La fibre optique, qui couvre aujourd'hui 90% du territoire français, est par endroits en danger. Les réseaux publics ruraux font face à une crise financière sans précédent, certains frôlant même la cessation de paiement.

La fibre optique à la compagne reste un problème économique dans certains territoires © lone wolf7 / Shutterstock
La fibre optique à la compagne reste un problème économique dans certains territoires © lone wolf7 / Shutterstock

En France, le plan France Très Haut Débit pour la fibre optique a été célébré comme une réussite nationale. Mais derrière cette success-story numérique se cache une réalité bien moins reluisante. Les Réseaux d'Initiative Publique (RIP), censés apporter la fibre aux campagnes, se retrouvent aujourd'hui au bord de la faillite. Comment en est-on arrivé là, et quelles solutions se profilent pour sauver ces infrastructures vitales ?

Des réseaux de fibre optique ruraux en pleine déroute financière

La situation est alarmante. « Le prochain pas, on saute », a déclaré sans détour le sénateur Les Républicains Patrick Chaize, lors de la conférence de printemps de l'Avicca. Ce n'est pas qu'une formule choc : en Charente, le syndicat mixte gérant le réseau local est passé à deux doigts de la cessation de paiement.

Le département charentais illustre parfaitement ce naufrage annoncé. Avec 20 millions d'euros manquants dans les caisses et un déficit prévu de 10 millions en 2029, la structure n'a survécu que grâce à un nouveau prêt bancaire. « Il y a deux semaines, je suis passé à ça de la cessation de paiement », confie Thibaut Simonin, président de Charente numérique. Une spirale infernale qui n'augure rien de bon.

Cette situation n'est malheureusement pas isolée. Selon la Cour des comptes, 9 RIP sur 10 ont enregistré des coûts de construction supérieurs aux prévisions. Et pendant ce temps, les recettes se font attendre. L'adoption de la fibre est plus lente que prévue, et les recettes commerciales sont insuffisantes. Un cocktail explosif pour des finances publiques déjà sous tension.

Comment sauver les RIP de fibre optique avant qu'il ne soit trop tard

Alors face au spectre d'un rachat à vil prix par des opérateurs privés, certains élus locaux entrent en résistance. En Ariège, Christine Tequi refuse catégoriquement les contrats permettant aux opérateurs d'obtenir une extension de 20 ans pour un euro symbolique. « Si on acceptait ça, on remettrait en cause nos capacités à gérer ce réseau à l'avenir », affirme-t-elle.

Tout se joue désormais sur le terrain de la « tarification récurrente ». Fixés aujourd'hui à environ 5 euros par abonné, ces loyers versés par les opérateurs commerciaux pourraient être revus à la hausse. Une nécessité, selon Walter Martin, qui gère le RIP de l'Ain : « Nous avons fait des simulations à moyen terme et les comptes n'y sont pas. Il y a donc urgence à réviser les tarifs de location ».

Le régulateur des télécoms, l'ARCEP, s'est emparé du dossier. Sa présidente, Laure de la Raudière, en a fait l'une de ses priorités. Une révision des tarifs pourrait ainsi intervenir d'ici la fin de l'année. Un arbitrage délicat entre pérennité des réseaux publics et accessibilité du très haut débit pour tous. L'avenir numérique de nos campagnes en dépend.

Source : La Tribune