Pannes internet : une enquête ouverte après la découverte des câbles sectionnés

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
28 avril 2022 à 12h20
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Après une attaque « d'une ampleur sans précédent » des réseaux de fibre optique des opérateurs, le parquet de Paris a immédiatement ouvert une enquête préliminaire.

Mercredi, des milliers de Français ont été privés d'Internet fixe et mobile, après des actes de vandalisme sur des câbles de fibre optique, littéralement sectionnés, ayant entraîné d'importantes pannes. Si nul ne sait à ce stade qui est à l'origine de ces interventions malveillantes ni quelles peuvent être leurs motivations, le parquet de Paris a pris les devants en ouvrant, le jour même, une enquête préliminaire confiée à la section cyber du tribunal judiciaire. Les opérateurs, eux, ont porté plainte en se constituant partie civile.

Les connexions ont été rétablies, mais les travaux de réparation se poursuivent

Dans la journée de mercredi, la Fédération française des Télécoms (FFT) et les opérateurs Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont fermement condamné les actes de vandalisme commis en pleine nuit sur leurs réseaux de fibre optique. SFR et surtout Free ont été les deux opérateurs à subir le plus de dégâts, l'entreprise de Xavier Niel ayant notamment relayé des photos de câbles de fibre sectionnés.

L'attaque, « d'une ampleur sans précédent » selon les propres mots du directeur général de la FFT Michel Combot, a grandement perturbé les télécommunications dans les régions Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, allant jusqu'à impacter des dizaines de milliers de citoyens et entreprises, alors privés durant parfois plusieurs heures de tout moyen de communiquer.

Très rapidement, les équipes techniques des opérateurs ont pu se mobiliser sur le terrain pour résoudre, parfois au petit matin, les interruptions de connexion qui auraient pu avoir des conséquences particulièrement délicates par exemple en cas de communications d'urgence, certains abonnés ayant été privés à la fois de réseau fixe et mobile. Et si les connexions ont été rétablies afin que chacun puisse communiquer, les travaux de réparation sur les câbles endommagés devraient durer encore un moment.

La Fédération des Télécoms dit son ras-le-bol face aux attaques subies par les opérateurs

Le parquet de Paris a donc ouvert une enquête après cette vague inédite d'actes de malveillance, officiellement pour « détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », ainsi que pour « entrave à un système de traitement automatisé de données » et « association de malfaiteurs ». Plusieurs régions mais surtout plusieurs réseaux distincts ont été touchés à quelques dizaines de minutes d'intervalle, ce qui sous-entend une action collective.

Si l'attaque est inédite dans son ampleur, ce n'est pas la première fois que les infrastructures des opérateurs télécoms sont victimes d'actes de malveillance. « Nous alertons les pouvoirs publics depuis de nombreux mois sur la recrudescence d'actes de malveillance sur nos infrastructures », rappelle Arthur Dreyfuss, président de la Fédération française des Télécoms.

Le dirigeant, qui monte au créneau, fait notamment référence aux antennes-relais de téléphonie mobile, régulièrement prises pour cible ces dernières années par des militants ou habitants mécontents de leur installation. « Je condamne fermement ces actes de sabotage qui engendrent des désagréments considérables pour les entreprises et les citoyens de notre pays. Nous réitérons notre appel au futur gouvernement à intensifier la lutte et la prévention contre ces actes de vandalisme et nous appelons à durcir les sanctions pénales à l’encontre de leurs auteurs ». Cet appel, au vu de la gravité des faits, devrait cette fois faire mouche.

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (8)

Francis7
Dès qu’il y a une crise ou une guerre quelque part, la France est impactée. La France craignait un sabotage des câbles sous-marins et bien ce n’est pas loin.<br /> Cela attirerait l’attention encore plus mais un plan vigipirates pour les sites sensibles ne serait pas de trop.
wedgantilles
Comment sécurisé tous les accès ? Encore plus avec le nombre d’intervenant qui en plus dépendent des différents opérateurs qui heureusement partage les conduites.<br /> Les armoires sont forcément sur le domaine publique. Idem pour la plus part des points d’accès comme ceux des photos de Free. Vous imaginez si à la moindre intervention sur un câble ou une conduite souterraine il fallait la clef d’accès de chaque point.
Popoulo
@Ixi : faut dire qu’il n’y a pas grande chose à paralyser non plus lol
fredolabecane
Il y en a des très gros dans les océans… si quelqu’un les coupent là on est mal.
MattS32
Ixi:<br /> On parle de grosse interco là, « d’artère de distribution », qui peuvent paralyser un pays et son économie.<br /> Oui, justement, on parle d’artères, pas de noeuds. Des lignes fibre qui totalisent plusieurs milliers de kilomètre pour chaque opérateur… Physiquement, c’est extrêmement compliqué de totalement sécuriser ça, sauf à les enterrer très profondément et sans aucun accès, donc coût de déploiement qui explose, et ça forcément ça se répercute sur la facture des usagers, qui pleurent déjà parce qu’ils trouvent que c’est trop cher alors qu’on est parmi les pays les moins chers au monde pour Internet et maintenance particulièrement compliquée…<br /> Des chambres de tirage comme celles dont Free a posté des photos, il y en a des dizaines de milliers rien que pour le cœur de réseau. Et en sécuriser l’accès physique par des serrures ou cadenas provoquerait sans doute plus de problème que ça n’apporterait de solutions, parce que ce sont des chambres qui doivent être accessibles à tout moment par n’importe quelle équipe d’intervention de n’importe quel opérateur (il peut y avoir plusieurs opérateurs qui passent par les même chambres), donc de toute façon y aurait très vite des doubles des clés qui circuleraient un peu partout, comme pour les clés de boîte aux lettres, et au final les serrures exposées compliqueraient plus les accès légitimes (serrures grippées, gelées, rouillées…) que les accès illégitimes…
marsu95
En fait, une attaque pour paralyser la partie numérique d’une nation ne nécessite que quelques dizaines d’intervenants avec des cisailles, pour peu qu’une étude d’impact soit réalisé pour désigner les nœuds « sensibles ».<br /> Cette méthode est quasi imparable ni même anticipable, un peu comme une arme de destruction massive numérique du pauvre.<br /> Qui plus est, pas moyen de désigner clairement de mandataire : que du bénéfice pour lui.<br /> Conclusion : on est mal.<br /> Est-on en présence d’un coup d’essai de faible envergure ? Je le crains.
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