Sylvain Fabre, Gartner : "un réseau Femtocell pourrait coûter autant qu'un macro réseau"

14 août 2007 à 14h08
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Directeur de recherche du Gartner et auteur de l'étude “Dataquest Insight: Business Case for Use of Femtocells Is Yet To Be Proven”, Sylvain Fabre répond aux questions de NetEco sur le femtocell, une technologie permettant d'intégrer de mini antennes de téléphonie cellulaire 3G directement dans les box des opérateurs haut débit.

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Sylvain Fabre
JB - Sylvain Fabre, bonjour. Après le Wifi, peut-on s'attendre à une généralisation du femtocell 3G dans les box des opérateurs ?

SF - Le marché du femtocell devrait croitre dans les prochaines années, à mesure que les opérateurs cellulaires chercheront de nouveaux moyens pour réduire leurs coûts tout en densifiant leur couverture réseau. Les opérateurs pourraient accroitre la fidélisation et réduire le churn (NDLR:taux de déperdition de clients) en subventionnant le femtocell mais l'intérêt de leurs clients pour cette technologie reste toutefois à démontrer. Les défis techniques et les surcoûts pour les opérateurs pourraient donc réduire la croissance de cette technologie. De plus, il existe déjà de nombreuses alternatives pour améliorer la couverture domestique : WiFi, antennes intelligentes, terminaux bi modes avec clients UMA ou IMS/SIP, etc...

JB - Ces antennes domestiques sont-elles des compléments ou des alternatives aux réseaux cellulaires ordinaires ?

SF - La technologie Femtocell a été positionnée par les équipementiers comme une alternative bon marché pour densifier la couverture domestique. Mais Gartner estime que le coût total de possession d'une infrastructure FemtoCell a été sous estimé. Les coûts de distribution, l'intégration du réseau, sa planification, sa maintenance : tout est problématique, en particulier en matière de scalabilité. Les coûts pourraient être supérieurs aux prévisions pour les opérateurs. Selon nous, un réseau Femtocell pourrait coûter au moins autant qu'un macro réseau, avec des équipements Nodes B. Il nous semble donc qu'une extension des réseaux cellulaires existants serait l'option la moins coûteuse, en particulier sur les sites où des réductions de coûts sont possibles. FemtoCell pourraient peut-être permettre aux opérateurs de réduire leur churn et d'offrir de nouvelles opportunités de revenus, essentiellement si cette technologie est subventionnée.

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Box Thomson Femtocell
JB - Orange Unik, Neuf Twin, Freephone, SFR Happy Zone, etc... les opérateurs français ont des stratégies différentes en matière de convergence fixe/mobile. Le femto cell 3G pourrait-il mettre tout le monde d'accord ?

SF - Selon les équipementiers, l'un des bénéfices de cette technologie est qu'elle va encourager la convergence fixe / mobile (FMC) voire la substitution du fixe par le mobile (FMS). C'est une offre attractive, en particulier pour les opérateurs alternatifs, disposant déjà d'une offre mobile. Il existe également des opportunités autour de nouveaux services mobiles à condition que les opérateurs introduisent des forfaits data illimités. Les habitants d'un même domicile pourraient par exemple utiliser leur téléphone pour consulter leurs statuts respectifs, échanger des données ou des messages. Les scénarios des équipementiers prévoient même que des clients utiliseront leur téléphone mobile comme une alternative au téléviseur ou à l'ordinateur, ce qui augmenterait la consommation data. Mais nous pensons que ces scénarios ne sont pas réalistes. Au mieux, nous pouvons comparer les réseaux femtocell aux réseaux cellulaires ordinaires. Les usages data restent faibles et ils le seront d'autant plus que le consommateur pourra facilement accéder à un véritable téléviseur ou un véritable ordinateur depuis son domicile.

JB - En termes financiers, cette convergence est-elle destructrice de valeur pour les opérateurs ? Pouvez vous estimer la variation de l'ARPU ?

SF - Il est trop tôt pour savoir si le FemtoCell sera source de nouveaux revenus. Si cette technologie n'augmente pas l'ARPU, la logique voudrait que les opérateurs y renonce mais l'histoire des télécoms (WAP, licences 3G, ..) montre que ce n'est pas toujours le cas. Notre sentiment est qu'il ne faut pas introduire cette technologie simplement pour proposer des communications vocales bon marché voire gratuites. Les opérateurs doivent profiter des tests du second semestre pour maitriser tous les aspects techniques et opérationnels de cette technologie et surtout rechercher de nouveaux services voire une "killer application" susceptible de générer de nouveaux revenus et d'assurer son adoption à grande échelle.

JB - Sylvain Fabre, je vous remercie.
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