L'Institut Mines-Télécom a officialisé le lancement de France 6G, une plateforme nationale de coordination pour la recherche et la standardisation du futur réseau. La course aux normes internationales est définitivement lancée.

La bataille des normes 6G démarre maintenant. L'Institut Mines-Télécom a lancé ce mois-ci la plateforme France 6G, qui prend la forme d'un dispositif collaboratif réunissant des industriels, chercheurs, PME et start-up. Tous ont pour mission de coordonner les efforts nationaux de recherche et de standardisation pour que la France pèse dans la définition des futures normes mondiales de la 6G, qui sera très coûteuses en fréquences.
Un hub national pour ne plus avancer en ordre dispersé sur la 6G
C'est lors d'une conférence sur l'avenir des réseaux télécoms, le 5 novembre 2025, que l'Institut Mines-Télécom a officialisé sa feuille de route. Il explique aujourd'hui que la mission qui lui a été confiée par la Direction générale des Entreprises et le CSF infrastructures numériques est ambitieuse. Elle consiste à structurer l'écosystème français autour de la 6G, pour éviter la dispersion des énergies.
La plateforme France 6G se veut un espace collaboratif permanent où doivent pouvoir se croiser des profils variés. Ingénieurs des grands groupes télécoms, start-up spécialisées, chercheurs des laboratoires publics, PME innovantes, instituts technologiques et pôles de compétitivité, tous peuvent y contribuer. L'ouverture à toutes les entreprises innovantes, notamment les structures intermédiaires, vise à faire émerger les briques technologiques essentielles.
Concrètement, la plateforme doit faciliter le partage d'informations sur les politiques publiques et les appels à projets français et européens. Elle coordonne aussi les contributions françaises aux instances de standardisation internationale, ces forums où se décident les normes techniques qui feront la 6G de demain. Un réseau de référents régionaux assurera l'animation territoriale et mobilisera les acteurs locaux vers les événements européens.
Des groupes de travail opérationnels dès maintenant
Il n'est donc pas question d'attendre pour lancer les travaux. Depuis ce mois-ci, des groupes d'experts thématiques planchent sur des livres blancs qui devront être bouclés en mars 2026. Ces documents de référence synthétiseront les positions techniques françaises sur les sujets clés de la 6G, pour armer les représentants hexagonaux dans les joutes de standardisation internationale.
En parallèle, un groupe de réflexion spécifique se penche sur les mécanismes d'influence dans la standardisation industrielle. Comment faire entendre la voix française dans les organismes internationaux ? Quelles alliances nouer en Europe ? Voilà autant de questions stratégiques qui dépassent la seule question technique. Des cycles d'ateliers se succéderont jusqu'à fin 2026 pour explorer les dimensions environnementales, sécuritaires et souveraines de la 6G.
Et pour donner de la visibilité à l'expertise tricolore, une conférence annuelle verra le jour. Elle sera calée sur les grands rendez-vous européens comme le Mobile World Congress ou l'EUCNC, pour montrer le savoir-faire français. Il est à noter que cette initiative s'inscrit dans la continuité des investissements France2030, mobilisés depuis 2021 pour renforcer la souveraineté numérique et industrielle du pays.
Ces technologies 6G que la France veut standardiser en priorité
Les travaux de la plateforme se concentrent sur différents axes technologiques, cinq au total, tous identifiés comme stratégiques à l'échelle internationale. Le premier concerne les NTN (Non Terrestrial Networks), ces réseaux non-terrestres qui élargissent la couverture mobile au-delà des infrastructures au sol. Un enjeu de connectivité universelle.
La seconde priorité est évidemment la cybersécurité et la résilience. Les réseaux 6G devront résister aux cyberattaques de plus en plus sophistiquées et garantir leur disponibilité en toutes circonstances. Le troisième axe, ce sont les surfaces reconfigurables et les antennes intelligentes, des dispositifs capables d'adapter dynamiquement la propagation des ondes.
L'intelligence artificielle native devrait aussi s'imposer. Contrairement aux réseaux actuels où l'IA s'ajoute après coup, la 6G l'intégrera dès la conception. Enfin, le JCAS (Joint Communication and Sensing) doit combiner communications et détection dans les mêmes infrastructures.
Pour être un succès, la plateforme devra, du point de vue d'Hakima Chaouchi, responsable Souveraineté numérique à l'Institut Mines-Télécom, « fédérer durablement l'écosystème » tout en donnant aux acteurs français « des informations éclairées pour amplifier leurs efforts à l'innovation européenne et à la standardisation ».