L'encre, l'or noir des constructeurs d'imprimantes ?

30 janvier 2007 à 18h01
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Le Monde s'offre aujourd'hui une échappée du côté des fabricants d'imprimantes. Dans un article court mais percutant, le quotidien rend public le prix du litre d'encre, ce précieux liquide sans lequel il serait impossible de coucher sur papier nos chères photos. A 1 500 euros en moyenne le litre (de 615 à 3 800 euros selon les modèles), l'encre apparaît comme plus chère que bien des produits de luxe. D'après un porte-parole de Hewlett-Packard joint par le quotidien « il faut trois ans pour développer une nouvelle encre et les investissements en recherche et développement s'élèvent à plusieurs centaines de millions de dollars. Calculer le prix au litre n'a pas de sens ». Pour autant, de tels tarifs concernant un bien qui est finalement de consommation courante sont un peu difficiles à avaler... Les constructeurs choisiraient ainsi de répercuter ces coûts de fabrication sur les consommables, d'autant plus que la guerre des prix qu'ils se sont menés les a conduits à une situation dans laquelle les imprimantes sont couramment vendues à prix coûtant. D'où la généralisation des imprimantes jet d'encre à moins de 50 euros, imprimantes qu'il est parfois plus économique de remplacer par une neuve dès l'expiration des cartouches.

Le quotidien nous apprend également que l'envolée des prix n'est pas l'unique fantaisie dont s'est rendu coupable le secteur. Dans le même temps, la capacité moyenne des cartouches aurait sensiblement diminué : de 25 à 30 ml il y a quelques années, elle ne serait plus aujourd'hui comprise qu'entre 10 et 20 ml, certaines marques allant jusqu'à commercialiser des cartouches de 5 ml seulement. Cette diminution drastique du volume d'encre contenu dans les cartouches est en fait le phénomène qui a permis de masquer cette hausse du prix de l'encre : à première vue, les cartouches semblent même être proposées à des tarifs plus avantageux que ceux d'hier.

Aujourd'hui, même un consommateur très motivé aurait du mal à s'informer sur la contenance des cartouches qu'il achète, tant cette indication est étrangement absente des emballages. On se prend pourtant à penser qu'une information sur le prix au litre ou au kilo, comme celle que les magasins ont depuis quelques années l'obligation d'afficher, serait des plus utiles pour faire un choix éclairé ! Ceux qui souhaitent opter pour un modèle économique peuvent en dernier recours se tourner vers les données constructeur en terme de pages imprimables. Pour autant, c'est à nouveau un parcours du combattant qui les attend, entre les constructeurs qui ne communiquent pas sur le sujet, ceux qui donnent des chiffres se basant sur un remplissage de l'ordre de 5%, d'autres de 15%, ceux qui oublient d'indiquer le type de papier et de réglages de qualité retenus pour le test, etc. Une norme ISO, concernant cette question du nombre de pages imprimables avec une cartouche, devrait cette année enfin permettre aux consommateurs de disposer de données fiables et facilement comparables.

En attendant, pour imprimer à un coût raisonnable et maitrisé, il ne semble y avoir d'autre alternative que de se tourner vers les cartouches génériques (qui représentent à ce jour 10% du marché) ou vers les entreprisent qui remplissent les cartouches vides (5 % du marché). Des deux, la solution la plus porteuse semble être la seconde, les fabricants n'hésitant pas à attaquer, pour violation de brevet ou de propriété intellectuelle, ceux qui proposent des génériques. Leur dernière parade consiste à faire un chantage au SAV, en excluant de la garantie les imprimantes sur lesquelles des consommables non officiels auraient été utilisés. Pourtant, à moins de renvoyer l'imprimante au SAV en laissant à l'intérieur les cartouches génériques, bien malin sera celui qui pourra en prouver l'utilisation.
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