Quelques semaines avant la fin du support de Windows 10, la communauté KDE sort son propre système d’exploitation. Un Linux taillé pour Plasma, épuré jusqu’à l’os, et pensé comme un terrain de jeu stable pour ses développeurs. Ça tourne déjà, mais ce n’est pas encore pour tout le monde.

- KDE lance son propre système d'exploitation, KDE Linux, pour offrir une alternative stable à Windows 10.
- Ce système utilise des paquets Arch Linux, avec un fonctionnement en lecture seule pour plus de sécurité lors des mises à jour.
- Actuellement en version alpha, KDE Linux vise les développeurs et testeurs, mais n'est pas encore prêt pour le grand public.
L’équipe KDE ne plaisantait pas en juin dernier, quand elle promettait aux utilisateurs et utilisatrices de Windows 10 une alternative capable de prolonger la vie de leur machine. Cette fois, elle ne se contente plus de pousser Plasma ou de distribuer ses applis sur Flathub, mais lance carrément son propre système d’exploitation. Son nom : KDE Linux. Son objectif : offrir une expérience stable, fluide, cohérente et prête à l’emploi. Un projet ambitieux, dévoilé officiellement en alpha, à destination des développeurs, testeurs… et curieux du dimanche.
Un Linux conçu par KDE, pour KDE
Officieusement, KDE Linux succède à KDE Neon, toujours en vie mais clairement sur la touche, avec une base technique entièrement revue. Exit Ubuntu LTS, place à des paquets Arch Linux, mais sans les traditionnels outils de gestion qui font transpirer les débutants, ni accès direct aux dépôts. Ici, le cœur du système est figé dans une image en lecture seule, remplacée en bloc à chaque mise à jour. Un fonctionnement hérité des distributions dites « immuables », qui doit pouvoir limiter les dégâts en cas de faux pas ou de mise à jour qui déraille. Et si vraiment ça coince, il suffit de restaurer une version antérieure de l’OS depuis le menu de démarrage, sans perte de données.
Le reste suit la même logique. L’affichage passe par Wayland, l’audio par PipeWire, le système de fichiers s’appuie sur Btrfs, et la majorité des applications sont livrées au format Flatpak. L’idée est de fournir à KDE un environnement homogène et stable, qu’elle maîtrise de bout en bout, sans devoir composer avec les choix d’une distribution tierce. Même les applications KDE sont construites en amont avec les outils internes de KDE (kde-builder
et flatpak-builder
), pour vous éviter de compiler quoi que ce soit vous-même, et garantir que les versions livrées soient identiques à celles testées par les développeurs.
En parallèle, certaines applications système comme Dolphin, Konsole ou Discover sont directement intégrées à l’image de base, afin d’éviter les problèmes d’intégration que pose encore aujourd’hui le format Flatpak pour ce type d’outils.
Le reste s’installe depuis Flathub, Snap étant pour l’instant uniquement accessible via la commande snap
, ou, pour les plus curieux, via des containers comme Distrobox ou Toolbx. Homebrew fonctionne, sans isolation système et avec risque de conflits, tout comme la compilation manuelle, à condition d’avoir les bonnes dépendances sous la main. À ce niveau, toutes les installations se font côté utilisateur, pas dans le système lui-même, ce qui permet de bidouiller sans risquer de tout casser.

De l’art de maîtriser le bon timing
Pour le moment, KDE Linux n’en est qu’au stade alpha, une version de rodage destinée à la communauté, aux testeurs et testeuses, aux développeurs maison, et à toutes celles et ceux qui sont prêts à mettre les mains dans le cambouis pour faire remonter bugs, incohérences ou idées d’amélioration. Le système tourne déjà sans problème sur plusieurs machines de l’équipe, mais il lui manque encore quelques pièces pour viser plus large – pas de Secure Boot, peu de prise en charge pour les GPU NVIDIA d’avant Turing, pas de chargement dynamique des modules kernel, et une infrastructure QA encore trop légère pour tenir la route face à un public non averti.
Et justement, dans un peu plus d’un mois, Windows 10 tirera officiellement sa révérence, laissant sur le carreau des millions de machines. Celles et ceux qui ne comptaient pas migrer vers Windows 11 – par choix personnel ou parce qu’il est tout simplement hors de question de changer de matériel – y verront peut-être une initiative tombée au presque bon moment. Pas encore prête pour tout le monde, certes, mais suffisamment avancée pour qu’on commence à s’y intéresser. Quitte à faire un détour par une autre distro compatible Plasma, juste pour voir si le courant passe.
Source : KDE