Les députés ont voté la suppression des zones à faibles émissions (ZFE). Cette décision modifie le cadre réglementaire qui encourageait la transition vers les véhicules électriques. Son impact sur les ventes et les aides reste à mesurer.

- L'Assemblée nationale vote la suppression des ZFE, impactant les stratégies de transition vers l'électrique, mais la décision n'est pas définitive.
- La suppression des ZFE entraîne un flou sur le marché des véhicules électriques, soulevant hésitations et incertitudes parmi les acheteurs.
- Constructeurs et investisseurs craignent un recul sur l'électrification, perturbant les plans alignés aux objectifs européens pour 2035.
Mercredi soir, l’Assemblée nationale a adopté en commission la suppression des ZFE. Votée par une alliance hétéroclite allant de la droite au Rassemblement national, en passant par LFI, cette décision pourrait annuler l’un des rares outils concrets de lutte contre la pollution automobile en ville. Certes, le vote n’est pas définitif. Plusieurs leviers législatifs peuvent encore l’invalider. Mais le simple fait qu’une majorité de députés s’y soit opposée donne un coup d’arrêt brutal à une politique déjà chahutée. Dans la filière électrique, la réaction a été immédiate. Entre doutes, attentes repoussées et révision des projets, le marché se tend. L’électrique, encore fragile, vacille au moindre courant d’air.
Un marché déjà instable, désormais sans cap clair
La mise en place des ZFE s’accompagnait d’un calendrier progressif, plus ou moins strict selon les villes. Crit’Air 4 et 5 devaient disparaître en premier, suivis des Crit’Air 3 dans les zones les plus denses. Le cadre n’était pas parfait, parfois mal compris, mais il envoyait un signal clair : les voitures les plus polluantes allaient perdre leur droit de cité. Ce cadre vient de sauter.
Sur le terrain, les professionnels constatent un coup de frein immédiat. Dans les concessions, les hésitations augmentent. Pour beaucoup, la peur de ne plus pouvoir circuler constituait la principale motivation pour envisager un passage à l’électrique. Sans cette pression, les arbitrages changent. L’écart de prix reste important, malgré les aides. Et la recharge, encore perçue comme une contrainte, pèse toujours lourd.
Chez les particuliers comme dans les entreprises, le doute s’installe. Moins d’achats neufs, donc moins d’occasion demain. Moins de perspectives, donc moins d’investissements dans les bornes. La dynamique, déjà fragile, se grippe. Et l’électrique, pourtant promis à un avenir dominant, peine à sortir de sa dépendance aux injonctions publiques.

Un vote aux conséquences concrètes pour toute la filière
Les ZFE jouaient un rôle de déclencheur, bien plus que celui d’une contrainte. Elles donnaient une raison tangible de changer de véhicule. Leur suppression, même temporaire, complique le discours des marques, des mairies et de l’État. Les projets de déploiement de bornes pourraient être freinés. L’électrification des flottes locales ou professionnelles risque d’être reportée. Et les discours de transition deviennent inaudibles quand les règles changent au gré des majorités du jour.
Ce flou ne concerne pas seulement les acheteurs. Il pèse aussi sur les constructeurs. Renault, Stellantis, Volkswagen ont investi lourdement dans leur virage électrique. Le calendrier européen, lui, n’a pas changé : la vente de véhicules thermiques neufs sera interdite en 2035. Mais sans étapes intermédiaires claires, la transition devient erratique. Les ZFE formaient l’un de ces jalons. Leur disparition envoie un message inverse à celui de Bruxelles.
Mais… Rien n’est encore joué.
Le gouvernement, qui soutient les ZFE, peut demander une deuxième délibération avant le vote final du projet de loi. La commission mixte paritaire pourrait aussi revenir sur l’amendement. Enfin, le Conseil constitutionnel pourrait tout simplement l’invalider, au motif qu’il n’a aucun lien direct avec le texte de loi initial.
Source : LCP, France Bleu