Après un 11e test parfaitement réussi de Starship, les équipes de SpaceX tournent désormais toute leur attention vers V3, la prochaine version de la mégafusée. Et il y a beaucoup de changements au programme.

Ce 13 octobre, la fusée la plus puissante du monde a rempli tous les objectifs de sa mission, pour le plus grand plaisir du P.-D.G de SpaceX, Elon Musk. Mais ce n'est que le début. « L'attention se porte désormais sur la prochaine génération de Starship et Super Heavy, avec plusieurs véhicules actuellement en cours de construction et en préparation pour les essais », assure l'entreprise.
L'enjeu est magistral : « Cette prochaine itération sera utilisée pour les premiers vols orbitaux du Starship, les missions opérationnelles de charge utile, le transfert de propergol et bien plus encore, alors que nous progressons vers un véhicule entièrement et rapidement réutilisable pour desservir l'orbite terrestre, la Lune, Mars et au-delà », poursuit-elle.
Le colosse Super Heavy devient encore plus puissant
Le booster Super Heavy va subir une refonte majeure. À commencer par ses moteurs, avec l'intégration de 33 Raptor 3, plus puissants et plus fiables que leurs prédécesseurs, qui offriront une poussée accrue et surtout, une réduction des risques lors du décollage et du retour. Le colosse de 71 mètres bénéficiera aussi d'un nouveau tube interne de transfert de carburant, une pièce massive qui guide le méthane et l'oxygène liquide jusqu'aux moteurs. Objectif : garantir un flux stable, même sous les vibrations extrêmes du lancement.
Autre évolution majeure : l’adoption d'un système de séparation à chaud qui permettra au deuxième étage d'allumer ses moteurs avant même la séparation d'avec le booster. Ce choix audacieux, répandu sur les fusées russes, devrait réduire significativement la perte de vitesse entre les deux phases du vol. Pour absorber ce choc thermique et mécanique intense, Super Heavy sera renforcé au sommet avec un anneau ventilé, spécialement conçu pour supporter ce processus.
Enfin, le design externe de Super Heavy évolue lui aussi. SpaceX va troquer ses quatre ailettes fines classiques, qui guident le retour du booster, pour trois modèles 50 % plus grands et bien plus solide. Une architecture qui va simplifier le contrôle en descente dans le but de préparer la prochaine étape clé : la capture par la tour de lancement afin de permettre une réutilisation quasi immédiate.

Starship s'adapte aux vols orbitaux et lointains
L'étage supérieur, aussi surnommé Ship, va lui aussi s'adapter aux prochaines phases de vol. Si le design semblera très similaire à la V2, c'est sous le capot que les changements vont s'opérer. SpaceX va également remplacer les moteurs Raptor 2 par la nouvelle génération Raptor 3, tandis que le système de propulsion sera entièrement revu pour supporter des durées de vol plus longues et des environnements extrêmes, notamment lors des rentrées atmosphériques à très haute vitesse.
Le Starship V3 sera pensé pour fonctionner dans l'espace. La société va moderniser l'ensemble des systèmes de contrôle et de guidage et optimiser ses capacités énergétiques. De quoi lui permettre d'effectuer des rendez-vous orbitaux, d'allonger ses séjours en orbite et de mener des missions complexes sans dépendre entièrement de stations au sol. Ces améliorations seront décisives pour les futures missions lunaires dans le cadre du programme Artemis de la NASA, car Starship devra faire le plein de carburant en orbite avant de partir en direction de la Lune pour acheminer les astronautes à sa surface.
Et pour réaliser cette périlleuse opération, Starship va intégrer un système d'amarrage directement sur sa structure. Ces adaptateurs externes l'aideront à s'accrocher à un autre véhicule pour faciliter le transfert de carburant en microgravité. SpaceX prévoit de tester cette technologie dès 2026. Sans elle, aucun voyage lointain n'est possible.
La rampe de lancement évolue aussi
Et ce n'est pas tout, car les infrastructures au sol vont également évoluer. La rampe de lancement principale de Starbase, l'Orbital Launch Mount 1, va être entièrement rénovée avec une nouvelle plateforme capable de supporter la poussée accrue des moteurs Raptor 3, ainsi qu'une tranchée anti-flamme massive destinée à évacuer les gaz brûlants au décollage.
Même son de cloche pour la tour Mechazilla, cet immense pylône métallique qui domine le complexe industriel. SpaceX va renforcer et mettre à niveau ses bras mécaniques géants, surnommés ironiquement « baguettes ». Leur rôle sera de récupérer le Super Heavy et, à terme, le Starship, en plein vol. Cette refonte est pensée pour accélérer drastiquement le rythme de réutilisation pour transformer Starbase en une véritable usine de lancement, capable de tirer plusieurs fusées par semaine.
Car, on le sait, les objectifs d'Elon Musk sont tout bonnement colossaux, avec la production de 1 000 Starship par an dans le but de coloniser Mars. Il prévoit, d'ailleurs, un lancement vers la planète rouge dès 2028.