Chaque jour, un à deux satellites Starlink retombent sur Terre et se consument dans l’atmosphère. Avec la croissance de la constellation, ce chiffre pourrait rapidement doubler, et l’impact sur la haute atmosphère reste encore mal compris.

Depuis fin 2019, SpaceX déploie des milliers de satellites Starlink pour fournir Internet depuis l’espace. Début octobre 2025, plus de 8 000 satellites étaient en orbite basse et ce nombre augmente chaque année. Chaque engin a une durée de vie limitée, généralement entre 5 et 7 ans, et les pannes ou aléas de lancement accélèrent leur retour dans l’atmosphère. Selon Jonathan McDowell, astrophysicien du Smithsonian, « un à deux satellites Starlink retombent actuellement sur Terre chaque jour » et ce chiffre pourrait atteindre cinq quotidiennement avec le déploiement des autres constellations comme Amazon Kuiper. Ces retombées ne posent pas de risque direct pour les humains, mais elles ont des conséquences sur l’environnement.
Pour une couverture efficace, SpaceX préfère multiplier les satellites plutôt que miser sur la longévité
Pour couvrir la planète entière, l’entreprise d’Elon Musk a choisi la quantité plutôt que la durée. Un satellite Starlink vit entre cinq et sept ans, avant de se désorbiter lentement et de finir consumé à son retour dans l’atmosphère. On comprendra aisément qu'il préfère construire en série des engins légers, ce qui revient moins cher que miser sur quelques appareils plus robustes. Mais c'est un aussi un bon moyen d’éviter l’encombrement de l’orbite basse, un risque connu depuis les années 1970 sous le nom de syndrome de Kessler. Ce scénario imagine un enchaînement de collisions qui rendrait certaines zones de l’espace inexploitables.
Jonathan McDowell, astrophysicien au Smithsonian, suit ces retombées quotidiennes dans son registre en ligne. Selon lui, « nous en sommes à environ un ou deux satellites en fin de vie chaque jour ». Et cette moyenne pourrait rapidement grimper. « Avec toutes les constellations déployées, nous nous attendons à cinq rentrées quotidiennes d’ici peu », a-t-il indiqué. 30 000 satellites sont prévus en orbite basse, auxquels s’ajouteraient 20 000 autres appareils à 1 000 km d’altitude issus des programmes chinois.
On a aussi tendance à oublier le rôle de l'activité solaire. Lors des fortes éruptions, la haute atmosphère se réchauffe, se dilate et accroît la traînée sur les satellites. En 2022, une tempête a ainsi provoqué la perte de quarante Starlink fraîchement lancés. D’autres incidents, plus rares, concernent des pannes techniques ou des trajectoires ratées. En juillet 2024, une fusée Falcon 9 a placé vingt satellites sur une orbite trop basse : dix-huit d’entre eux se sont désintégrés dans les jours suivants.

Les satellites consumés laissent dans l’air des traces que les chercheurs commencent à mesurer
À court terme, ces retombées évitent la prolifération de débris spatiaux. À long terme, elles pourraient altérer la composition de la haute atmosphère. En 2023, la NOAA a publié une étude sur la stratosphère, cette couche située au-dessus de 11 km d’altitude, là où circule la plupart des avions de ligne et où se trouve la couche d’ozone. Les chercheurs y ont trouvé des particules métalliques inédites : cuivre, lithium, aluminium, niobium, hafnium. Ces métaux sont typiques des alliages utilisés dans les satellites et les étages de fusées.
Ces résidus, minuscules mais persistants, pourraient absorber ou réfléchir une partie du rayonnement solaire et modifier certaines réactions chimiques liées à l’ozone. Rien n’indique encore l’ampleur de cet effet, mais la présence de ces particules, désormais avérée, intrigue les chercheurs. Jonathan McDowell reconnaît d’ailleurs que les incinérations de satellites « ont probablement déjà un effet mesurable sur la haute atmosphère ».
Et les observations s’accumulent. Fin septembre 2025, plusieurs habitants de Californie, du Texas ou du Canada ont filmé des rentrées spectaculaires : un point incandescent, lent et silencieux, qui traverse le ciel avant de se fragmenter. Ce spectacle, souvent confondu avec une météorite, devient de plus en plus fréquent. Jonathan McDowell explique la différence simplement : « Un météore disparaît en une ou deux secondes. Un satellite en désintégration reste visible plusieurs minutes ».
Sorce : EarthSky