Cyril POIDATZ : Free.fr, premier fournisseur gratuit d'accès internet

31 août 2000 à 00h00
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Lancé en Avril 1999, le fournisseur gratuit d'accès à internet vient de franchir le cap symbolique du million d'abonnés. Son PDG, Cyril POIDATZ a bien voulu évoquer le développement de Free, sa position vis à vis du WAP ou de l'ADSL et du lancement procha

JB - Monsieur Poidatz, bonjour. En quelques mots, pourriez vous présenter votre parcours ?

CP - Bonjour. J'ai passé 3 ans chez Coopers & Lybrand, 10 ans chez dont 7 en Italie. J'ai rejoins le groupe depuis deux ans et je participe actuellement au développement de Free et à la constitution de sa propre équipe managériale.

JB - Plus d'un an après son lancement, pouvez vous établir un premier bilan sur l'activité de Free ? Son succès a t'il dépassé vos espérances ?

CP - En effet, ce serait mentir que de vous affirmer que nous pensions atteindre de tels chiffres aussi vite. Lors de notre ouverture, en Avril 1999, notre business model prévoyait d'atteindre 400000 inscrits fin 1999 alors que nous avons réalisé plus du double. Aujourd'hui, Free compte 1073000 inscrits dont 550 000 abonnés actifs sur les 40 derniers jours. Nous sommes le premier fournisseur d'accès internet gratuit en France. Actuellement, notre chiffre d'affaire se répartit entre l'activité Télécom (50%), la publicité (25%) et le commerce électronique (25%) pour un montant prévisionnel de 100 MF en 2000. Mais nous savons que la poids de l'activité télécom va se renforcer pour atteindre 80% sans brider pour autant les autres postes. Nous pensons d'ailleurs atteindre la rentabilité dès 2001.

JB - Des concurrents comme Wanadoo, Mageos ou LibertySurf ont bénéficié de larges réseaux commerciaux afin de distribuer leurs kits de connexion. comment avez vous géré cette problématique ?

CP - Nous avons eu une politique plus sélective car nous n'avions pas les moyens d'innonder le marché. Nous avons établi des accords avec les chaînes Gitem, Boulanger et MetrO pour la distribution de nos kits ainsi qu'aver le groupe de presse Pressimage qui compte de nombreuses publications internet. Nos résultats semblent démontrer que notre politique a été un succès et que la distribution massive de kits n'est pas forcément efficace. Une partie de notre budget marketing a aussi été affectée aux installations à domicile gratuites, qui ont rencontré un gros succès chez les consommateurs. Aujourd'hui, nous réalisons près de 250 installations par jour.

JB - Quels sont vos principaux développements ?

CP - Au lancement, Simple porte d'entrée sur le Net, le site web Free.fr devrait présenter sa version 3 de son portail à la mi septembre. Mais notre priorité reste l'accès internet. Après la maîtrise du réseau IP, nous développons désormais un véritable réseau de télécommunications avec LINX , l'opérateur téléphonique filiale de Free. Outre une plus grande maîtrise de la qualité du service, nous devrions encore accroître les revenus tirés des reversements sur les communications.

JB - OneTelNet et aujourd'hui AOL se lancent dans les forfaits illimités internet + téléphone. Quel est le sentiment de Free à ce sujet ? Pensez vous proposer prochainement une offre équivalente ?

CP - Pour le moment, nous ne souhaitons pas nous engager sur ce type de forfait car le business model ne nous semble pas pertinent et nous n'avons pas trouvé, jusqu'à présent, un moyen de le rendre rentable. Donc pour le moment, FREE ne pense pas proposer une offre equivalente.

JB - Quel est votre calendrier de développement pour votre offre ADSL ?

CP - Nous avions commencé la commercialisation d'une offre Free ADSL mais nous n'étions pas satisfait de la ligne Netissimo proposée par . Fort de notre culture technique, nous souhaitons maîtriser l'ensemble de l'offre pour garantir la continuité et la qualité du service. C'est pourquoi nous avons pris la décision d'attendre le dégroupage de la boucle locale, à partir du 1er janvier 2001, pour commercialiser nos propres lignes ADSL avec LINX. L'offre ne sera pas gratuite mais le prix sera certainement très attractif.

