Les États-Unis s'inquiètent de la montée en puissance éclair de la Chine dans le secteur spatial, et redoutent particulièrement le jour où leurs rivaux maîtriseront les fusées réutilisables.

Des modèles de fusées en Chine. ©junrong / Shutterstock
Des modèles de fusées en Chine. ©junrong / Shutterstock

Car la capacité à réutiliser des lanceurs fut un réel point tournant pour SpaceX et, de surcroît, pour les États-Unis. Le Falcon 9, qui devrait franchir les 500 réutilisations cette année, a permis au pays de multiplier la cadence des lancements pour rester le leader de la filière. Mais la Chine décuple ses efforts afin de développer une technologie similaire, et cela changerait totalement la donne.

Une cadence déjà soutenue sans lanceur réutilisable

À tel point que les renseignement américains surveillent les avancements chinois de très près. « Leur rapidité est préoccupante », confie Brian Sidari, chef adjoint des opérations spatiales pour le renseignement de l'US Space Force, dans un entretien accordé à Ars Technica. « Je m'inquiète du moment où les Chinois trouveront comment mettre au point un système de lancement réutilisable qui leur permettra de mettre en orbite davantage de capacités à un rythme plus rapide qu'actuellement », poursuit-il.

Car sans fusée réutilisable, l'Empire du Milieu opère d'ores et déjà à un rythme impressionnant dans le spatial avec 68 lancements orbitaux en 2024. Si c'est bien en dessous des États-Unis avec 156 tirs, dont 132 effectués par un Falcon 9 de SpaceX, la tendance pourrait grandement s'inverser.

Et les start-up du pays sont sur le pied de guerre, nombre d'entre elles expérimentant actuellement des lanceurs réutilisables, à l'instar de Space Epoch qui a d'ailleurs franchi une étape charnière cette année.

La start-up chinoise Space Epoch a testé la récupération de son lanceur. ©Space Epoch
La start-up chinoise Space Epoch a testé la récupération de son lanceur. ©Space Epoch

Pékin se concentre aussi sur les constellations

Ainsi, Pékin serait en mesure de multiplier les lancements, de mettre plus de satellites en orbite à moindre coût et, surtout, de renforcer ses capacités militaires dans l'espace. C'est justement ce scénario qui inquiète ouvertement le Pentagone, puisqu'il effacerait l'un des rares avantages stratégiques que Washington détient encore. D'autant plus qu'un récent rapport américain a tiré la sonnette d'alarme : la Chine pourrait rattrapé tout son retard d'ici à 10 ans.

En attendant, le pays asiatique joue sur d’autres leviers. Il a déjà commencé à imiter les modèles américains en lançant ses propres projets de mégaconstellations de satellites, sur le même principe que Starlink ou Starshield.

Le gouvernement mise aussi sur des solutions complexes, à l'image de l'amarrage de deux de ses satellites en orbite à plus de 36 000 kilomètres de la Terre en juillet dernier : une première mondiale. Officiellement présenté comme un test de « nettoyage de débris », ce dispositif n'a pas forcément plu du côté des États-Unis.

Les militaires américains le perçoivent en effet comme une technologie à double usage, pouvant tout aussi bien servir à prolonger la durée de vie d'un satellite qu'à neutraliser un engin adverse.

Source : Ars Technica