Apple pensait avoir trouvé son homme providentiel pour transformer Siri, mais c’était sans compter sur l’appétit féroce de Meta. Ke Yang, fraîchement promu à la tête d’un projet clé pour l’assistant vocal, a déjà fait ses valises pour rejoindre l’écurie de Mark Zuckerberg.

Apple perd ainsi un cadre clé au moment où la firme de Cupertino s'apprête à lancer la refonte la plus ambitieuse de son assistant vocal. © Shutterstock
Apple perd ainsi un cadre clé au moment où la firme de Cupertino s'apprête à lancer la refonte la plus ambitieuse de son assistant vocal. © Shutterstock

Ce départ éclair est bien plus qu’une simple anecdote de mercato technologique. Il illustre avec une pointe d’ironie la position délicate d’Apple dans la course effrénée à l’intelligence artificielle. Alors que Cupertino tente de colmater les brèches, Meta continue son shopping effréné, laissant son rival californien compter ses pertes.

Un fauteuil pour deux (minutes) chez Apple

À peine installé dans son nouveau bureau, Ke Yang a donc cédé aux avances de Meta. Il faut dire que son rôle était des plus stratégiques : il dirigeait l’équipe chargée de donner à Siri un cerveau connecté au web, capable de fournir des réponses aussi pertinentes que celles d’un agent conversationnel comme ChatGPT. Un projet essentiel pour sortir l’assistant vocal de sa torpeur.

Ce départ sonne comme une mauvaise blague pour Apple, qui peine déjà à tenir son calendrier. La refonte majeure de Siri, annoncée comme une priorité, a pris du retard et ne devrait pas voir le jour avant 2026. Perdre le pilote d’un projet aussi crucial, quelques semaines après sa nomination, a de quoi faire grincer des dents à Cupertino et fragilise un peu plus les ambitions de la firme.

Ke Yang, récemment nommé à la tête du projet de recherche web pour Siri, vient de céder aux sirènes de Meta. © Ke Yang/LinkedIn
Ke Yang, récemment nommé à la tête du projet de recherche web pour Siri, vient de céder aux sirènes de Meta. © Ke Yang/LinkedIn

Meta, l’aspirateur à cerveaux qui ne connaît pas la crise

Pendant qu’Apple perd ses talents, Meta les collectionne. L’entreprise de Mark Zuckerberg mène une offensive de charme, ou plutôt de millions, pour débaucher les meilleurs experts. Ce n’est un secret pour personne, le patron de Meta contacte personnellement les ingénieurs pour les convaincre de rejoindre son grand projet de superintelligence.

Avant Ke Yang, d’autres pointures d’Apple avaient déjà fait le grand saut, souvent attirées par des rémunérations qui donnent le vertige. On parle de packages salariaux dépassant les 200 millions de dollars pour certains. Cette stratégie d’aspiration massive prive Apple de compétences vitales et montre que, dans cette guerre des talents, Meta est prêt à tout pour prendre l’avantage.

Apple face à ses propres doutes

Au-delà de cette hémorragie de talents, c’est tout le retard d’Apple en matière d’IA qui est mis en lumière. Des échos en interne suggèrent que la Pomme aurait conscience d’avoir plusieurs années de retard sur des concurrents comme OpenAI ou Google. Siri, autrefois pionnier, se fait aujourd’hui distancer.

Pour rattraper son retard, Apple travaille sur des solutions alternatives, notamment un projet interne nommé Veritas, sorte de clone de ChatGPT pour tester les futures fonctionnalités de l’assistant. Mais le départ de cadres clés comme Ke Yang ne fait que compliquer la tâche. La question n’est plus de savoir si Apple va réagir, mais plutôt si la firme en a encore les moyens face à un Meta qui semble avoir un appétit et un portefeuille sans fond.

Source : WCCFTECH