Patrick BERTRAND, CEGID : "Il n'existe pas de leader français de l'édition de progiciels de gestion

16 février 2005 à 00h00
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Directeur Général du groupe Cegid, Patrick BERTRAND évoque son activité d'éditeur de progiciels de gestion et la coexistence avec les grands groupes américains

JB - Patrick Bertrand, bonjour. Comment se porte le groupe CEGID en ce début d'année 2005 ?

PB - Avec un chiffre d'affaires pro-forma de 223 millions d'euros, 2000 collaborateurs et près de 80.000 clients utilisateurs, Cegid se porte globalement bien. Le renversement de tendance se confirme et nous avons observé une hausse de plus de 5.5% de notre croissance interne au dernier trimestre 2004.

JB - Cegid est un acteur français de l'informatique de gestion. Comment se passe la coexistence avec des géants comme , Microsoft ou désormais Oracle depuis le rachat de PeopleSoft ?

PB - Il est clair qu'on observe un mouvement de concentration autour de ces leaders mondiaux car ce métier exige de fortes capacités d'investissement pour proposer toujours les meilleurs progiciels. En outre la loyauté des clients pour une solution oblige ces acteurs à opter pour la croissance externe.

Mais selon moi, le véritable enjeu est la capacité à distribuer ces progiciels au mid market. Les PME n'achètent pas une "marque" mais font le plus souvent confiance aux solutions recommandées par les acteurs de proximité qui les conseillent et leur apportent les services, notamment de formation et d'intégration. C'est cette implantation sur le terrain, cette proximité avec les clients, qui est le véritable enjeu.

Pour ce qui concerne les grands fournisseurs de technologies qui sont pour certains aussi acteurs dans le monde de l'applicatif de gestion, il est clair que cette stratégie les mets en compétition avec leurs partenaires éditeurs et/ou leur réseau de revendeurs.

JB - On oppose parfois les ERP, des progiciels pour gérer les chiffres, aux ECM, des progiciels pour gérer les mots. Comment se positionne CEGID ?

PB - Il faut être prudent car il y a une floraison régulière de termes, de signes ou de concepts. La réalité d'aujourd'hui et la demande des utilisateurs est que le système d'information intégre de manière native les notions d'intégration de l'information ou de travail collaboratif.

CEGID propose depuis longtemps des briques de messagerie, de bureau, de communication avec le SI. Les PME sont de plus en plus conscientes des retour sur investissement qu'offrent ces solutions et "l'information intégrée" sera certainement à l'origine d'un nouveau cycle d'investissement, comparable à celui qu'on a pu observer en 1999.

JB - La France compte quelques champions dans l'univers des services informatiques mais est beaucoup plus discrète dans l'univers du logiciel où règnent en maitre les américains. Comment expliquez vous ce paradoxe ?

PB - La question est intéressante et nous a déjà été posée suite au rachat de CCMX car nous sommes devenus de fait le numéro 1 sur le mid market en France. Il n'existe en effet pas de leader français de l'édition de progiciels de gestion au niveau mondial ou au niveau européen. Je pense que l'environnement fiscal français explique ce paradoxe. Outre le coût des salariés qualifiés qui concoivent les logiciels, la France ne permet pas de défiscaliser les investissements immatériels aussi facilement que dans les pays anglo saxons. Il faut également ajouter que les ratios de valorisations des éditeurs logiciels sont supérieurs de 10 à 15% dans les pays anglo-saxons, ce qui donne une sorte de "prime" à leurs éditeurs dans les opérations de fusion-acquisition.

JB - Le groupe Cegid s'est constitué en rachetant de nombreux éditeurs. Continuerez vous à être un prédteur ou le temps est venu d'être une proie pour un acteur de plus grande dimension .

PB - Nous n'aimons pas l'expression de "prédateur" par contre, nous pensons que le marché français a besoin d'un acteur capable de jouer le rôle de fédérateur. Comme nous l'avons montré dans le passé, nous avons réussi à intégrer près d'une dizaine de sociétés par croissance externe tout en conservant une implantation locale dans de nombreuses villes françaises sur lesquelles étaient implantée ces entreprises. Une fois que la fusion avec CCMX sera finalisée, nous pourrions d'ailleurs profiter du second semestre de l'année 2005 pour annoncer de nouvelles opérations afin de renforcer notre présence dans des secteurs verticaux

Notre objectif est clair : nous voulons jouer un rôle dans le contexte de concentration actuel. Notre position sur le Middle-Market, notre expertise dans le domaine des offres verticales et notre réseau de distribution direct et indirect sont aujourd'hui de vrais atouts.

JB - Patrick Bertrand, je vous remercie.
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