Énergie éolienne, comment se perdent des GWh et des GWh d'électricité

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 16 janvier 2023 à 12h15
© Shutterstock
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Si la production d'énergie éolienne est poussée par les autorités de pays de plus en plus nombreux, elle peut aussi être source de sévères gaspillages.

En France, les éoliennes ont été à l'origine de 8,9 % de l'électricité consommée en 2020, avec 39 700 GWh (soit 39,7 TWh). L'objectif reste de faire grimper cette proportion à 20 %, d'ici 2028. En Europe (au sens large), plusieurs pays sont bien plus avancés que la France en la matière. C'est le cas notamment du Royaume-Uni, qui l'an dernier a produit 30 % de son énergie à partir d'énergies renouvelables, en très grande partie (23 % de la production totale) grâce à l'éolien. Cependant, cette source d'énergie continue de causer d'importantes pertes, dénoncées par deux professionnels des données climatiques britanniques, Archy de Berker et Peter Dudfield.

Des GWh et de l'argent perdus, et des émissions de CO2 supplémentaires générées

Les jours où le vent souffle le plus outre-Manche, la quantité d'électricité produite par les éoliennes est plafonnée, réduisant même la part générée de 6 %. « C'est pire que ça », dénonce Archy de Berker. « Non seulement nous avons éteint nos éoliennes, mais nous avons payé les propriétaires de parcs éoliens pour qu'ils les éteignent ».

Conséquence directe de cette pratique : le Royaume-Uni a dépensé 215 millions de livres sterling (soit plus de 240 millions d'euros) en une seule année rien que pour éteindre les parcs éoliens. Mais surtout, il a perdu des GWh à en pleuvoir et dépensé 717 millions de livres (soit plus de 800 millions d'euros) supplémentaires pour relancer des centrales à gaz, afin de remplacer… l'énergie éolienne définitivement perdue.

Le bilan de cette dérive énergétique est plutôt triste : les Britanniques ont émis 1,5 million de tonnes de CO2 supplémentaires l'année dernière. La répartition des grands parcs éoliens du pays ainsi que les décisions politiques prises dans le passé expliquent en partie ces dérives, qui vont jusqu'à faire gaspiller autant d'énergie éolienne au Royaume qu'il en utilise.

Le jour de Noël par exemple, plus de 10 millions d'euros ont été dépensés en coûts de réduction, pour diminuer la production de 76,2 GWh… une énergie qui permettrait d'alimenter 11 000 foyers en électricité pendant un an. Des pertes colossales donc.

Le potentiel de l'éolien reste miné par la répartition des parcs et les soucis de transfert territorial de l'énergie

Depuis 2015, et même si cette décision pourrait s'inverser, l'Angleterre a interdit la construction de parcs éoliens sur ces terres. L'Écosse et ses mers très venteuses accueillent la majorité des parcs éoliens du Royaume-Uni. Pourtant, une grande partie de la consommation d'électricité des Britanniques reste le fait d'une population surtout concentrée dans le sud-est de l'Angleterre.

© archy.deberker.com
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Il faut donc ainsi acheminer l'électricité du nord au sud du territoire, et cela coûte très, très cher. Le dernier gros câble mis en place pour assurer le transfert de l'énergie a coûté 1,35 milliard d'euros. « Parfois, nous avons simplement plus d'énergie éolienne que nous n'avons de câbles pour la transmettre », expliquent les deux spécialistes, qui parlent d'un vrai goulot d'étranglement.

Les arrêts successifs de la production éolienne et la relance d'une production plus proche géographiquement des consommateurs (souvent à essence) coûtent très cher aux consommateurs, qui finissent par payer trois fois l'électricité qu'ils reçoivent : le paiement au parc éolien, celui pour l'éteindre et le dernier pour le générateur alternatif. Si cette stratégie pouvait par le passé se montrer raisonnable financièrement parlant, la flambée des prix de l'essence redistribue les cartes aujourd'hui et se révèle être un non-sens total, aussi bien pour notre planète que pour les sujets de sa Majesté le Roi Charles III.

