquiété, qui a créé un groupe d'études pour lutter contre ce fléau, alors que le parc de smartphone s'étend à vue d'oeil, représentant désormais plus d'un cinquième des mobiles en circulation au Japon. Pourquoi les Japonais passent-ils au smartphone ?

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Essentiellement parce que cela a l'air pratique (54%) et parce qu'il y a plus de fonctionnalités (36%), selon l'étude conduite par la galerie marchande Rakuten. Dans les faits, la fonction la plus utilisée des smartphones (en dehors du téléphone et des e-mails) est l'appareil photo (78,5%), suivi des applications/services de météo, d'horaires de trains/métros ou d'adresses de restaurants (70%), puis les cartes/plans (54%) et les réseaux sociaux (52,4%).

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Les garçons ont été les premiers à commencer à s'équiper de smartphones, mais les filles s'y mettent à fond depuis environ un an et demi. C'est aussi ce qui explique l'augmentation du temps passé sur internet en général et les sites sociaux en particulier, puisque 72% des possesseurs de smartphone constatent une élévation du nombre d'heures en ligne (40% un doublement) en ayant troqué leur mobile traditionnel contre un appareil sous Android ou un iPhone d'Apple, et ce sans pour autant réduite le temps de surf devant leur ordinateur.

Conclusion: le mobile cannibalise d'autres loisirs ou s'utilise en même temps (cas de la télévision, comme le précise d'ailleurs l'étude de la chaîne publique NHK, laquelle réagit en proposant de plus en plus d'émissions interactives utilisant les services internet comme Twitter accessibles avec un mobile.
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