Léo Apotheker, SAP : "tout ce qui contribue à faire augmenter la demande de logiciels est une bonne

02 mai 2006 à 00h00
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Membre du conseil de direction de , Léo Apotheker présente ce géant allemand du progiciel et sa vision du marché à l'heure de l'opensource et du "on demand

JB - L'économie allemande est souvent associée à de grands groupes industriels chimiques, automobiles ou sidérugiques. Mais que représente l'économie du logiciel outre-rhin ?

L.A. - Comme en France, cette économie se compose de quelques acteurs de taille moyenne mais SAP constitue clairement une exception. Nous représentons 14.000 emplois directs et probablement 10 à 15 fois plus d'emplois indirects. Nous générons un chiffre d'affaires global de 8.5 milliards d'euros dont 20% réalisés en Allemagne. Sur le plan financier, SAP est la quatrième capitalisation boursière de la bourse allemande, derrière Siemens, Deutsch Telecom et Eon mais devant Deutsch Bank et Daimler Chrysler

JB - SAP est-il né pour satisfaire les besoins en informatique de gestion de ces grands groupes et de leurs filiales internationales ? Pouvez vos revenir sur l'historique du groupe ?

L.A. - SAP est né au début des années 70, il y a déjà plus de 35 ans, mais notre premier client était la filiale allemande d'un groupe de chimie... britannique ! La croissance de notre groupe vient essentiellement d'une approche novatrice, privilégiant les process et non les fonctionnalités verticales. Nous avons toujours misé sur deux facteurs : l'innovation technologique et la satisfaction du client.

Dès les années 80, SAP s'est internationalisé et a réussi à s'implanter sur le plus grand marché logiciel du monde, les Etats-Unis, où notre ERP R/3 est progressivement devenu un standard du marché. Aujourd'hui, moins de la moitié de notre chiffre d'affaire est réalisé en Europe. L'Amérique du Nord représente environ 38 % de notre chiffre d'affaires et l'Asie déjà près de 13%.

JB - Le patriotisme économique est à la mode en France. Pour les allemands, est-ce que SAP apparaît comme un champion national, au même titre que d'autres multinationales ?

L.A. - Nous sommes présents dans plus de 70 pays, notre actionnariat est très ouvert et nous ne nous considérons plus vraiment comme une entreprise allemande même si nous ne pouvons pas renier nos racines et la culture d'ingénieur qui existe dans ce pays.

Les différents gouvernements allemands avaient jusqu'à présent manifesté peu d'intérêt pour le secteur du logiciel mais j'ai noté que celui d'Angela Merker avait lancé différentes initiatives pour valoriser les nouvelles technologies dans l'industrie traditionnelle. Il existe par exemple beaucoup de logiciels embarqués dans les automobiles haut de gamme et c'est une bonne chose que de vouloir rapprocher ces deux mondes.

JB - Face à des géants américains du logiciel comme Microsoft, Oracle ou , pensez vous que SAP sera un pôle de concentration pour l'économie européenne du logiciel ? Pourriez vous par exemple racheter des éditeurs comme le suédois MySQL AB, les français Business Objects et CEGID et ainsi créer un "airbus du logiciel" ?

L.A. - Nous pouvons acheter des technologies très pointues mais SAP privilégie la croissance organique et si je compare nos derniers résultats financiers, à ceux d'Oracle, habitué aux acquisitions, j'ai tendance à croire que notre stratégie est la meilleure. Tout comme SAP, des éditeurs tels que MySQL et Business Object ont l'ambition d'intervenir à l'échelle globale et ont d'ailleurs une partie de leur management en Californie. Cegid a par contre raté son internationalisation et peut sans doute s'appuyer sur notre plate-forme pour se développer.

Lors de sa création, Airbus regroupait des partenaires industriels d'un poids équivalent (L'Aerospatiale, British Aerospace, DASA) qui multipliaient les coopérations bilatérales et qui bénéficiaient d'un soutien politique et financier des gouvernements. L'industrie européenne du logiciel n'a rien de comparable même si le parallèle avec Airbus est séduisant.

Enfin, j'ajouterais que l'environnement économique en France comme en Allemagne ne réunit sans doute pas toutes les conditions pour voir émerger un tel projet. Il y a une véritable pénurie d'ingénieurs...

JB - L'industrie du progiciel est en mutation, à l'image de la naissance de géants de l'opensource (Red Hat + Jboss) ou de la montée des services en lignes comme SalesForces.com. Comment est-ce que SAP pourra faire face à ces nouveaux défis ?

L.A. - Nous sommes complètement "agnostiques". Nous pouvons par exemple utiliser de l'opensource là où cela a du sens et nous collaborons d'ailleurs avec des éditeurs comme , Jboss, RedHat ou MySQL. Sur le mode de consommation du logiciel, nous proposons également à nos clients du "on demand", très populaire pour des applications de CRM, mais également de la licence traditionnelle. D'une manière générale, tout ce qui contribue à faire augmenter la demande de logiciels est une bonne chose pour notre groupe.

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  • Une croissance à deux chiffres pour SAP +

Lors de la publication de ses résultats financiers du premier trimestre 2006, SAP a fait état d'une forte croissance de son bénéfice à 282 millions d'euros (+11%) ainsi que de son chiffre d'affaires à 2.04 milliards d'euros (+18%). Le groupe présidé par Henning Kagerman, a bénéficié de la forte hausse des ventes de licences (+22%) à 528 millions d'euros, en particulier aux Etats-Unis où la croissance atteint même 47% avec un revenu de 165 millions d'euros.
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