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Patrick Starck, PDG HP France : "c'est la mobilité qui révolutionne le plus nos modes opératoires."

09 juin 2005 à 00h00
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PDG de HP France, Patrick Starck explique la stratégie de son groupe informatique, évoque la montée en puissance des services et la révolution de la mobilité

JB - Patrick Starck bonjour. En quelques mots, pourriez vous rappeler votre parcours avant de prendre la direction de HP France ?

PS - Bonjour. J'ai une formation d'Ingénieur à Supelec et je travaille dans le secteur informatique depuis plus de 20 ans. J'ai débuté ma carrière chez où j'ai occupé différentes fonctions commerciales puis j'ai rejoins Compaq en 1994 pour créer l'activité grands comptes et systèmes. Après les acquisitions de Tandem en 1997 puis de Digital en 1998, je suis devenu Président-directeur général de Compaq France avant de prendre les nouvelles fonctions de PDG du nouvel ensemble, suite à la fusion avec HP en 2002.

JB - HP vient de publier un CA trimestriel en croissance de 7% à 21.6 Mds$ et une hausse de ses bénéfices de 9% à 0.966 Mds$. Devant la santé financière de votre groupe, comment expliquez vous le départ de Carly FIORINA et la nomination de Mark Hurd ?

PS - Le départ de Carly Fiorina n'est pas lié à l'absence de résultats à proprement parler mais, comme le "board" l'a déclaré, porte plutôt sur la rapidité de mise en œuvre de la nouvelle stratégie d'HP. L'industrie informatique évolue très vite et le " board " de la société a estimé qu'il fallait donc accélérer les réformes. Le nouveau PDG Mark Hurd fait actuellement le "tour du propriétaire" et devrait s'atteler à la mise en œuvre de ces réformes.

JB - Les actionnaires d'HP n'ont-ils pas reproché à votre groupe de faire le grand écart entre l'électronique grand public et l'information professionnelle ? Peut-on affronter en même temps Sony, et IBM ?

PS - Le cœur de métier d'HP est le traitement numérique de l'information. Notre groupe est légitime pour apporter des solutions dans tous les domaines de la révolution numérique. Je peux même ajouter qu'HP est dans la locomotive de ce TGV qu'est la révolution numérique. Par exemple, avec le nouveau DEC (Digital Entertainment Center - Placé dans le salon, ce centre multimédia permet, entre autres, de regarder la télévision, ses vidéos, ses photos, de se connecter sur Internet, d'écouter de la musique, de graver ses CD ...), nous sommes au cœur de la convergence numérique.

Autre exemple, si nous entrons sur un marché comme celui de la photographie où il fallait il y a encore quelques années des compétences en physique ou en chimie, c'est une fois de plus grâce à la révolution numérique. Il ne nous a fallu que trois ans pour être reconnus sur ce marché et être cités par les magazines spécialisés. Pour l'opposition entre le marché professionnel et le marché grand public, il est vrai que les produits sont différenciés mais les technologies sont les mêmes. Être présent sur ces deux marchés nous permet de bénéficier de l'effet de volume , de mieux négocier avec nos fournisseurs et ainsi de proposer les meilleurs prix à nos clients.

En quittant le marché grand public, IBM n'a, par exemple, plus été en mesure de bénéficier de cet effet de volume et n'a pas eu d'autre choix que de céder son activité PC pro à Lenovo.

JB - Une grande partie de la valeur d'un PC vient du processeur. Ce segment de marché n'est plus à l'ordre du jour pour HP ?

PS - Au moment de la fusion entre Compaq et Digital, Compaq a effectivement hérité de la technologie Alpha que développait Digital mais nous avons compris que nous n'arrivions pas à atteindre les volumes susceptibles de proposer des prix réalistes à nos clients. Nous avons donc préféré céder cette activité à Intel et établir un partenariat stratégique autour du développement de la technologie pour les serveurs Intel Itanium.

Notre métier est celui d'un intégrateur, nous continuons d'investir dans le logiciel d'infrastructure avec de nombreuses acquisitions, environ une dizaine dans ce domaine, rien que pour l'année 2004. De plus, nous investissons en R&D près de 4 Milliards de dollars chaque année et avons un portefeuille de près de 22 000 brevets. Par exemple, c'est un brevet HP qui a permis de compresser les photographies prises sur Mars par la dernière sonde spatiale.

JB - HP commercialise des PC, des PC portables, des tablettes PC, des MediaCenters, des baladeurs, des APN, des imprimantes, des ordinateurs de poche et des téléviseurs. Allez vous logiquement vous lancer sur le marché de la téléphonie mobile ?

PS - Nous n'avons pas prévu de lancer des téléphones mobiles basiques. Étant donné que nous venons de l'univers du PocketPC, nous avons préféré décliner une gamme populaire comme celle de l'iPaq en ajoutant de plus en plus de connectivité : bluetooth, wifi ou désormais GSM/EDGE et GPS. La voix vient donc s'ajouter à de très nombreuses fonctionnalités telles que l'agenda, la messagerie électronique mais également la création de documents Office ou la lecture de fichiers audiovisuels.

