L'énergie nucléaire constituerait l'une des clés de la réduction du bilan carbone humain, selon des chercheurs

Thibaut Keutchayan
Publié le 15 février 2022 à 16h45
Centrale nucleaire

Pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre et, plus largement, les pollutions humaines, des scientifiques recherchent les solutions les plus vertes adaptées à chaque territoire.

Et, au niveau énergétique, là où le solaire et l'éolien se révèleraient insuffisants ou inadaptés, c'est le nucléaire qui apparaît comme le favori.

Quand le soleil finit de briller, que le vent cesse de souffler…

Le nucléaire est-il la clé pour accélérer la transition vers des modes de production d'énergie plus durable, comme une réduction globale et rapide de nos émissions de gaz à effet de serre ? C'est ce que semblent affirmer deux chercheurs du Carnegie Institue (États-Unis) et deux membres de structures orientées vers la recherche environnementale fondées par Bill Gates. Leur travail collectif vient d'être publié dans la revue scientifique Nature Energy.

Selon eux, une production d'énergie nucléaire modernisée, plus flexible et à un prix plus compétitif serait bel et bien intéressante pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais pas dans n'importe quelles circonstances. En effet, leur travail porte sur 42 régions avec des offres et des demandes énergétiques variées. Il en ressort que dans les régions où il est possible de produire en grande quantité des énergies vertes via l'éolien ou le solaire, plusieurs problématiques se posent. La première est la faisabilité d'une production à 100 % renouvelable, puisque produire de l'énergie solaire 24 heures sur 24 n'est pas possible, de même que faire tourner des éoliennes sans vent (excepté pour les mauvaises langues).

La deuxième problématique principale concerne le stockage potentiel de l'énergie produite, et donc les infrastructures déjà existantes, ou non encore réalisées, afin de répondre aux besoins énergétiques humains en permanence. L'objectif est notamment de se passer du gaz comme énergie de « secours ». Les modèles employés mettent en avant le nucléaire comme moyen de substitution, voire d'accélération en vue de la réduction des émissions.

Plus la région est pauvre, plus le nucléaire est intéressant

Ce groupe de recherche a mis le doigt sur un constat très intéressant. Dans des pays comme les États-Unis, où il est possible de produire rapidement une énergie verte et compétitive grâce à l'éolien, le nucléaire n'est pas du tout un choix prioritaire. En revanche, dans des endroits comme le Brésil, où la fabrication d'énergie verte est moins facile à mettre en place, cette méthode peut se révéler pertinente.

En effet, toujours selon le groupe de chercheurs, le nucléaire serait bien moins cher pour les ménages brésiliens pour deux raisons. Tout d'abord, il est moins coûteux à produire. Ensuite, le stockage des énergies éoliennes et solaires éliminerait ce coût. L'évolution pourrait donc venir d'une réduction des coûts de stockage de l'énergie électrique. En attendant, pour réduire rapidement l'empreinte carbone au Brésil, c'est bien le nucléaire qui est en tête des solutions de production d'énergie.

Thibaut Keutchayan
Par Thibaut Keutchayan

Je m'intéresse notamment aux problématiques liant nouvelles technologies et politique tout en m'ouvrant à l'immense diversité des sujets que propose le monde de la tech' quand je ne suis pas en train de taper dans un ballon.

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fg03

Le problème c’est qu’on consomme de plus en plus et qu’on est de plus en plus nombreux Et ça l’énergie renouvelable ne pourra jamais couvrir autant de besoins exponentiels.
La catastrophe Fukushima n’a pas suffit et les réacteurs vieillissant et leur cout de démantèlement astronomique ne semble pas non plus freiner cette idée de relancer le nucléaire.

Arcetnathon

Les mecs sont chercheurs, ils ont bien évidemment pris en compte tout ces facteurs !

lepef32

« et qu’on est de plus en plus nombreux »

Si on considère qu’il y a des problèmes écologiques, la démographie est bien évidement l’éléphant au milieu de la pièce … éléphant soigneusement ignoré car ça impliquerait des politiques (ou plutôt l’arrêt de politiques) pas très compatibles avec le fond idéologique du moment …
Aussi quand on construit un système avec un énorme effet de levier démographique (notre système de retraite en est un bon représentant mais il n’est pas seul), « mieux » vaut ignorer ce problème même s’il est central …

Thamien

Et ben…
En même temps, Bill Gates finançait déjà l’hydrogène plus ou moins vert…
Je préfèrerais que l’on s’intéresse aux scenarios RTE plutôt qu’aux publications foireuses.

