Le cosmonaute Oleg Artemyev, censé se rendre à bord de la Station spatiale internationale (ISS) dans un peu plus de deux mois, a été exclu de l'équipage Crew-12. Si les instances officielles ne se sont pas exprimées, les médias assurent que cette décision est liée au secret défense.

Le cosmonaute russe Oleg Artemyev. ©ESA
Le cosmonaute russe Oleg Artemyev. ©ESA

Le 15 février prochain, une capsule Crew Dragon de SpaceX doit acheminer les astronautes Jack Hathaway, Jessica Meir, la française Sophie Adenot et le cosmonaute Oleg Artemyev jusqu'à l'ISS. Mais un étrange changement est survenu il y a quelques jours : Roscomos, l'agence spatiale russe, a choisi Andreï Fediaïev pour remplacer son compatriote à la dernière minute.

Des photos au QG de SpaceX

Mais qu'a-t-il bien pu se passer pour qu'une décision aussi radicale soit prononcée ? D'autant qu'Oleg Artemyev est un cosmonaute expérimenté, ayant passé un total de 560 jours dans l'espace. Il a déjà effectué trois missions de longue durée à bord de l'ISS, lancées en mars 2014, mars 2018 et mars 2022.

D'après le média russe The Insider, l'homme aurait photographié des documents classifiés, ainsi que des moteurs de SpaceX, alors qu'il se trouvait au siège social de l'entreprise, à Hawthorne en Californie. Il aurait ensuite envoyé les fichiers avec son téléphone, ce qui constitue une violation violations de l'International Traffic in Arms Regulations (ITAR), une loi américaine qui visant à limiter la diffusion d'informations et de technologies sensibles au nom de la sécurité nationale.

Pour rappel, SpaceX est en contrat avec la NASA pour transporter des astronautes jusqu'à la station spatiale. Le premier étage de sa fusée, Falcon 9, est réutilisable, ce qui lui permet de drastiquement réduire les coûts. Aujourd'hui, aucun autre pays au monde n'est capable d'une telle prouesse.

La capsule Crew Dragon fixée à une fusée Crew Dragon. ©SpaceX
La capsule Crew Dragon fixée à une fusée Crew Dragon. ©SpaceX

Quand la géopolitique s'invite dans l'ISS

« Retirer quelqu'un d'une mission deux mois et demi avant celle-ci sans explication claire est plutôt un signe indirect, mais cela en dit long. Il est très difficile d'imaginer une situation dans laquelle un cosmonaute expérimenté pourrait commettre par inadvertance une violation aussi grave », estime Gregory Trishkin, expert du spatial.

En juillet 2022, Roscosmos a publié des photos d'Oleg Artemyev et de deux de ses collègues cosmonautes à bord de l'ISS, brandissant les drapeaux de deux territoires séparatistes soutenus par la Russie en Ukraine. Un événement condamné par les dirigeants de la NASA et de l'Agence spatiale européenne (ESA), témoignant de l'impact des dissonances géopolitiques sur la collaboration internationale garantie par l'ISS.