Starbase enregistre 4,27 accidents pour 100 travailleurs en 2024, un taux six fois supérieur à la moyenne du secteur spatial. Les données OSHA et SpaceX ont une notion bien différente des communications.

Le SpaceX Starbase, aussi connu sous le nom de Boca Chica Launch Site, anciennement SpaceX South Texas Launch Site, est une base privée de production, de test et de lancement de fusées appartenant à SpaceX, située à Boca Chica Village, au Texas - ©aestheteava / Shutterstock
Le SpaceX Starbase, aussi connu sous le nom de Boca Chica Launch Site, anciennement SpaceX South Texas Launch Site, est une base privée de production, de test et de lancement de fusées appartenant à SpaceX, située à Boca Chica Village, au Texas - ©aestheteava / Shutterstock
L'info en 3 points
  • Starbase, site phare de SpaceX, affiche un taux d'accidents de 4,27 pour 100 travailleurs en 2024, bien au-dessus de la moyenne du secteur spatial.
  • Malgré des avancées technologiques impressionnantes, le rythme effréné de développement à Starbase soulève des préoccupations de sécurité.
  • Les inspections OSHA révèlent des incidents graves, mais SpaceX reste silencieux, tandis que la NASA surveille de près.

Les prouesses de Starship font régulièrement les titres. SpaceX capture son énorme propulseur Super Heavy avec des bras mécaniques géants, multiplie les tests de vol et bat des records technologiques. Mais,car il ya un mais, ce qu'Elon Musk ne crie pas sur tous les toits, c'est le taux d'accidents du travail à Starbase, sa base privée de production, de test et de lancement de fusées SpaceX.

Les données de l'Administration de la sécurité et de la santé au travail (OSHA),rapportées par nos confrères de Tech Crunch, montrent que Starbase présente un taux d'incidents de 4,27 blessures pour 100 travailleurs en 2024. Ce chiffre est largement supérieur à celui des autres installations SpaceX et place le site texan loin devant ses concurrents directs. Blue Origin affiche 1,09 accident pour 100 travailleurs sur son site de Floride, United Launch Alliance 1,12 en Alabama.

Starbase affiche des taux dignes des années 1990

L'industrie spatiale a considérablement amélioré sa sécurité ces trente dernières années. Le secteur de la fabrication de véhicules spatiaux est passé de 4,2 accidents pour 100 travailleurs en 1994 à 0,7 en 2023, selon le Bureau of Labor Statistics. Starbase inverse cette tendance et retrouve les niveaux d'il y a trois décennies.

Les autres sites SpaceX font mieux mais restent au-dessus de la moyenne sectorielle. L'installation de McGregor au Texas atteint 2,48, celle de Bastrop 3,49, Hawthorne en Californie 1,43 et Redmond dans l'État de Washington 2,89. La moyenne pour l'ensemble du secteur aéronautique s'établit à 1,6 en 2024.

TechCrunch a calculé ces taux à partir des données OSHA qui incluent le nombre total d'incidents et d'heures travaillées. Starbase employait en moyenne 2 690 personnes en 2024. Les employés blessés ont cumulé 3 558 jours de travail restreint et 656 jours d'arrêt maladie.

L'OSHA a mené 14 inspections dans les installations SpaceX ces quatre dernières années. Six concernaient Starbase et incluaient une amputation partielle de doigt en 2021 et l'effondrement d'une grue en juin 2025. Cette dernière enquête reste en cours. Reuters a par ailleurs également révélé des centaines de blessures non signalées auparavant. Ces révélations complètent un tableau peu reluisant pour l'installation la plus médiatisée de SpaceX.

Les demandes de TechCrunch à Elon Musk concernant ces taux d'accidents élevés n'ont pas été suivies d'effets - © Kemarrravv13 / Shutterstock
Les demandes de TechCrunch à Elon Musk concernant ces taux d'accidents élevés n'ont pas été suivies d'effets - © Kemarrravv13 / Shutterstock

Le rythme effréné de développement a un prix

SpaceX avance à une cadence inédite sur Starship. Depuis le premier test orbital d'avril 2023, l'entreprise a tenté huit vols supplémentaires. Elle a réussi à trois reprises à capturer le propulseur Super Heavy grâce aux bras de sa tour de lancement, une première mondiale.

Cette course contre-la-montre, c'est Elon Musk qui l'a instaurée, motivé par ses ambitions et les contrats en jeu. La NASA compte sur Starship pour ramener des humains sur la Lune avant 2030 et verse plus de 4 milliards de dollars à SpaceX pour deux missions lunaires habitées.

L'ancienne cheffe de cabinet de l'OSHA, Debbie Berkowitz, considère que le taux de Starbase « constitue un signal d'alarme qui indique de graves problèmes de sécurité à résoudre ». Cependant, les professionnels du secteur questionnent la fiabilité du TRIR (Taux total d'incidents enregistrables) pour prédire les accidents graves. Une étude récente remet en question sa validité statistique pour les petites entreprises.

Les contrats NASA incluent des clauses permettant à l'agence d'agir en cas de violation majeure de sécurité, comme un décès ou une violation « volontaire » ou « répétée » de l'OSHA. Un TRIR élevé ne déclenche pas automatiquement ces mesures mais pourrait alerter l'agence spatiale.

SpaceX n'a pas répondu aux demandes de commentaires de TechCrunch. La NASA a simplement indiqué qu'elle « interagit fréquemment avec ses partenaires pour garantir la sécurité des missions » et « collabore avec tous ses partenaires commerciaux pour instaurer une culture de sécurité saine ».

Les taux de Starbase montrent tout de même une amélioration relative par rapport aux années précédentes : 5,9 blessures pour 100 travailleurs en 2023 et 4,8 en 2022. Le site reste néanmoins en tête parmi les installations terrestres de SpaceX, derrière les seules opérations de récupération de propulseurs sur la côte ouest qui affichent 7,6.