En revanche, dans des endroits comme le Brésil, où la fabrication d’énergie verte est moins facile à mettre en place, cette méthode peut se révéler pertinente.

Sauf que le Brésil est l’un des pays qui fabrique le plus de biocarburant au monde donc le backup semble tout trouvé…A moins qu’ils aient aussi un plan pour faire repousser la forêt amazonienne?

cowibu00

Quel coût pour la construction et le simple entretien des nouvelles centrales ? Quel coût pour le démantèlement dans 80 ans desdites centrales ? Comment les refroidir avec l’augmentation du climat ? Où stockés les innombrables déchets de toutes les centrales ? Combien de nouveaux emplois ou seulement préservés pour le nucléaire ? Comment assurer une parfaite sécurité avec toutes les nouvelles technologies ? Combien les effets des accidents ont-ils coûté, vont-ils coûter, soins des maladies induites, décontamination, sarcophage… ? Les modifications climatiques se constatent tous les jours, la disparition de certaines espèces s’accentue journalièrement… Penser comme le monde d’avant, c’est détruire celui d’aujourd’hui.

Petinikola

Les problèmes du nucléaire :

  • Extraction très consommatrice de terres
    _ Infrastructures très lourdes et coûteuse en fabrication (on approche des 20 milliards au final pour l’EPR de Flamanville)
    _ l’absence de transparence totale de la part d’EDF sur les nombreux problèmes remontés par des employés toujours plus exploités par la sous-traitance
    _ Le déchet pour les générations futurs sur lequel on espère un très hypothétique recyclage faute d pouvoir les envoyer cramer dans le soleil…
    Une fois ces points relevés, les énergies alternatives intermittentes ne sont pas exonérées de reproches non plus…
marc6310

Oui et il y a aussi plein d’autres chercheurs qui sont pas du tout d’accord avec ça. Et ensuite il y a les décisions politiques. Il ne s’agit plus que de choix et d’investissements, les rapports et scénarios de NégaWatt par exemple sont un bel exemple que le nucléaire on peut s’en passer, vivre mieux et créer de l’emploi (beaucoup d’emplois) si on accompagne correctement la transition.

Les (plus gros) candidats à la présidentielle 2022 qui sont en accords avec ces décisions éclairées sont pour rappel : Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot.

merotic

L’avantage avec le nucléaire, c’est que cette technologie est si complexe qu’elle nous oblige à étudier et à progresser dans sa maitrise.
La gestion des déchets nucléaires, leur recyclage tout cela est de la science à faire et à découvrir qui servira l’humanité une fois maitrisée. (Les coûts risquent de chuter et les déchets de servir d’énergie)

On se doit de continuer la recherche et donc le nucléaire.
Beaucoup de nos technologies d’aujourd’hui sont le fait de très coûteuses et longues recherches d’il y a bien longtemps.
Nous avons tellement progressé dans la science du nucléaire et la sécurité que nous sommes capables de prolonger la durée de centrales prévues pour 30 ans à 40 ans et maintenant aux USA pour 60 ans.

En ce qui concerne la catastrophe Fukushima: C’est le système de pompes qui a été défaillant suite à un tsunami, pas les réacteurs comme en Ukraine en 1986.

lefranstalige

Cette publication est assez vide en fait. Avec le principe de la publication « Sobriété, Efficacité, Renouvelables » on dit en gros: « consommez moins, mieux et produisez avec du vert » On enfonce des portes ouvertes pour vendre une version 2.0 du communisme.

C’est beau mais ça ne fonctionne que si tout le monde ou du moins une très grande partie de la population mondiale joue le jeu alors que chacun à un intérêt économique à ne pas le faire.

Bondamanmanw

« Les mecs sont chercheurs, ils ont bien évidemment pris en compte tout ces facteurs ! »
Comme les chercheurs de Fukushima, Tchernobyl.
C’est fou comment le terme chercheur peut donner le bon dieu sans confessions !