Roland COUTAS, PDG de Travelprice, agence de voyage en ligne

04 avril 2002 à 00h00
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PU : Roland COUTAS, bonjour. Pouvez-vous présenter brièvement votre parcours et la société Travelprice ?

RC : Pendant près de 7 ans, j'ai été producteur d'émissions de télévision, notamment des émissions de Brigitte Bardot et de Frédéric Mitterrand pour toutes les chaînes françaises, puis journaliste. J'ai découvert Internet en 1995 et j'ai été fasciné par l'opportunité de ce nouveau monde. J'ai choisi le voyage car cela représentait la plus grande part de marché sur Internet en terme de business. Le tourisme est calqué pour les nouveaux médias électroniques et la révolution de l'information.
J'ai démarré la société Travelprice vers 1995 pour être parmi les premiers en Europe sur le modèle d'une agence de voyage généraliste par Internet et par Call center. Il s'agissait de profiter de la révolution numérique pour révolutionner le tourisme.

PU : Quel est votre positionnement sur le marché du voyage en ligne?

RC : Nous distribuons la quasi totalité des compagnies aériennes mondiales, des tours-opérateurs... dans les pays où nous sommes présents : France, Belgique, Italie et Espagne. Internet permettant de réduire les coûts de distribution, nous essayons d'en faire profiter nos clients. Sur Travelprice, l'Internaute peut trouver la quasi totalité de l'offre (billets d'avion, séjours, croisières, voitures...) logiquement au meilleur prix.

PU : Vous vous définissez comme le leader européen du voyage en ligne... et vous n'êtes pas le seul ! Qui sont, selon vous, vos concurrents les plus sérieux ?

RC : Oui, nous sommes le leader en Europe du Sud. De façon générale en Europe du Nord, les deux acteurs sont Ebookers et Lastminute et en Angleterre, il existe plusieurs acteurs comme Expédia et maintenant Travelocity. En Europe du Sud, il y a quelques concurrents pays par pays mais pas d'acteur européen mis à part Travelprice.
En France, nous avons atteint ou dépassé l'ex Dégriftour racheté par Lastminute mais leur modèle n'est pas d'être une agence de voyage généraliste, mais de voyage de dernière minute. Quant à la SNCF, elle a fait une alliance étonnante avec la société privée , à la limite de la légalité sachant que la SNCF est une société publique et pour le moment, ils vendent surtout beaucoup de billets de train. Au final, nos concurrents, ce sont plutôt les agences traditionnelles.

PU : Vous vous dites spécialisé sur l'Europe du sud mais vous vous êtes retiré de certains pays du nord...

RC : Nous avions une présence marketing en Allemagne et en Angleterre avec juste un site ouvert mais tout était sous-traité à des sociétés allemandes et anglaises. Nous n'avions pas de personnel Travelprice, ni de call center sur place. Il s'agissait uniquement d'une présence tactique. Nous étions prêts à attaquer ces marchés, mais notre volonté a toujours été l'Europe du Sud.
Nous nous sommes rendus compte il y a un an qu'on ne pouvait pas être partout surtout avec la crise que nous avons traversée et qui nous a incités à la prudence.
En revanche, nous étions très présents au Canada, mais cela n'étant pas notre priorité, nous avons décidé de donner Travelprice en licence à une société canadienne InterTransit.

PU : Les attentats du 11 septembre 2001 ont pesé fortement sur le secteur du tourisme. Qu'en a-t-il été pour Travelprice ?

RC : Les attentats ont été évidemment très néfastes et notamment pour le tourisme. C'est à ce moment-là que nous avons choisi de nous retirer de certains pays pour nous concentrer sur l'Europe du Sud et nous avons resserré les budgets.
Cependant, sur les mois difficiles d'Octobre à Décembre, le Syndicat National des Agences de Voyages (SNAV) a indiqué que l'activité des agences de voyages avait baissé de 13,5% alors que l'activité de Travelprice a augmenté de 37%. Clairement, nous aurions fait mieux sans les attentats. Mais les agences en ligne ont été beaucoup moins touchées. Cela s'explique : les compagnies aériennes et les tours opérateurs déstockaient et seul l'Internet permet la réactivité pour proposer ces places beaucoup moins chères. Par ailleurs, depuis janvier tout est revenu à la normale.

