Paul Perdrieu, Noheto : "Après les ERP, voici le temps de la gestion de contenu"

10 septembre 2003 à 00h00
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JB - Paul PERDRIEU, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre parcours ?

PP - Bonjour, j'ai 32 ans et je suis diplômé d'un MBA de l'IAE d'Aix en Provence. J'ai débuté ma carrière chez Inside Technologies, une société créée par des anciens de Gemplus, puis je suis devenu chef de produit chez Nec Smart Card. Dans le cadre de ces deux activités, j'ai eu à traiter de grosses quantités de données et j'ai débuté mes réflexions sur les intranets. Nous étions alors en 1996 et je trouvais que les temps de mise à jour étaient trop longs et qu'on était encore loin de pouvoir répondre aux contraintes du monde professionnel.

JB - Comment est née Noheto ? que signifie cette marque ?

PP - Noheto signifie "On y va" en langue cheyenne. Après plusieurs années de veille et de recherche, mon associé, alors salarié d'une SSII, a trouvé l'innovation que nous attendions. Notre procédé, breveté, permet de traiter l'information en séparant les données, les gabarits et les règles de gestion. Cela contribue à simplifier considérablement la mise en oeuvre sur mesure et l'administration de solutions internet, intranet et extranet. Nous avons donc décidé "d'y aller" et de créer Noheto.

JB - Avez vous fait appel au capital risque ?

PP - Avec mon associé, nous avons réuni le capital nécessaire pour créer une société anonyme puis nous avons bénéficié d'une aide de l'Anvar d'environ 30.000 euros. Nous n'avons jamais été vraiment en phase avec le monde du capital risque et nous avons préféré nous concentrer sur la recherche de véritables clients. Avec le recul, cette période a été assez difficile mais je pense que notre démarche a été beaucoup plus saine et explique notre réussite aujourd'hui.

JB - Sur quel marché évolue aujourd'hui la société Noheto ? le logiciel ? le conseil ?

PP - Noheto est le leader français sur le marché de l'édition de solutions logicielles de gestion de contenu web J2EE (internet, intranet, extranet) et nous constituons une alternative à des solutions nord américaines comme Vignette, Documentum ou encore Interwoven. Nous réalisons 70% de notre chiffre d'affaires sur la vente de licences.

Après une décennie d'investissement dans les progiciels de gestion intégrée (ERP), c'est à dire des logiciels qui gèrent des chiffres, les entreprises commencent à comprendre qu'elles ont également besoin de savoir gérer les mots avec des outils à nouveau spécifiques comme les solutions de gestion des contenus web. Après les ERP, voici le temps des ECM !

JB - Qui sont les clients de Noheto ?

PP - Notre premier client significatif a été "Vivasso", start-up financée par BNP Paribas, mais après l'effondrement des dotcoms, nous avons rapidement élargi notre portefeuille de clients à des sociétés plus classiques comme COFIDIS, Indosuez ou encore récemment la Société Générale.
Nous comptons également de nombreux clients issus du secteur public comme l'Assemblée Nationale, le Minefi (impots.gouv.fr) ou le Conseil général du Rhône. Nos outils permettent d'améliorer la relation avec le citoyen et de lui fournir un meilleur service dématérialisé.

JB - Comment peut-on calculer le retour sur investissement d'une solution de gestion de contenu web ?

PP - Chaque projet est différent en terme de ROI. Je dirais qu'aujourd'hui c'est le coût de ne rien faire dans le domaine de la gestion de contenu d'entreprise qui motive les projets. En effet, nos clients sont conscients que bien exploiter l'information qualitative est un facteur majeur de compétitivité ; ne rien faire les met en danger face à la concurrence. De plus, nos clients ont en général déjà été confrontés à la mise en place d'intranet ou de site internet et comprennent tout de suite qu'ils peuvent faire des gains de productivité avec une solution automatisée comme la nôtre. Au delà de l'économie d'un ou deux webmestres, une solution de gestion de contenu web permet surtout de raccourcir les délais de publication et de produire une information de qualité c'est à dire fiable, à jour et ciblée. Ceci augmente le niveau de service aux clients et aux partenaires mais aussi aux collaborateurs en interne. L'entreprise gagne de nouveaux clients et en fidélise d'autres en adoptant un comportement plus réactif et plus productif. L'investissement initial de 100 à 200k € est alors rapidement rentabilisé et représente un budget par salarié insignifiant pour une grosse structure.

JB - Comment diffusez vous vos solutions ?

PP - Nous avons 3 canaux de distribution : la vente directe, la vente au travers de notre réseau de partenaires intégrateurs et la vente dite embarquée au sein d'offres packagées comme celle de Sopra (SGPS). Nous serons toujours les premiers vendeurs de nos solutions qui restent technologiquement ouvertes à l'ensemble du monde J2EE. Les solutions Noheto fonctionnent sur des serveurs d'applications comme Jboss / Tomcat, BEA Weblogic ou encore WebSphere. Nous travaillons avec des bases de données comme Oracle ou MySQL. Nos principaux partenaires SSII sont Sopra, Unilog, Teamlog, CosmoBay et bientôt, je l'espère, . Nous sommes distribués également par GFI Progiciels sur le marché des collectivités territoriales, par contre nous n'avons pas encore d'alliance avec un éditeur de progiciels de gestion comme .

JB - Malgré quelques succès comme BO, MadrakeSoft ou ILOG, la France ne compte pas d'industrie puissante du logiciel. Comment expliquez vous cette situation ?

PP - Il y a effectivement un vrai frein culturel. Les français ont tendance à se méfier des nouveaux produits et ne font pas preuve du même pragmatisme que les anglo-saxons par exemple. L'innovation est adoptée moins vite et beaucoup de gens refusent l'idée de payer pour une licence logicielle. Ils ne voient pas qu'il faut amortir les frais de recherche & développement et qu'il faut maintenir le produit dans le temps. Par contre, les clients français font souvent preuve d'une grande fidélité.

JB - Quelle est votre position sur le Brevet logiciel ?

PP - Noheto a déposé un brevet pour protéger son procédé de gestion des contenus web et nous sommes bien évidemment en faveur de ce type de protection intellectuelle, qui permet de financer la R&D et de protéger un savoir-faire au service des clients. Le modèle du logiciel libre est sympathique et a certainement fait du bien à la profession car il nous pousse à construire des offres éprouvées, mais il se limite à l'entrée de gamme. Un gros client ne peut pas accepter que les mises à jour de son système d'information reposent sur le bon vouloir d'une équipe de développeurs situés au fin fond de la californie. Quand il a un problème, il exige des garanties quant aux délais de résolution.

JB - Monsieur Perdrieu, je vous remercie.
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