Ce 1er décembre, le JT-60SA est officiellement devenu le plus grand réacteur actif dédié à la recherche sur la fusion. Après une décennie de travaux et deux années de réparations suite à un accident, ses résultats serviront à mieux maîtriser la fusion pour ITER, mais aussi pour les futurs réacteurs commerciaux.
C'est un monstre de 15,5 mètres de haut et de 13,5 mètres de diamètre, qui a enfin pris vie à Naka, dans la préfecture d'Ibaraki, au Japon. Dans l'installation la plus importante du pays (le Japon y a même accolé une école spécialisée sur la fusion), le réacteur de type Tokamak produit depuis fin octobre sa première campagne révisée de plasmas chauds à très haute énergie.
L'inauguration, ce vendredi 1er décembre, vient en quelque sorte récompenser ces premiers résultats très importants pour les recherches sur la fusion. Et c'est un succès japonais, mais aussi européen !
Un nouveau look pour une nouvelle vie
En réalité, le JT-60 a vécu plusieurs vies, à l'instar de plusieurs autres installations autour du monde sur la fusion. En effet, il a été construit dans les années 80, puis inauguré une première fois en 1985. Sa spécificité est d'avoir été conçu comme s'il allait atteindre la frontière énergétique à laquelle un réacteur de fusion produit autant d'énergie qu'il en nécessite pour fonctionner (on parle communément du breakeven ou de fusion à gain positif)… en sachant que le JT-60 n'atteint pas cette frontière. En effet, il n'utilise pas les isotopes les plus propices de l'hydrogène, le deutérium et le tritium, seulement de l'hydrogène et très peu de deutérium, ce qui permet d'avoir des installations beaucoup moins exposées à de la radioactivité, et donc de pouvoir les modifier plus vite.
Très utile, sachant que le JT-60 est dédié à la recherche, et non à prouver, comme son cousin plus moderne ITER, qu'il est possible de produire de l'énergie au-delà du breakeven sur des périodes significatives. Le JT-60 a donc été modifié et amélioré plusieurs fois en presque 40 ans : JT-60A, JT-60U et, à présent, JT-60SA dont la modification a démarré en 2013. En attendant ITER, il est le plus grand réacteur Tokamak au monde.
Maxi réacteur, mini ITER
Cette dernière amélioration a un lien direct avec le réacteur ITER, dont la construction, émaillée de problèmes (c'est après tout un territoire nouveau), a lieu en France sur le site de Cadarache. D'abord, le JT60-SA n'est pas qu'un réacteur japonais, il est partiellement financé et implique les travaux de nombreux chercheurs européens.
Ensuite, l'essence même de cette modification vise à former des plasmas à haute énergie qui auront la même forme que ceux d'ITER : même si le JT-60SA est plus petit, il partage désormais plusieurs éléments clés avec le réacteur en France, comme ses aimants conducteurs, la façon de refroidir le réacteur, la gestion des flux, le système de contrôle… jusqu'aux mêmes logiciels de conception et à la gestion de la documentation.
De quoi mesurer, préparer et optimiser à plus petite échelle les réactions de fusion qui auront lieu sur ITER d'ici la fin de la décennie. Un défi de conception, et industriel au cours duquel le JT-60SA a aussi dû faire face à différents déboires. Le plus important a eu lieu en mars 2021, alors que le réacteur était prêt. Lors d'un test avec son puissant champ magnétique, un court-circuit avait provoqué des dégâts, une enquête et 25 mois de travaux. Il est long le chemin pour maîtriser cette « énergie des étoiles » !
Source : FranceTVInfo