Philippe NAHMAN : Palm Computing, l'organiseur connecté

23 novembre 2000 à 00h00
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A l'occasion du lancement d'un kit internet mobile, Philippe NAHMAN, directeur commercial de Palm Computing France, fait le point sur la stratégie du célèbre constructeur d'organiseurs connectés.

JB - Monsieur Nahman, bonjour. en quelques mots, pourriez vous présenter Palm Computing ainsi que votre propre parcours ?

PN - Bonjour. Né 1964, Maitrise d'Informatique Appliquée a la Gestion des Entreprises, je débute ma carrière chez un distributeur, Asystel Diffusion, comme Ingenieur Conseil, avant de rejoindre en 1990 l'éditeur de logiciel Claris où j'ai occupé différents postes à responsabilité commerciale. Alors Responsable des Ventes pour la France, je rejoins la filiale française d'Artisoft en tant que Directeur Commercial en 1996. L'opportunité de prendre en charge l'activite francaise de Palm Computing se présente à moi mi-97. J'exerce actuellement le rôle de Directeur Commercial (Country Manager) au sein de Palm France, structure nouvellement créée lorsque Palm devient une société indépendante en mars 2000.

JB - Pouvez vous donner quelques éléments quantitatifs et financiers sur Palm Computing (CA, PDM, marché, etc...)

PN - A ce jour, plus de 9 millions d'unités Palm ont été vendues dans le monde - voire plus de 10 millions si l'on en juge par la progression très importante des ventes ces derniers mois. Selon la classification de IDC à fin 1999, Palm détenait plus de 77.8% du marché européen des Personal Companions (ordinateurs de poche sans clavier) et 51.7% du marché européen des Handeld Companions (ensemble des ordinateurs de poche avec et sans clavier). Ces chiffres sont au moins encore cohérents à ce jour. Selon GfK, Palm détient à mi 2000 plus de 51% du marché français des ordinateurs de poche (avec et sans clavier) avec une progression de 6% par rapport à la même période en 1999. Notre estimation est plus optimiste et devrait avoisiner les 60% compte tenu de la très forte progression de l'adoption des ordinateurs de poche Palm dans les entreprises françaises. Sur le plan financier, Palm a réalisé un chiffre d'affaire de plus d'un milliard de dollars sur le premier semestre 2000, pour un résultat net d'environ 50 millions de dollars. Compte tenu des résultats en cours, il n'est pas improbable de doubler ces chiffres à fin 2000.

JB - Beaucoup d'analystes parient sur la fusion des organiseurs et des téléphones mobiles. Quel est votre sentiment ?

PN - Mon sentiment est qu'un téléphone doit rester un téléphone. Actuellement, le succès de nos produits est basé sur 3 critères : l'ergonomie, l'autonomie et la simplicité. Ces critères sont aussi présents sur le marché des téléphones GSM. Associer un téléphone et un ordinateur de poche dans un même appareil va totalement à l'encontre de ces critères. Ces hybrides perdent en autonomie, en simplicité ou en ergonomie. Nous pensons donc que c'est certainement une belle idée mais qu'elle n'est pas en phase avec la technologie actuelle ou encore avec ce qu'attendent les utilisateurs. Cela ne nous empêche pas de travailler sur ce type de concepts, notamment avec des partenaires comme Nokia. La tendance est de rapprocher ces objets mais la vrai question est de savoir comment.

JB - Contrairement au Visor ou à d'autres terminaux, les Palms ne possèdent aucun moyen d'extension. Quelle sera votre stratégie, notamment en matière de stockage de données ?

PN - La technologie Springboard de Handspring est propriétaire et aucun autre acteur industriel n'a décidé de la retenir. Nous ne voulons pas à tout prix étendre les capacités du Palm si l'extension choisie ne représente pas un vrai bénéfice pour le produit. Néanmoins, je tiens à rappeler qu'il existe déjà de nombreux modules (lecteur mp3, appareil photo, mémoire, modem) permettant d'étendre les capacités du Palm. Mais ce système d'extension va bientôt être normalisé. Nous avons récemment annoncé notre adoption prochaine du format Secured Digital (SD) pour notre prochaine génération de produits. Cette technologie, soutenue par Matsushita (JVC, Panasonic) et par de nombreux industriels est de très loin la plus aboutie. Au delà du simple stockage de données, le format SD proposera très prochainement de nombreux modules (ndlr : GPS, lecteur MP3, camera, BlueTooth, modem GPRS, etc...) capables d'élargir les capacités de nos produits, sans toucher à leur ergonomie, leur simplicité ou leur autonomie.

