Jacques ROSSELIN : CanalWeb, Chaînes de télévision sur Internet.

01 mai 2000 à 00h00
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L'internet change de visage et CanalWeb y contribue. Cette start-up est la première plate forme de télévision interactive sur Internet. Elle propose de diffuser des chaînes hyper thématiques à des "télénautes". Anticipant la converegnce des technologie

JB - Monsieur Rosselin, bonjour. En quelques mots pourriez vous présenter votre parcours ?

JR - Bonjour. J'ai une formation d'ingénieur. J'ai été journaliste chez @jour, un groupe de presse spécialisé dans la veille technologie désormais propriété d'Havas. Après un passage au ministère de l'industrie, j'ai été consultant pour un groupe américain de téléphonie. En 1988, j'ai participé à la création de Courrier International (revendu à havas). En 1997, je suis retourné vers le multimédia grâce à Joshua HARRIS, fondateur de Pseudo.com, qui m'a permis de prendre conscience des potentialités qu'offrait internet pour l'audiovisuel. En commencé 97, j'ai commencé la rédaction d'une lettre d'information, dédiée au streaming et à la convergence dénommée "CanalWeb". Le site a pris son envol un an plus tard, en septembre 1998.

JB - Comment peut-on présenter CanalWeb ?

JR - CanalWeb est le premier opérateur européen de télévision interactive. Suite à l'invention en 1995 par Rob Glaser des premiers logiciels Real, l'internet a découvert l'audio puis la vidéo. CanalWeb permet ainsi d'accéder à des programmes audio visuels, en direct ou à la demande. CanalWeb s'oriente plus particulièrement sur le "NarrowCast", c'est à dire des chaînes hyper thématiques et communautaires, qui s'opposent aux médias de masse traditionnels (BroadCast). On pourrait faire un parallèle avec la presse spécialisée.

CanalWeb compte à l'heure actuelle plus de 75 salariés. Nous disposons d'une audience de l'ordre de 400 000 "telenautes" chaque mois, qui regardent en moyenne 12 minutes nos programmes.

JB - Quelles sont vos sources de revenus ? la publicité, la télévision payante ?

JR - Pour l'instant, l'essentiel de notre chiffre d'affaire (5MF) provient de la fourniture de prestations audiovisuelles aux entreprises. Mais à terme, nous espérons générer 60% de nos revenus à l'aide de la publicité "verticale". Nous disposons de programmes très spécialisés grâce à notre concept de télévision à la carte et nous cherchons à ouvrir ce type de média à de nouveaux annonceurs. Nous disposons par exemple d'un programme dédié à la pêche et nous cherchons des annonceurs issus de ce loisir.

Hormis la publicité, nous devrions encore compter près de 20% de nos revenus grâce aux prestations BtoB. Mais notre pricipal objectif c'est la télévison payante. Nous nous intéressons à la VOD (Vidéo à la demande) et à des formes d'abonnements type canal+ ou ABsat. A terme, l'accès à notre chaîne "diagonale", par exemple, spécialisée dans les échecs, pourrait être facturée 5 francs par mois... Ces techniques de micropaiement sont déjà à l'oeuvre sur le câble et le satellite et devraient vite s'étendre sur l'internet.

JB - Le décollage de votre activité n'est-il pas tributaire des hauts débits ?

JR - En effet, le débit actuel du fil du téléphone est trop limité. Mais l'accès rapide devrait exploser cette année avec la généralisation de l'ADSL, du câble, du satellite et demain du numérique hertzien. Selon nous, le problème se situera plutôt au niveau du terminal. Si un télénaute décide de télécharger un programme, il faudra le stocker sur une machine disposant de plusieurs giga octets. Pour l'instant, seuls les PC en sont capables... or ce n'est pas forcément un produit grand public.

JB - Comment vous positionnez vous par rapport aux bouquets de télévion numériques comme TPS ou Canalsat ?

JR - Pour la question des contenus, nous les laissons dépenser leur argent dans leur guerre pour le Foot. Nous sommes une plate forme de télévision ultra thématique et nous chercherons à diffuser des programmes complémentaires à ces bouquets et qui n'y auraient peut pas trouvé leur place. On peut probablement faire un parallèle avec ABsat qui est éditeur de contenus mais qui utilise les canaux satellite de Canal et TPS pour diffuser ses programmes.

JB - Quel est le seuil critique pour qu'un programme soit pertinent ?

JR - Pour le moment, il nous est encore difficile de répondre à ce genre de questions. D'une part, notre activité publicitaire n'est pas encore optimale, ce qui ne nous permet pas de mesurer précisemment nos recettes, et d'autres part, notre outil analytique est encore en phase de finalisation. Ce qui est certain, c'est que nous souhaitons donner leur chance à de nombreux programmes à condition qu'ils soient en mesure de fédérer un minimum d'audience. Grâce à l'internet, nous pouvons rentabiliser une chaîne qui n'aurait pas pu trouver sa place sur le satellite, compte tenu du coût de ce type de diffusion...

JB - La démocratisation de webcam, fixes et mobiles, pourraient elle contribuée à l'apparition de "chaînes perso", comparables aux pages perso de l'internet.

JR - Nous sommes tout à fait conscients de l'apparition de ces webcams et nous travaillons actuellement à l'ouveture de notre plate forme à ce type de contenu. Si un particulier est en mesure de réaliser un programme fédérant une audience, il est certain qu'il a sa place sur canalweb. Je pense par exemple aux associations, aux entreprises, aux parties politiques, aux artistes. Notre seule limite, bien entendu, sera liée au respect de dispositions légales, tout comme n'importe quel site d'hébergement de pages "perso".

JB - Monsieur Rosselin, je vous remercie.
Entretien réalisé en Avril 2000 par Jérôme BOUTEILLER
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