Thales Alenia Space est à la tête d'un projet très prometteur de 5G directe par satellite. L'objectif de l'entreprise, sélectionnée avec ses partenaires par le CNES, est de connecter directement smartphones et satellites d'ici 2029.

Thales Alenia Space promet la fin des zones blanches grâce à la 5G spatiale © Thales Alenia Space
Thales Alenia Space promet la fin des zones blanches grâce à la 5G spatiale © Thales Alenia Space

Le Centre national d'études spatiales (CNES) a sélectionné un consortium français mené par Thales Alenia pour tester la première 5G satellite directe, apprend-on ce lundi 8 septembre. La technologie vise à démontrer qu'un téléphone portable peut se connecter directement à un satellite en orbite basse, sans antenne spéciale terrestre. Avec pour objectif final, dès 2029 et sa potentielle commercialisation, d'éliminer définitivement les zones blanches en France.

Comment Thales et ses partenaires compte faire parler votre smartphone avec les satellites

Le projet baptisé « U DESERVE 5G », soutenu par le CNES dans le cadre du programme France 2030, repose sur une innovation de taille : permettre aux terminaux mobiles de communiquer directement avec des satellites en orbite basse. Plus besoin de passer par une station au sol, la connexion se fait ici en direct.

L'approche, Direct-to-Device (D2D), est un vrai défi technologique. Faire dialoguer un smartphone avec un satellite situé à plusieurs centaines de kilomètres d'altitude nécessite des antennes actives ultra-sophistiquées, embarquées sur la charge utile spatiale. Le système respectera les standards 5G Release 17 du consortium 3GPP, le groupe mondial qui définit les normes des réseaux mobiles (comme la 4G, la 5G et la future 6G).

Le fameux consortium derrière le projet « U DESERVE 5G » rassemble des pointures. Nous avons Capgemini pour les solutions d'accès radio, Thales pour le développement d'un terminal 5G spécialisé, l'opérateur Orange qui hébergera les tests sur son site de Bercenay, mais aussi SES, Qualcomm et Loft Orbital. Une vraie équipe de choc.

Un calendrier serré, et des opérateurs (comme Orange) très intéressés

Le satellite de démonstration prendra son envol fin 2027 ou début 2028. « Les premiers déploiements commerciaux devraient arriver vers 2029 », précise à Clubic Stéphane Anjuere, 5G Venture Leader à Thales Alenia Space (coentrepreise entre Thales, à 67% ; et Leonardo à 33%). Le calendrier est ambitieux, mais il place la France dans la course mondiale à la connectivité spatiale.

Les performances annoncées semblent tout à fait réalistes : « Les objectifs de performance à l'ouverture des premières constellations devraient être proches de ceux des réseaux 3G+ terrestres », explique Stéphane Anjuere. De quoi passer des appels, échanger des données et même utiliser WhatsApp en vidéo, sans doute en basse résolution, depuis les zones les plus isolées.

Amazon Kuiper sera un concurrent, mais il y a pourtant un élément qui joue contre lui © Amazon
Amazon Kuiper sera un concurrent, mais il y a pourtant un élément qui joue contre lui © Amazon

Sans surprise, la technologie intéresse évidemment déjà les opérateurs mobiles traditionnels, qui ont vu Starlink arriver sur le fixe, et Amazon Kuiper pointer le bout de son nez. « Orange est effectivement impliqué sur le projet, mais d'autres opérateurs mobiles sont également très intéressés », confirme le responsable de Thales Alenia Space.

L'atout français face à SpaceX et Amazon

Dans cette course à l'espace, la France brandit un atout décisif, à savoir la maîtrise des bonnes fréquences radio. Pendant que SpaceX et Amazon tentent de « recycler » les fréquences des opérateurs mobiles terrestres, en créant des interférences problématiques, l'Hexagone a anticipé le coup. Thales Alenia Space a en effet contribué à définir les standards mondiaux spécifiquement dédiés à ces communications spatiales.

« À ce jour, les entreprises que vous citez ne disposent pas des droits d'usage sur les bandes de fréquences qui sont standardisées pour ces services », souligne Stéphane Anjuere. Cette longueur d'avance réglementaire pourrait bien faire toute la différence dans la bataille commerciale à venir.

Pour l'utilisateur final, quel coût une telle connexion pourrait avoir ? Stéphane Anjuere tient à nous rassurer. « Le coût devrait être relativement marginal, quelques euros par rapport au prix de son abonnement mensuel », nous dit-il. L'ambition est en tout cas affirmée : « Le déploiement d’une constellation de quelques centaines de satellite LEO utilisant la technologie 5G NTN D2D permettra la disparition des zones blanches. » Une excellente nouvelle, et une réponse apportée aux inquiétudes du régulateur des télécoms, l'ARCEP.