PU : Pouvez-vous me communiquer vos résultats financiers et la répartition entre les différents pays ? A quand la rentabilité ?

RC : Nous avons réalisé 69 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2001, soit 120% d'augmentation par rapport à 2000. La majorité du chiffre d'affaires se fait en France (de l'ordre de 60%), suivi par l'Italie, l'Espagne et la Belgique. Ces résultats sont inférieurs aux chiffres initialement prévus, ce qui s'explique par la fermeture de certains pays d'où un volume global d'affaires inférieur aux anticipations.
Cependant, l'important n'est pas le chiffre d'affaires mais la rentabilité que nous prévoyons pour mi-2003. Le premier trimestre 2002 est en conformité avec nos objectifs, nous sommes totalement confiants.

PU : Vous avez largement communiqué pour asseoir votre marque. Quel est le coût de cette politique marketing ? Qu'en est-il des retombées ?

RC : C'est significatif mais le coût reste confidentiel. En trois ans, Travelprice est devenue une marque très connue de la majorité des français. Sur le site, nous avons eu 500.000 visiteurs uniques au mois de mars, pour 14 pages vues par visiteur en moyenne. Certains jours, le site italien dépasse le site français, nous avons donc fait pareil dans les autres pays. Nous avons réalisé un exploit en faisant connaître une marque si fortement en si peu de temps. Maintenant, nous devons continuer à fidéliser les clients.

PU : Pouvez-vous me parler de vos différents partenariats avec les acteurs du Net et offline ?

RC : Nous sommes partenaires des plus gros acteurs du Net. Nous avons été le premier site d'e-commerce à avoir signé un partenariat avec Wanadoo. On peut citer aussi les partenariats avec ou Lycos.
Aujourd'hui, ces acteurs ont besoin de notre contenu pour leurs abonnés ou utilisateurs. La tendance est en train de se renverser. Le nerf de la guerre, c'est le contenu, pas le contenant !
Cependant leur apport est faible, il s'agit plus de visibilité, la majorité de nos visiteurs viennent directement sur le site Travelprice.

Offline, nous sommes partenaires notamment de Mc Donald's, et d'un certain nombre d'émissions de télévision pour lesquelles nous offrons des voyages comme « Union Libre » présentée par Christine Bravo ou le « Burger Quizz » sur Canal Plus.

PU : Quelles sont vos perspectives d'avenir ? Et envisagez-vous une entrée en bourse ?

RC : Nous voulons continuer à nous développer et consolider nos acquis là où nous sommes présents c'est-à-dire en Europe du Sud (France, Belgique, Italie et Espagne) et atteindre l'équilibre financier pour 2003. Tout est possible dans le monde actuel mais l'entrée en bourse n'est pas à l'ordre du jour dans les prochains mois.

PU : Des développements en terme de mobilité ?

Nous sommes présents sur le wap et autre mais ce qui fonctionne c'est l'Internet et le téléphone. Aujourd'hui, les français ne sont pas prêts pour les nouvelles technologies chères à Jean-Marie MESSIER.

PU : En tant qu'observateur privilégié, quelles sont les perspectives du secteur du voyage en ligne ?

RC : Le voyage en ligne est devenu incontournable dans l'univers du tourisme. Les deux plus gros acteurs américains Expedia et Travelocity qui n'existaient pas il y a 6 ans, sont aujourd'hui parmi les dix plus gros vendeurs de voyages à l'échelle mondiale. L'avenir du tourisme passe par l'Internet et les nouvelles technologies. Le marché est extrêmement porteur et je ne connais pas beaucoup de sociétés ayant une croissance comparable à celle de Travelprice.

PU : Monsieur Roland Coutas, je vous remercie.

Propos recueillis par Pascale ULMO

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