Pour résoudre ce problème et diminuer les pertes, construire plus de câbles plus gros encore se révèle être la solution préconisée, avec l'ajout notamment d'une liaison à courant continu haute tension au large de la côte est. Gonfler le stockage d'énergie éolienne au niveau des goulots d'étranglement peut aussi être envisagé, les batteries pouvant stocker plus d'énergie et restant plus faciles à déployer que des câbles. Mais les décisions restent à prendre, pour enfin donner sa pleine puissance à l'éolien.

Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
nickOh

Dommage de ne pas profiter de cette puissance gaspillée pour faire tourner centrales de creation d’hydrogène vert et le stocker, qui ensuite peut être inversé en éléctricité via des piles a combustibles.

mcha

Je ne pense pas que les opérateurs font ça sans raison, l’électricité c’est un métier très pointu et il y a énormément de nuances techniques qui pourraient expliquer ça.
Des raccourcis journalistiques c’est très facile à faire et très populiste.

nickOh

En effet, tout puissance doit pouvoir être absorbée, → si pas de quoi distribuer donc il vaut mieux couper pour éviter casser des équipements.

D’ou les indispensable interconnexions entre régions, et pays, qui ont besoin d’être améliorées en permanence en capacité afin de faire face aux évolution des productions/demandes.

Aux USA, des états ne sont pas interconnectés électriquement, et je me souvient d’une centrale electrique qui avait monté sa propre ferme de minage bitcoin pour utiliser le courant en trop, puis qu’impossible d’exporter.

xryl

les éoliennes ont été à l’origine de 8,9 % de la consommation électrique nationale en 2020

Un bon lapsus du journaliste qui veut faire passer le message que les éoliennes sont des gros ventilateurs qui ne servent à rien au lieu d’être des génératrices.

L’article est nul. Désolé, il confond la cause et la conséquence, dans du pur FUD.

La cause: L’infrastructure au RU n’est pas adapté au pays, la production est au nord, la consommation au sud.
La conséquence: Les générateurs au nord sont donc limités à la capacité de transport de l’électricité disponible et sont arrêtés en conséquence. De l’énergie est gâchée, faute de pouvoir l’acheminer au consommateur.

Gloumouf

C’est vrai mais ça n’a pas l’air d’être le cas ici car en parallèle de la coupure de la production éolienne, on rallume des centrales à mazout/charbon.

C’est bien expliqué dans l’article. Le problème vient du transit de l’électricité. Les cables hautes tensions ne peuvent pas faire passer un courant « infini ». Sinon ils chauffent ce qui pose pas mal de problèmes qui vont de la dillatation des cables (qui deviennent plus long donc plus bas et augmentent les risques d’amorçages) jusqu’a la fonte!
La solution est de rajouter des lignes HT mais ça coute cher, c’est long et ça posent pleins de problèmes esthétiques, environnementaux etc.

Reste la solution de stocker l’énergie dans des barrages hydroliques ou dans des usines de production d’hydrogène. Mais là encore, c’est long à construire et cher (quoique vu l’argent dépensée à cause des coupures, ça serait vite rentable!)

AlexLex14

Tu dis STRICTEMENT n’importe quoi, en plus de soi-disant penser à ma place (et tu penses mal).

Primo, ce chiffre que l’on donne provient du ministère de l’Écologie et concerne la France uniquement (on donne le chiffre du RU juste en-dessous qui est également issu du gouvernement britannique).

Et au final, pour justifier ta gueulante, tu reprends ce qui est écrit dans l’article que tu considères pourtant comme « nul ».

Ceux qui pensent que cet article est critique envers l’éolien, alors c’est que vous avez l’esprit sacrément mal placé :slight_smile: (désolé d’accentuer votre frustration :wink: )

Le papier résume ni plus ni moins les arguments avancés par l’étude menée par deux data scientist du climat. Point barre.

À vous de prolonger ou pas la discussion, de dégainer vos arguments ou pas selon les leurs. Mais inutile de fracasser celui qui écrit le papier, hein :wink:

g-jack

En France je crois que presque la moitié du courant produit est perdu !

