Les réseaux 6G, qui feront vivre notre connexion mobile et internet de demain, nécessiteront trois fois plus de spectre radio que les infrastructures actuelles d'ici 2040, selon la GSMA. Les pays vont devoir se remuer.

Les réseaux 6G nécessiteront trois fois plus de spectre radio d'ici 2040. © 3Dsss / Shutterstock
Les réseaux 6G nécessiteront trois fois plus de spectre radio d'ici 2040. © 3Dsss / Shutterstock

L'alerte est sans équivoque. Dans un rapport de la GSMA, l'organisation mondiale qui représente l'écosystème mobile, publié jeudi, on découvre le constat assez vertigineux fait pour l'ère de la 6G à venir. Les réseaux mobiles nécessiteront 2 à 3 GHz de spectre en bande moyenne par pays d'ici 2035-2040, avec des besoins maximaux pouvant atteindre 4 GHz dans certaines zones urbaines. L'explosion du trafic de données, alimentée par l'IA et les applications numériques, justifie cette envolée. Les gouvernements doivent agir maintenant.

Des besoins en spectre qui explosent pour la 6G

Le spectre radioélectrique, ces fréquences invisibles qui transportent nos communications mobiles, devient une ressource critique. L'étude « Vision 2040 » de la GSMA établit un besoin de 2 à 3 gigahertz de spectre en bande moyenne par pays d'ici 2035-2040, soit trois fois plus que les allocations habituellement disponibles aujourd'hui. Les zones urbaines les plus denses pourraient même nécessiter jusqu'à 4 GHz.

On explique cette envolée par l'explosion attendue des usages numériques. La sixième génération mobile, dont le déploiement à grande échelle débutera à partir de 2030, devra supporter simultanément des services d'intelligence artificielle, du streaming ultra-haute définition et des applications professionnelles avancées. Le tout sans ralentissement ni coupure, et pour un nombre d'utilisateurs probablement plus important encore.

L'urgence politique est palpable, car dans deux ans se tiendra la conférence mondiale des radiocommunications, CMR-27, organisée par l'Union internationale des télécommunications. Les États y négocieront l'attribution des futures bandes de fréquences. Et manquer ce rendez-vous pourrait handicaper durablement les retardataires, prévient la GSMA.

La France, elle, essaie d'anticiper

Dans cette situation mine de rien assez urgente, la France ne reste pas les bras croisés. Mi-octobre, l'ARCEP, le régulateur des télécoms, a ouvert une consultation cruciale auprès d'Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free pour réorganiser l'ensemble du spectre mobile national.

Le timing est important, puisque toutes les licences d'exploitation arrivent à échéance entre 2030 et 2035, précisément quand la 6G sortira des laboratoires pour se diffuser au grand public. Le régulateur s'intéresse particulièrement à la bande 6 GHz, fraîchement identifiée fin 2023, et très convoitée pour la future génération mobile.

Dans un document de 39 pages, l'ARCEP lance le compte à rebours et multiplie les questions : quels besoins futurs, quels cas d'usage, quel horizon de déploiement ? Les opérateurs ont jusqu'au 15 décembre pour répondre à l'autorité. Mais revenons à nos moutons.

Un écosystème mobile à plusieurs vitesses se dessine pour 2040

Les projections de la GSMA dessinent un écosystème technologique où cohabiteront de fait plusieurs générations. Plus de 5 milliards de connexions 6G, ce qui représente environ la moitié des abonnements mobiles mondiaux, fonctionneront aux côtés de 2 milliards de connexions 4G et 3 milliards en 5G encore actives. Les anciennes technologies conserveront leur utilité pour de nombreux équipements.

Le volume de données circulant sur les réseaux mobiles atteindra, lui, 3 900 exaoctets par mois en 2040, soit plus de 4 milliards de To. Ce tsunami numérique, alimenté par la multiplication des services gourmands en bande passante, justifie les besoins exponentiels identifiés par l'étude.

John Giusti, le directeur de la réglementation à la GSMA, explique d'ailleurs que satisfaire ces exigences spectrales favorisera une connectivité solide et durable et permettra de concrétiser les ambitions numériques, en contribuant aussi à la croissance des économies. Sans planification immédiate, les pays risquent connexions affaiblies, entreprises freinées et perte de compétitivité lors de la transition mondiale vers la 6G. Et personne ne le souhaite.