Pour espérer distinguer l'humain du robot, X s'apprête à sacrifier une part de l'anonymat de ses utilisateurs. Une nouvelle fonctionnalité exposera des informations personnelles, une transparence forcée qui pose autant de questions qu'elle prétend en résoudre.

Le réseau social X, submergé par les comptes automatisés, sort l'artillerie lourde. Bientôt, une section « À propos de ce compte » affichera la localisation, l'historique du pseudonyme et la date de création de chaque profil. Si l'intention affichée est de restaurer la confiance, la méthode choisie représente un compromis périlleux pour la vie privée.
Un réseau infesté jusqu'à la moelle
Le problème n'est plus anecdotique, il est systémique. Une étude de la firme CHEQ a révélé que près de 76% du trafic de X vers des annonceurs lors du Super Bowl 2024 provenait de bots. Un chiffre vertigineux qui témoigne d'une plateforme où l'activité humaine semble parfois minoritaire. Cette infestation est la conséquence directe des choix stratégiques opérés depuis le rachat par Elon Musk, notamment l'affaiblissement drastique des équipes de modération.

- Instantané dans l'information
- Messages courts
- Hashtags, tendances, tweet et retweet
Le phénomène s'ajoute à la propagation de contenus indésirables et aux scandales de sécurité, comme la corruption d'employés pour réactiver des comptes d'escrocs. Face à cette perte de contrôle, la plateforme cherche désespérément à reprendre la main, quitte à bousculer les principes fondateurs des réseaux sociaux.
La transparence, une solution en trompe-l'œil ?
Face à ce désordre, X propose donc une transparence accrue. Mais le diable se cache dans les détails. Les utilisateurs pourront refuser de partager leurs données, mais ce refus sera explicitement affiché sur leur profil, créant de fait une catégorie de citoyens numériques de seconde zone. L'alternative rappelle d'autres tentatives de la plateforme, comme le projet avorté de faire payer les nouveaux venus pour endiguer les faux comptes.
Conscient des enjeux, notamment en Europe avec le RGPD, X promet d'afficher la région plutôt que le pays pour protéger les utilisateurs dans des contextes légaux sensibles. Une nuance qui ne lève pas toutes les inquiétudes. Cette solution n'est pas sans rappeler celle d'Instagram, mais avec une différence de taille : X puisera dans les métadonnées techniques, non dans les informations déclaratives. Une fiabilité supérieure, certes, mais qui flirte avec une forme de surveillance. L'efficacité d'une telle mesure contre les problèmes récurrents de bots pornographiques reste à prouver.
Source : The Register