L'État français devient le premier actionnaire d'Eutelsat, l'opérateur satellite européen au sein duquel il vient d'injecter près de 750 millions d'euros. Il en détient désormais 29,65% du capital.

Eutelsat n'a pas dit son dernier mot face à ses illustres concurrents américains. © Eutelsat
Eutelsat n'a pas dit son dernier mot face à ses illustres concurrents américains. © Eutelsat

Paris met le paquet sur le spatial. L'Agence des participations de l'État (APE) vient d'injecter 749 millions d'euros dans Eutelsat, ce qui permet à la France de porter sa participation à près de 30% du capital. Résultat, l'État français devient le premier actionnaire de cet opérateur satellitaire européen de rang mondial. L'opération, menée aux côtés des actionnaires historiques, marque du point de vue de l'exécutif un tournant dans la stratégie de souveraineté numérique européenne.

La France veut profiter de la position unique d'Eutelsat

Entre novembre et décembre, Eutelsat a levé 1,5 milliard d'euros pour muscler son développement. L'APE a participé à hauteur de 749,3 millions, soit exactement la moitié du montant total. Aux côtés de l'État français, le gouvernement britannique, Bharti Space, CMA CGM et le Fonds stratégique de participations ont contribué à l'opération.

Avec ses 29,65%, Paris s'impose désormais comme le premier actionnaire d'Eutelsat. Une position qui n'est pas anodine, d'autant plus que l'opérateur européen occupe une place unique au monde. Il est aujourd'hui le seul à combiner une flotte en orbite géostationnaire et une constellation en orbite basse, ce qui lui donne un vrai avantage technologique.

Cette montée au capital vise à renforcer un champion européen qui exerce dans un secteur devenu critique. Roland Lescure, ministre de l'Économie, se félicite de cette opération qui, selon lui, permet de « consolider un acteur stratégique au cœur des infrastructures critiques de demain et de notre souveraineté ».

Eutelsat mise sur les constellations LEO pour assurer son avenir

L'argent frais injecté dans Eutelsat servira deux objectifs majeurs. D'abord, il aidera à accélérer le désendettement du groupe pour lui redonner de la flexibilité financière. Ensuite il permettra de financer les investissements massifs nécessaires au développement de sa constellation en orbite basse et au déploiement d'IRIS², la future constellation souveraine européenne aux quelque 300 satellites.

L'enjeu est déterminant, puisque le marché des constellations LEO connaît un fort développement. Il est surtout un segment clé pour les télécommunications de demain, où des géants comme Amazon parviennent à s'engouffrer. « Avec cette opération, la France et l'Europe se donnent les moyens de peser davantage dans la bataille des constellations en orbite basse », ajoute le numéro un de Bercy.

L'ex-numéro deux d'Orange, Jean-François Fallacher, tout récent directeur général d'Eutelsat, voit dans cette opération l'opportunité de s'affirmer comme « l'acteur européen de référence en connectivité orbitale basse ». La montée au capital de l'État « réaffirme le caractère stratégique et souverain des télécommunications spatiales, essentielles pour renforcer la résilience et l'autonomie des gouvernements comme des entreprises ». À Eutelsat désormais de prouver qu'il peut être le principal concurrent aux mastodontes SpaceX et Amazon.