JB - Le lancement du Palm VII s'est accompagné de l'ouverture de Palm.net, aux USA. En intégrant désormais l'agenda Anyday.com à ce service, souhaitez vous proposer un service unifié d'organisation à vos clients, dans le cadre duquel le terminal n'est plus qu'une brique ?

PN - Palm Computing a annoncé le lancement prochain (le 25 décembre) du portail MyPalm.com aux Etats-Unis. L'objectif de ce service est d'apporter systématiquement plus de valeur ajoutée aux utilisateurs de palms. Anyday.com répond à un besoin de calendrier de nos clients dans un contexte de mobilité. Néanmoins, nous n'avons pas la prétention de nous substituer au web mais c'est une voie intéressante que nous essaierons d'approfondir avec MyPalm, dont la date de sortie en France n'a pas encore été arrêtée.

JB - Vous lancez le Web Clipping en France. Pensez vous que ce format représente une solution plus adaptée que le WAP aux besoins des mobinautes ?

PN - Le WAP est un protocole qui a été élaboré pour une machine qui s'appelle un téléphone afin d'accéder à un internet spécialement réalisé à cet usage. Tout comme le WAP, le web clipping permet un accès "mobile" à l'internet. Mais la comparaison s'arrête là. Le web clipping est beaucoup plus riche que le wap puisqu'il s'appuie sur du HTML soit 100% des contenus internet. Le Web Clipping est actuellement la solution la plus appropriée à la plate forme Palm. L'utilsiateur du Palm peut ainsi accéder à du contenu en ligne, en quelque secondes, via une connexion par modem, et consulter le produit de sa requête déconnecté. La notion d'instantanéité prime et c'est une chose primordiale pour un internaute dans un contexte de mobilité. Le Mobile Internet Kit, pack de logiciel communicants intégrant la gestion des e-mails et des SMS, ainsi qu'un navigateur Wap et l'accès à l'Internet via la technologie WebClipping permet à la majorité des Palm associés à un téléphone mobile ou un modem d'accéder à toutes sortes d'informations n'importe où, n'importe quand. Et ceci sans contrainte liée aux infrastructures de communication ou au choix particulier de technologie telles le GSM, GPRS ou autre type de connexion

JB - Bien que leader sur le segment des organiseurs, vous êtes menacé par Microsoft sur le marché des PC et par Symbian sur celui des téléphones, sans parler de l'hypothèse Linux. Comment analysez vous votre environnement ?

PN - Je ne pense pas que l'on puisse dire que nous soyions menacés. PalmOS équipe près de 90% du marché des ordinateurs de poche au niveau mondial. Il est difficile de se prononcer sur Symbian mais deux de ses fondateurs, Nokia et , ont adopté PalmOS pour leurs futurs produits, tout comme Sony ou encore Handspring. PalmOS regroupe une communauté de plus de 100.000 développeurs et nous sommes sereins quand à l'avenir de la plate forme. Nous travaillons sur les prochaines générations de PalmOS mais nous attendons le moment opportun pour en parler.

JB - En matière de connectivité, quelle sera votre politique vis à vis de BlueTooth, du GPRS et des systèmes de communication intégrés ?

PN - La technologie bluetooth est très intéressante. Elle pourrait rapprocher intimement Palm et téléphone et colle parfaitement à notre stratégie. Vs à vis du GPRS et de la communication en général, nous avons une stratégie en 3 volets :
- Développer la voie logicielle, par le biais du mobile internet kit, afin de conférer aux Palms tous les moyens d'accéder et d'envoyer de l'information, au moyen d'un téléphone
- Préparer avec des partenaires les solutions "deux pièces" avec l'arrivée prochaine de modules communicants pouvant se connecter aux Palm, par exemple grâce à la technologie SD ou en utilisant une connexion par le port série. Des sociétés comme Ubinetics, OmniSky ou RealVision offriront rapidemment en Europe de telles solutions.
- Travailler bien évidemment à l'élaboration d'un Palm VII à l'européenne et étudier de très près les choix technologiques et leur implémentation par les opérateurs sur les 12/18 prochains mois.

JB - Etudiez vous le lancement de votre produit dans le cadre de packs et d'abonnements mensuels, comme le font les constructeurs de téléphones avec les opérateurs ?

PN - Nous proposons depuis déjà plusieurs années des packs de "bureau mobile" comprenant un Palm, un téléphone et un abonnement. Mais l'arrivée du GPRS, prochainement de l'UMTS, rendent envisageables la commercialisation d'abonnements uniquement liés au transfert de données. Il est clair que le Palm a sa place et peut répondre à une attente des consommateurs et des opérateurs pour ce type d'offres.

JB - Monsieur Nahman, je vous remercie.
Entretien réalisé en Novembre 2000 par Jérôme BOUTEILLER
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