Jean-Michel Bérard, ESKER : "Le zéro papier sera une réalité dans une dizaine d'années"

01 mars 2005 à 00h00
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Président fondateur d'Esker, Jean-Michel BERARD présente son entreprise et le marché du "Deleveryware" dont il revendique le leadership européen

JB - Jean-Michel BERARD, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre parcours personnel ? Comment est né Esker ?

JMB - Diplômé de l'INSA Lyon où j'ai rencontré mon associé, j'ai crée Esker dès la sortie de l'école en 1985. Notre ambition était de devenir éditeur mais nous ne savions pas encore dans quel domaine nous spécialiser. Après quelques années où nous avons surtout vécu de prestations de services informatiques vendues aux entreprises, nous avons mis au point un émulateur de terminal pour connecter les PC (alors émergents) aux grands systèmes UNIX ou AS400. L'activité a décollé à ce moment là et nous sommes passés d'un chiffre d'affaires de 300.000 euros en 1989 à plus de 8 millions en 1995 puis près de 30 millions en 2001.

Le succès de ce produit nous a permis d'entrer en bourse, de réaliser des acquisitions aux Etats-Unis et de préparer le lancement de nouveaux produits pour assurer le relais de croissance.

JB - Aujourd'hui comment peut-on vous présenter ? Un éditeur de logiciels spécialisé dans la dématérialisation du document ?

JMB - Nous sommes un des leaders des solutions de dématérialisation et d'automatisation de la distribution de documents. Notre ambition est d'aider les entreprises à débarrasser leurs processus de gestion du papier ou de sa manipulation. Nos solutions sont conçues pour les grandes fonctions de l'entreprise telles que la comptabilité, les achats, le recouvrement, la prise de commande, etc...

JB - Concrètement, que proposez vous ?

JMB - Nous proposons une plateforme appelée "DeliveryWare" qui se connecte en lieu et place des imprimantes et qui capture les flux d'impression pour les analyser et les convertir à la demande en fax, en email, en fichier pdf voire même en courrier postal. Au passage, DeliveryWare assure la mise en forme des documents, un suivi de l'envoi ainsi que l'archivage.

Nos solutions permettent de réaliser des gains importants en économisant sur l'encre, le papier ou l'affranchissement. Elles peuvent faire surtout gagner un temps précieux. Nous estimons que nos solutions peuvent faire gagner près de 8 heures par jour à une entreprise devant envoyer 500 documents quotidiennement.

JB - Le zéro papier est un mythe pour l'entreprise ?

JMB - Le zéro papier sera une réalité dans une dizaine d'années mais en attendant, nous avons une approche pragmatique. Nous ne sommes pas encore en mesure d'éliminer le papier mais nous sommes en mesure d'éliminer sa manipulation. Nous réfléchissons également à une activité d'opérateur documentaire pour accompagner les échanges inter entreprises. Nous pourrions ainsi compléter les places de marché BtoB avec la prise en charge de la facture électronique et du télépaiement.

JB - Vos solutions s'adressent-elles uniquement aux grosses sociétés ?

JMB - Pour le moment, nos solutions s'adressent essentiellement aux multinationales et aux grosses PME mais nous travaillons sur le lancement d'une solution pour les TPE et les professionnels indépendants.

JB - Vous avez adopté une méthode de facturation "on demand". Vous pensez que ce principe va s'imposer dans votre industrie ?

JMB - Oui, je pense que le modèle "à la demande" est l'avenir du logiciel. Les directions informatiques arrivent tout juste à gérer les régulières migrations de leur système d'information ou les fusions acquisitions décidées par leurs directions. Elles n'ont plus de "bande passante" pour les nouveaux projets. Le modèle à la demande leur permet d'acheter le logiciel comme un service, sans avoir à consacrer trop de ressources internes à la gestion du projet.

JB - Avez-vous l'ambition de vous renforcer dans des domaines comme l'édition de documents ou la messagerie d'entreprise ?

JMB - Il y a déjà de nombreux acteurs dans ces domaines et on préfère s'appuyer sur des normes de fait. Nous allons certainement nous renforcer dans l'univers de l'archivage et du routage des documents.

JB - La France a des champions dans l'univers des services mais relativement peu dans l'univers des éditeurs. Comment expliquez vous ce paradoxe ?

JMB - Esker est le leader européen du Deliveryware mais nous réalisons 85% de notre activité à l'international en raison de l'étroitesse du marché national. Nous avons également remarqué que sur le marché français, la proposition de valeur du logiciel, dont les revenus viennent des licences, était souvent mal comprise. L'administration par exemple, qui pèse un tiers du marché, refuse d'investir dans les licences et mise tout sur le logiciel libre et les services. Ils pensent faire des économies mais je pense qu'à l'arrivée, ce type de stratégie leur revient beaucoup plus cher.

JB - Esker est présent en bourse. Comptez vous poursuivre votre politique d'acquisitions ?

JMB - Pour le moment, nous privilégions notre mutation de l'émulation de terminal vers le deliveryware et misons sur la croissance organique. Lorsque notre capitalisation boursière aura rattrapé notre chiffre d'affaires, nous pourrons alors envisager de nouvelles acquisitions dans des domaines tels que l'archivage, les systèmes d'impression ou encore les moteurs de recherche afin de compléter et de solidifier notre offre. Nous envisageons également de nous implanter en Europe du Nord et en Europe de l'Est pour renforcer notre position de leader européen.

JB - Jean-Michel BERARD, je vous remercie.
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