Une simple table ronde technique à la Maison-Blanche a viré au théâtre de l'absurde ce mercredi, lorsque le président américain a décidé de redéfinir les lois de la physique des télécommunications. Donald Trump semble avoir confondu la prochaine génération de réseau mobile avec un scanner dermatologique, laissant l'auditoire dans un silence poli mais gêné.

Le bureau Ovale accueillait ce 10 décembre le gratin de la tech américaine, dont Cristiano Amon, le patron de Qualcomm, venu prêcher la bonne parole de la connectivité future. L'objectif était de discuter de la stratégie nationale pour conserver le leadership face à la Chine sur les technologies critiques. Mais la conversation a rapidement dérapé vers des territoires inconnus des ingénieurs réseau.
Quand le réseau mobile devient un scanner médical
La scène prêterait à sourire si elle ne concernait pas l'homme le plus puissant du monde. Alors que Cristiano Amon tentait d'expliquer les vertus de la future norme, Donald Trump l'a interrompu avec une question qui fera date : « la 6G permet-elle d'obtenir une vue plus profonde sous la peau des gens ? » Le président américain a manifestement mélangé la transmission de données avec l'imagerie médicale, voire avec la résolution des capteurs photo, évoquant avec nostalgie les caméras d'antan face à celles qui capturent aujourd'hui le moindre détail.
Face à cette sortie de route présidentielle, le patron de Qualcomm a opté pour la diplomatie du silence. Il n'a pas relevé l'énormité, préférant laisser le président s'enfermer dans sa logique où la 6G serait une sorte de super-zoom optique plutôt qu'un protocole de communication. Trump, fidèle à lui-même, en a profité pour rappeler qu'il avait personnellement instauré la 5G lors de son premier mandat, s'attribuant la paternité d'une technologie dont le développement avait débuté bien avant son arrivée au pouvoir.
La réalité technique loin des fantasmes présidentiels
Pendant que Washington s'emmêle les pinceaux sur la définition même du réseau, la réalité technique de la 6G se dessine ailleurs, avec des promesses bien plus concrètes que l'observation de l'épiderme. Cette future norme vise des performances vertigineuses, loin des simples améliorations d'image imaginées par Trump. On parle ici d'une technologie capable d'atteindre des vitesses de transfert qui feraient passer nos connexions actuelles pour du bas débit, transformant radicalement nos usages numériques quotidiens.
Cette course à la performance ne se limite pas à la vitesse. Elle implique une refonte totale de l'infrastructure mondiale. La France, loin de ces approximations, a déjà lancé le compte à rebours avec les opérateurs pour structurer ce futur déploiement. C'est un chantier colossal car cette nouvelle génération va dévorer trois fois plus de fréquences que nos réseaux actuels, nécessitant une rigueur technique que l'administration américaine semble pour l'instant survoler avec une légèreté déconcertante.
Cette incompréhension au sommet de l'État américain soulève une inquiétude légitime pour l'avenir de la standardisation mondiale. Si la France prépare le terrain pour l'arrivée de la 6G avec sérieux, il faudra attendre l'horizon 2030 pour voir si la vision américaine s'aligne enfin sur la réalité physique des ondes.
Source : The Verge