La cause ? Le réseau a été maillé autour de 18 centrale nucléaire sur tout le pays.
Mais voilà les pertes dans les lignes pour l’acheminement est énorme, parce qu’à l’époque on s’en foutait un peu de perdre l’énergie pour parcourir des milliers de km vu la capacité énorme et l’électricité très bon marché de ces centrales.

Pour résumé (très) grossièrement, sur 18 centrales, 9 suffisent, et 9 servent à compenser les pertes

La solution pour atténuer ça pourrait être la micro-cogénération, en gros une toute petite centrale pour chaque ville et village qui pourrait combiner un mix d’énergie (solaire, eolien, gaz, hydro etc… )
Mais voilà le marché de l’électricité a gagné, aujourd’hui tout se vend et s’achète sur les marchés européens.
Tu ne vas même pas te consoler en te disant que l’éolienne toute moche sur la colline derrière chez toi va au moins t’éclairer, non l’elec se barre dans le réseau pour aboutir peut être en Allemagne et gaspiller la moitié de sa production dans le vent…

Gloumouf

Tu dis un peu n’importe quoi là :slight_smile:

Ces pertes représentent entre 2% et 3% de l’électricité acheminée. Cela veut donc dire que si le réseau de transport de l’électricité livre 100 MW à un consommateur, il en achemine 103 MW et 3MW sont perdus lors du transport.

source: https://www.rte-france.com/riverains/deperditions-denergies-ou-pertes-en-ligne-un-phenomene-naturel

Et pour ton histoire d’une centrale par village, bonjour la rentabilité et la sécurité du réseau! Le fait que tout soit interconnecté fait qu’on a un réseau électrique excellent. Regarde les USA ou chaque état est indépendant et où il n’y a aucune interconnexion… C’est la m****!

L’electricité qui est produite derrière la colline chez toi ne « va pas en Allemagne ». Elle va sur le réseau RTE qui sert principalement la France. Tu es bien content quand il n’y a pas de vent et que tu peux allumer la lumière chez toi parce qu’un autre village dans le département voisin à un barrage hydrolique ou une centrale nucléaire :wink:

xryl

Je cite TEXTUELLEMENT l’article, il suffit de le lire. Donc merci de confirmer que je dis n’importe quoi, ça prouve mes propos à propos du « professionnalisme » de l’auteur.

Il y a une différence entre consommation et production. Les éoliennes sont des productrices d’énergie, plus que des consommatrices. Donc non les éoliennes n’ont pas été à l’origine de la consommation de 10% de la production nationale, sinon toute personne normalement constituée les auraient arrêté. Et encore moins logique de vouloir augmenter à 20%. Un peu de sérieux!

Insinuer que les éoliennes consomment autant, c’est du FUD. il est vrai que les éoliennes consomment de l’énergie, mais comme toute centrale électrique et pas dans les proportions données dans l’article. En majorité, elles produisent de l’énergie. Le taux est d’ailleurs de ~30% du temps sur terre et ~50% en mer pour les dernières générations. Le reste du temps, elles sont éteintes, elles ne consomment de l’énergie que lorsqu’il faut les orienter et les synchroniser avec vent. Ce qui est écrit dans l’article est faux, simplement parce que l’auteur confond production et consommation. Ça distille une mauvaise image (basée sur de l’infox).

La problématique ne vient pas des éoliennes, c’est purement politique et technique. Politique car ce sont les politiques qui n’ont pas autorisé la création d’une infrastructure de transport adapté à la production et signé les contrats qui stipulent de payer lorsque les éoliennes sont arrêtés alors qu’elles pourraient ne pas l’être et donc font baisser le rendement de l’exploitant (qui lui, n’y est pour rien si le tuyau de sortie est trop petit). Le problème serait le même avec une centrale nucléaire, rien de spécifique avec les éoliennes.

Après tu penses ce que tu veux.

Gloumouf

Tu ne t’es pas dit que soit il y avait une erreur de mot (j’ai tiqué moi aussi en lisant l’article), soit il s’était mal exprimé?
En répondant avec une telle agressivité, je ne suis pas sur que tu fasses grandement avancer la discussion…