La durée de vie des réacteurs nucléaires d'EDF prolongée de 20 ans ? Pourquoi c'est compliqué

Samir Rahmoune
Publié le 24 janvier 2023 à 18h15
© vlastas / Shutterstock
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EDF voudrait bien pouvoir augmenter la durée de vie de ses centrales nucléaires de 20 ans. Ce n'est pas impossible, mais il faudra être prudent, selon l'ASN.

L'Autorité de la sûreté nucléaire (ASN) n'est pas fondamentalement contre cette prolongation, qui a déjà été décidée aux États-Unis. Elle souhaite en revanche se laisser du temps pour analyser la question tout en pointant du doigt la nécessité de prendre en compte certains nouveaux paramètres.

L'ASN ne veut pas céder à la pression politique

Comment assurer la fourniture en électricité des Français sur le long terme, alors que dans 20 ans, près de la moitié des réacteurs nucléaires du pays (25 sur 56) auront atteint ou dépassé la barre des 60 ans ? Et alors que la crainte des coupures d'électricité s'est installée ? Pour EDF, il y a une solution : prolonger la durée de vie des centrales de 20 ans, jusqu'à 80 ans, donc. Une idée que l'entreprise veut explorer sans « tabou », selon le mot de son directeur exécutif Cédric Lewandowski.

L'ASN ne serait pas contre, mais elle émet des réserves. Pour elle, il ne faut pas que les impératifs politiques polluent cette réflexion. « La poursuite d’exploitation des réacteurs nucléaires ne devrait pas être la variable d’ajustement d’une politique publique qui aurait été mal calibrée », a ainsi expliqué le président Bernard Doroszczuk.

De nouveaux éléments à prendre en compte

Ce dernier ne veut pas d'une étude « de coin de table », « mais un travail très approfondi, consistant à analyser le comportement de pièces non remplaçables et d’autres difficilement remplaçables ». Parmi les pièces problématiques, on trouve notamment la cuve du réacteur et l'enceinte de confinement, « qui ne peuvent pas être remplacées », selon Bernard Doroszczuk. Pourront-elles tenir au cas où la durée de vie des centrales étaient portée à 80 ans ?

Le chef de l'ASN pointe par ailleurs l'obligation de faire avec les changements climatiques à venir. « Les événements climatiques qu’on a connus récemment ne seront plus exceptionnels […]. Le nucléaire s’inscrit dans la longue durée. On doit donc examiner à cette échelle de temps les conséquences du réchauffement climatique sur le fonctionnement des centrales », plaide-t-il. Car quelles répercussions la baisse du niveau des fleuves ou l'augmentation du vent et des températures auront-elles sur l'activité des centrales ? C'est ce que l'ASN veut savoir.

Source : Le Figaro

Samir Rahmoune
Par Samir Rahmoune

Journaliste tech, spécialisé dans l'impact des hautes technologies sur les relations internationales. Je suis passionné par toutes les nouveautés dans le domaine (Blockchain, IA, quantique...), les questions énergétiques, et l'astronomie. Souvent un pied en Asie, et toujours prêt à enfiler les gants.

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Commentaires (10)
norwy

« Ce n’est pas impossible, mais il faudra être prudent ».

Donc c’est impossible !

ypapanoel

fallait surtout penser à tout ça avant…
Mais bon nos dirigeants ne pensent jamais à plus de 6 mois… à force on a l’habitude, et ça se voit.

zoup01

C’est un article jumelé avec l’horloge de l’apocalypse ? :stuck_out_tongue_winking_eye::joy:

Wen84

De toute manière, vu qu’on a pris du retard sur le reste du parc, à cause de mauvais choix politiques et aussi des problématiques techniques, j’ai pas l’impression qu’il y ait trop le choix non ? Ce qui me fait rire, c’est qu’au final, on en a fermé une qui pouvait encore continuer, alors qu’à priori on est meme pas sur de pouvoir toutes les prolonger xD

Joeee
  1. Nous sommes toujours plus nombreux en France (chiffres de la démographie ne cesse d’augmenter)
  2. Nous utilisons de plus en plus d’appareils électronique même s’ils ont tendance à consommer moins
  3. Nous avions pas prévu l’utilisation en masse de la voiture électrique. Et pire on met en place les camions électrique (comme celui de Tesla), il va y a voire tout de suite une grosse consommation électrique.
trollkien

Serait bien qu’ils se mettent a faire de nouvelles centrales « classiques », plutot que s’acharner à batir des centrales nouvelles générations qu’ils n’arrivent pas a finaliser

MattS32

Les principales raisons des difficultés à construire l’EPR, ce n’est pas la plus grande complexité de l’EPR (il est certes plus complexe, mais vraiment rien d’insurmontable), c’est plutôt qu’après quinze ans sans construire de nouveaux réacteurs, on a complètement perdu l’expérience et le savoir faire…

C’est aussi pour ça qu’il faut en lancer maintenant plusieurs autres, pour capitaliser sur l’expérience acquise lors de la construction du premier EPR, et pour faire des économies d’échelle avec la parallélisation des constructions. Répartis sur une dizaine de réacteurs durant 60 ans (c’est la durée de vie de base prévue pour les EPR, 20 ans de plus que les précédentes générations), les surcoûts budgétaires de Flamanville-3 deviendront presque négligeables dans le coût au MWh (10 milliards d’euros de dépassement, sur 60 ans de production de 10 EPR avec un facteur de charge de 80%, ça fait moins de 1€50 de surcoût au MWh).

Eths25

J’ai lu un article comme quoi edf a coupé une centrale il y’a peu car pas assez de demande.
Pourquoi ne pas la revendre aux autres pays?

Edit: l’article: Tricastin : EDF obligé d’arrêter un réacteur nucléaire (France Bleu Drôme Ardèche)

MattS32

S’ils ont coupé, c’est qu’il n’y avait pas assez de demande y compris à l’export justement.

C’était une période ou en plus des températures élevées pour la saison, qui font que la demande était faible, il y avait beaucoup de vent, ce qui donnait une production éolienne importante.

Donc même en exportant un maximum, on se retrouvait en surproduction. Le 23 décembre à midi, au pic de consommation en France, on produisait 70 GW pour à peine 55 GW de consommation (et donc on avait déjà plus de 20% de la production qui partait à l’export).

En couleurs, la production des différentes filières, en gris en bas, l’export :

trollkien

C’est vraiment moche, et incompréhensible, que l’on ai perdu en moins d’une génération ce qui était pour nous un « cheval de bataille » commercial…

Je pensais qu’ils avaient continué à faire du R&D et à construire des réacteurs ailleurs dans le monde pendant que certains politiques s’acharnaient a faire disparaitre le nucléaire en France.