Thales vient d'inaugurer GenF, une société dédiée à la fusion nucléaire par confinement inertiel. Le projet, très ambitieux, pourrait révolutionner notre production d'énergie en offrant une alternative sûre, abondante et bas carbone.

Thales dompte l'atome : quand la fusion nucléaire devient littéralement à portée de main. © bigjom jom / Shutterstock
Thales dompte l'atome : quand la fusion nucléaire devient littéralement à portée de main. © bigjom jom / Shutterstock

La course à l'énergie du futur s'accélère, et Thales entend bien y décrocher la médaille d'or. Le géant français a officiellement lancé près de Bordeaux, jeudi 15 mai, GenF. Cette nouvelle entité doit permettre de faire de nouveaux progrès vers la maîtrise de la fusion nucléaire, considérée par beaucoup comme le Saint Graal énergétique. Le groupe, qui a développé le système laser le plus puissant au monde, s'associe au CEA, au CNRS et à l'École polytechnique pour ce projet d'envergure, qui mérite bien quelques explications.

Les lasers français de Thales rivalisent avec le soleil pour produire une énergie quasi illimitée

Contrairement à la fission qui fracture les atomes, la fusion les marie pour libérer une énergie phénoménale. C'est le même processus qui fait briller notre soleil depuis 4,5 milliards d'années. Pour reproduire ce miracle cosmique, Thales mise sur le confinement inertiel, une technique par laquelle des lasers surpuissants compriment la matière, jusqu'à déclencher la danse fusionnelle des atomes.

Comme l'explique le groupe français, « la fusion nucléaire apparaît comme une formidable opportunité de créer une nouvelle énergie sûre, abondante, compétitive et bas carbone. » C'est justement forte de ses 40 ans d'expertise dans les lasers de haute puissance, que l'entreprise a développé le système laser le plus puissant au monde, aujourd'hui exploité en Roumanie.

Thales a donc présenté le projet TARANIS, baptisé comme le dieu gaulois de la foudre, qui a été sélectionné dans le cadre de France 2030 avec un budget initial de 18,5 millions d'euros. C'est une vraie dream team de l'énergie d'ailleurs qui s'est constituée, puisqu'elle rassemble le CEA, le CNRS et l'École polytechnique. De quoi créer un écosystème d'innovation, où la science-fiction d'hier devient la science d'aujourd'hui.

La solution française qui pourrait alimenter l'IA sans détruire la planète

La fusion nucléaire n'est pas un sprint mais bien un marathon en trois étapes. D'ici 2027, les cerveaux de GenF se concentreront sur la modélisation et la simulation, avant d'entamer jusqu'en 2035 une phase plus concrète. La synchronisation multiple de lasers, la production de cibles cryogéniques et le développement de matériaux dignes de Star Trek pour les parois du réacteur seront au programme.

Si les astres s'alignent, 2035 marquera le début de la construction du premier prototype. Une échéance qui semble lointaine, mais Rome ne s'est pas construite en un jour, et la fusion encore moins ! Les récompenses promettent d'être à la hauteur : « un million de fois moins de déchets radioactifs que la fission », et des déchets qui peuvent être « éliminés plus vite ».

Sans oublier que la fusion nucléaire permet de créer une nouvelle énergie abondante (dont les ressources sont présentes en grandes quantités dans la nature), sûre (puisqu'elle ne présente pas de risque d'emballement), mais aussi compétitive et bas carbone (car elle n'émet pas de gaz à effet de serre).

La consommation des centres de données devrait plus que doubler d'ici 2030, selon l'Agence internationale de l'Énergie (AIE). Dans un monde où l'IA s'apprête à engloutir notre électricité, l'initiative de Thales tombe à point nommé. GenF, avec sa dizaine de scientifiques et sa quarantaine de collaborateurs, travaille sur rien de moins que le futur énergétique de l'humanité. Le compte à rebours est lancé depuis la France.