Nous ne sommes pas encore vraiment présents sur le marché du baladeur puisque le H-Pod est actuellement un produit dérivé du iPod de . Nous préférons consacrer actuellement notre capacité d'investissement à des produits comme le DEC (Digital Entertainement Center).

JB - Dans l'informatique, on parle de plus en plus de la concurrence chinoise ou indienne. Est-ce une menace pour HP ?

PS - HP est un acteur global et nous opérons dans 178 pays. Quand nous décidons de développer de nouveaux logiciels, de nouveaux centres de support, nous faisons le constat que certains pays asiatiques ou d'Europe de l'Est ont de fortes compétences et des coûts salariaux limités. Cette globalisation de nos fournisseurs a néanmoins une contre partie puisqu'elle permet également à nos clients, qui restent des entreprises françaises, de bénéficier de services informatiques au moindre coût et d'améliorer à leur tour leur compétitivité.

Ce phénomène ne se limite pas au secteur privé puisque même des entreprises publiques ou des administrations doivent désormais faire des appels d'offre en prenant obligatoirement le mieux offrant. La globalisation est une réalité et je préfère l'anticiper et m'y adapter plutôt que de la subir. Bien sûr, il y aura toujours des gens pour faire l'autruche ou pour réclamer des "lignes Maginot" mais en général, ça se termine mal...

JB - Selon vous, l'avenir passe-t-il par le service ou par le progiciel ?

PS - Nous pensons que nos clients n'achèteront plus des PC, des logiciels ou des progiciels mais de plus en plus de service informatique global, incluant ces éléments, du conseil, de la formation et de l'infogérance. Un client comme Renault a, par exemple, décidé d'externaliser auprès d'HP la gestion de son parc de micro-ordinateurs et nous lui avons proposé une solution globale, facturée par mois et par poste, incluant le matériel, le logiciel, le support utilisateur et l'infogérance.

A titre personnel, je pense même que cette logique s'appliquera aussi sur le marché grand public. Quand on a un problème avec son PC ou son téléphone mobile, on commence à prendre l'habitude d'appeler directement la "hotline" de son opérateur fixe ou mobile. Dans cette logique, on pourrait imaginer des forfaits globaux, incluant la location du matériel, la connectivité, les contenus, la maintenance et le support client.

JB - Pensez vous que les grands éditeurs de logiciels d'infrastructure comme Microsoft, IBM Software ou Oracle pourront éviter à la lame de fonds du logiciel libre ?

PS - Le logiciel libre est une réalité du marché, tant au niveau des applications que des infrastructures, mais ne reste qu'une brique dans cette offre globale de services informatiques dont nos clients ont besoin. HP est d'ailleurs le premier fournisseur d'environnement Linux au niveau mondial et nous proposons des offres de support pour les clients qui font ces choix.

Pour ce qui est du progiciel, c'est un segment où HP est présent avec ses solutions de supervision "OpenView" permettant le monitoring des processus, des applications et des infrastructures. Nous sommes d'ailleurs un partenaire stratégique des sociétés que vous avez mentionné. Le logiciel libre entraîne une baisse des prix des technologies standard et nous pousse à proposer toujours plus d'innovations pour nos clients.

JB - En quelques années, un géant de la bureautique comme Microsoft s'est imposé sur le web avec sa division MSN. HP vient récemment de racheter Snapfish.com Internet est-il un terrain d'expansion pour votre groupe ?

PS - Nous n'avons aucun projet de messagerie e-mail ou de moteur de recherche mais le rachat de Snapfish.com, un site d'impression de photos par internet, s'inscrit dans cette vision d'offrir un service global à nos clients, combinant appareils photo numérique, imprimantes, consommables et sites d'impression en ligne. Ce site web est donc proche de nos activités historiques mais il constitue également une sorte de vigie pour comprendre l'évolution des besoins de nos clients.

JB - Selon vous, quels seront les grands défis de l'informatique de demain ? Le grid computing ? L'infogérance ? Les web services ? Le web sémantic ?
La mobilité

PS - En dehors de la montée en puissance du service, je dirais que c'est la mobilité qui révolutionne le plus nos modes opératoires. En à peine une décennie, nous nous sommes tous équipés d'un téléphone mobile. Les ventes de PC portables devraient très prochainement dépasser les ventes de PC fixes. Les réseaux cellulaires ou sans-fil se déploient à très grande vitesse et nous promettent bientôt une connexion permanente, à haut débit, partout, tout le temps. Outre l'impact sociologique, cela aura un impact technologique profond aussi bien sur le marché grand public que sur le marché professionnel.

HP étudie également d'autres technologies de rupture comme les "nanotechnologies", un domaine où nos laboratoires sont très actifs. Nous travaillons également sur la puissance de calcul, avec la volonté de mutualiser la puissance disponible dans une entreprise avec le grid computing. Et nous proposons de mutualiser l'accès à notre super calculateur, appelé HPC1, sous forme d'une prestation de service, y compris pour une PME.

Pour conclure, HP entend proposer de la haute technologie à bas coût. C'est à mon sens l'équation gagnante pour satisfaire nos clients.

JB - Patrick Starck, je vous remercie.
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