JB - Votre activité d'opérateur télécom semble être stratégique. Pourquoi avoir développé l'offre d'hébergement Online ?

CP - Le développement de Online.fr se fait dans le prolongement des outils développés pour les webmasters de Free.fr. La marque Online.fr séduit plus facilement les entreprises que Free. Toujours dans la même logique, nous avons proposé un service de réservation de noms de domaine et d'hébergement payant parmi les plus compétitifs du marché avec des prix alignés sur les tarifs américains. Online est une offre internationale (multi devises et bilingue) qui compte près de 20% de clients étrangers. Sans la moindre communication, nous avions 3000 sites en Avril 2000 et aujourd'hui nous en sommes déjà à plus de 6000.

JB - Vous utilisez des technologies comme PHP, MySQL ou Linux, vous ne commercialisez pas l'espace publicitaire sur vos pages personnelles ou vos emails. Souhaitez vous séduire la communauté du libre ?

CP - Notre business modèle prévoit que l'essentiel de nos revenus proviendra de notre activité de fournisseur d'accès et il n'est pas prévu de commercialiser les espaces tels que les pages perso ou les emails. C'est une grande force vis à vis des internautes et en particulier ceux de la première heure, assez sensible à ce genre de questions.

JB - En Mai dernier, Wap-Up a attaqué France Telecom pour l'ouverture du marché de l'accès internet mobile. Quelle est la position de Free à ce sujet ?

CP - Le WAP n'est pas actuellement notre axe principal de notre développement compte tenu de la faible ergonomie des terminaux et des temps de connexion, mais FREE est permet les accès aux sites WAP pour les utilisateurs qui le demandent.

JB - Vous avez récemment ouvert des chaînes Emploi et Finance. Quelle est votre stratégie en matière de contenus. Etudiez vous des opérations de croissance externe comme LibertySurf ?

CP - Free est essentiellement un fournisseur d'accès à internet. Tous nos développements en matière de contenu se feront avec des partenaires.

JB - Vous avez annoncé votre volonté d'entrer en Bourse. Quel est votre sentiment sur les valorisations de LibertySurf (17 MdsFF) ou de Wanadoo (140 Mds FF)?

CP - La priorité de Free est actuellement de constituer une équipe de management afin de préparer l'entrée en bourse dans les prochains mois. Mais si les conditions de marché ne sont pas bonnes, nous n'hésiterons pas à reporter cette introduction. Pour ce qui est de la comparaison avec Wanadoo et LibertySurf, il est nécessaire de rappeler que ces groupes ont des vocations européennes et que Free n'a pas la même stratégie de développement. Mais il est certain que nous sommes simplement trois plus plus petit que Wanadoo après seulement 1 an d'existence et que je serais bien content de savoir que nous valons un tier de sa valeur :-)

JB - La plupart des FAI se rapprochent des gros opérateurs de télécommunication. Un fournisseur d'accès internet peut-il rester indépendant ?

CP - Notre volonté est de développer LINX, notre propre opérateur de télécommunications pour lequel nous avons obtenu une licence d'exploitation de la part de l'ART. Mais je comprends que nous soyions une cible intéressante pour de gros opérateurs étrangers et nous étudierons toute offre même si notre volonté est de rester indépendants. Nous ne voulons pas faire un "coup".

JB - Selon vous, quelles seront les grandes évolutions pour l'internet dans les prochaines années ?

CP - Les débits vont augmenter et nous devrions expérimenter la vidéo à la demande. Je pense aussi que tout sera plus simple et plus convivial grâce à l'utilisation d'écrans plats géants qui seront l'accès principal au Net. Dans quelques années, l'an 2000 sera considéré comme la préhistoire de l'internet :-)

JB - Monsieur Poidatz, je vous remercie.
Entretien réalisé en Août 2000 par Jérôme BOUTEILLER
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