David DEGRELLE, 1ere Position : "La fraude sur Google peut atteindre 35% des clics"

14 juin 2006 à 00h00
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Spécialiste du Search Engine Marketing et directeur de l'agence 1ere Position, David DEGRELLE évoque la question de la fraude au clic sur Google....

JB - David DEGRELLE bonjour. Vous souhaitez relancer le débat sur le class action en cours sur Google AdWords. Quelles sont vos motivations ?

DD - Le 19 mai 2006 un mail de Google France, nous promettait d'en savoir plus dans les jours à venir sur le règlement à l'amiable (class action) et ses modalités d'applications. Près d'un mois plus tard, toujours aucune nouvelle de Google France, ni dans la presse, blogs ou forums en France.

En nous documentant plus précisément, on s'est aperçu que non seulement tous les annonceurs Adwords étaient concernés mais surtout qu'ils devaient avant le 19 juin 2006, rejeter ou s'exclure, via une demande spontanée, du règlement à l'amiable. En ne se manifestant pas, tous les annonceurs Adwords, reconnaissent automatiquement l'accord à l'amiable et en accepte les conditions, de fait.

Vu le bruit assourdissant autour du délai du 19 juin et de la class action en cours, nous avons décidé de réagir d'abord sur notre blog, puis auprès de nos clients, en les informant par mail de la situation, pour leur demander leur avis.

S'agissant d'une recours collectif, on déplore qu'un débat public n'ait pas eu lieu à ce sujet, et que Google France semble préférer attendre la date du 19 juin 2006 pour commencer à communiquer sur les modalités qu'on aura plus qu'à accepter.

JB - A combien estimez vous le niveau de la fraude sur AdWords ? Google est-il assez transparent sur ce sujet ?

DD - Selon Click Fraud Index, la fraude entre Janvier 2002 et aujourd'hui aurait représenté 5 milliards de $. Le taux de fraude au clic moyen constaté est de 14% et notre propre expérience montre que la fraude peut jusqu'à 35% sur les secteurs où le CPC est le plus élevé...

Cela ne signifie par pour autant que Google Adwords, répercute l'intégralité de la fraude auprès de ses annonceurs. Le problème, est l'opacité de Google Adwords (Yahoo ! Search Marketing, et d'une manière générale toutes les autres régies) sur le taux de clics frauduleux ou invalides qui n'ont pas été facturés.

Pourtant les régies CPC certifient avoir mis en place des outils de détection de fraude au clic mais sans fournir de données (qu'ils possèdent pourtant) à leurs clients annonceurs sur ce phénomène. Ce manque de visibilité ne durera pas mais ne viendra pas de Google. Les nouvelles versions des outils de mesure d'audience, comme la dernière de XiTi, intègrent désormais la mesure de la fraude au clic à leurs clients.

JB - Google promet 90 millions de dollars pour dédommager les victimes de fraude au clic. A combien peut-on évaluer la somme pour chaque annonceur ?

DD - Avec les outils dont nous disposons maintenant pour mesurer la fraude, nous allons réaliser des estimations de la fraude sur nos clients, en cas d'accord de nos clients sur le règlement à l'amiable.

Nous avons entre le 19 juin et le 4 août 2006 pour le faire et envoyer le cas échéants notre demande de dédommagements à Google. En tout état de cause et si Google accepte la demande de crédits publicitaires, l'annonceur percevra 0.05% du montant demandé. Par exemple, si le préjudice estimé est de 10 000 €, l'annonceur percevra 5 € sous forme de clics et pas en argent.

JB - Google devient incontournable dans l'univers de la publicité en ligne. En tant qu'agence, êtes vous néanmoins satisfait par leur plate-forme ?

DD - En réalité que ce soit Google ou un autre moteur, le problème de la fraude au clic est le même quelques soit les régies. Sauf qu'avec la position de quasi monopole et de position dominante de Google, cela en fait la principale cible des spammeurs que ce soit sur les liens sponsorisés avec la fraude au clic, qu'en référencement naturel avec le spamdexing, les 2 fléaux du Search Engine Marketing (SEM).

Notre rôle est de défendre l'intérêt de nos clients, c'est ce qui nous incite à prendre des positions très claires et informer nos clients depuis notre origine sur les 2 fléaux du Search Engine Marketing que sont le spamdexing et la fraude au clic.

Du coté des agences SEM, la situation n'est pas plus glorieuse, en effet depuis le 1 janvier 2006 Google a décidé de supprimer purement et simplement les remises agences de 15% et de ne plus appliquer la loi Sapin pour ses clients. Google juge que les liens sponsorisés ne sont pas de la publicité et par conséquent s'estime en mesure de ne pas appliquer les principes de la loi sapin.

A la place Google a mis en place pour les agences, un principe d'intéressement en fonction du volume d'achats. Soit 3% de remise pour des budgets par trimestre compris entre 250k€ et 1M€, 4% de remise pour des budgets par trimestre compris entre 1M€ et 2M€, enfin 8% pour plus de 10M€ dépensés par trimestre, une paille...

Ces conditions ont montré à l'ensemble des agences la volonté de Google de traiter en direct avec les annonceurs en supprimant la remise agence de 15% et l'intermédiation pourtant nécessaire.

Une nouvelle fois ce sont les annonceurs qui se sont retrouvés pénalisés par ces nouvelles conditions, imposées par Google, au détriment de la loi, et qui ont vu leurs budgets agences SEM augmenter de 10% à 15% pour répercuter la suppression des 15% qui servaient en générale à la gestion et au suivi des campagnes, quand ils n'étaient pas offerts aux annonceurs.

Aucune agence SEM ne peut se prétendre partenaire de Google et aucune ne l'est malgré les abus marketing de certaine d'entres-elles. Google cherche à évincer les agences avec des conditions prohibitives vis-à-vis des agences qui ont largement contribué à répandre auprès de leurs clients le modèle de liens sponsorisés Adwords.

Google veut être juge et partie ce qui ne bénéficie pas aux annonceurs, car si l'objectif de Google Adwords est de vendre le plus de clics, celui des agences SEM est de conseiller les annonceurs pour le meilleur R.O.I de leurs campagnes SEM !

JB - David DEGRELLE, merci pour ces précisions !
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