Hadopi : le Snep marque un point Godwin, polémique

11 septembre 2009 à 13h16
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Brice Hortefeux n'est pas le seul faire jaser par ses propos. Dans le landerneau Web, une autre tirade polémique agite les esprits. Cette fois, c'est Christophe Lameignère, président du Snep (Syndicat national des éditeurs phonographiques) qui agite la muleta sous les naseaux des détracteurs de la loi Hadopi. Mercredi, à l'occasion de la publication des (mauvais) résultats obtenus sur le marché français de la musique enregistrée, ce dernier a en effet qualifié les anti-Hadopi de voleurs à la petite semaine, planqués derrière leur ordinateur. « Ces gens-là, ils auraient vendu du beurre aux allemands pendant la guerre ! », aurait-il même lâché selon Metro.

Avant de lancer cette tirade, Christophe Lameignère prend le temps d'expliciter son propos, partiellement retranscrit en vidéo par le Nouvel Obs. Le président du Snep dit refuser « les leçons de morale » de « voleurs à la petite semaine » « planqués derrière leur ordinateur », qui stigmatisent les opinions et n'ont jamais rien fait pour encourager la création. Il fustige en outre les initiatives qui visent à recenser les députés favorables à la loi. « Ils dénoncent, vous vous rendez compte ? Ce sont des gens sont dans le principe de la dénonciation. Je pense qu'il faut le dire. Il faut dire qu'on ne peut pas avoir confiance dans des gens qui dénoncent, et qui refusent de s'identifier », déplore-t-il, évoquant une attitude complètement totalitaire.



Le point de vue n'allait certainement pas plaire aux détracteurs d'Hadopi, mais serait sans doute passé s'il n'avait pas été émaillé d'allusions extrêmement connotées, comme cette référence à l'occupation allemande. Dans le jargon Web, une envolée de la sorte est ce que l'on appelle un « point Godwin » : le stade où la conversation s'envenime au point que l'un des participants en vient à mentionner dans son discours la seconde guerre mondiale, l'holocauste et le nazisme. Sur un forum de discussion, on ferait intervenir un modérateur et l'on tenterait de repartir sur des bases plus saines. Ailleurs, les choses se passent différemment, surtout lorsqu'on touche à un sujet aussi sensible que le projet de loi Hadopi.

Pour les membres de la la plateforme Création Public Internet, qui réunit différentes organisations défavorables au projet de loi Hadopi telles que l'UFC Que Choisir, la Quadrature du Net ou l'ISOC France, Christophe Lameignère « a fait le dérapage de trop en assimilant les opposants de la loi Hadopi à des "collabos" en puissance du régime nazi ». Ils demandent des excuses publiques.

« Au-delà de l'invective, le Snep néglige qu'il n'existe pas une ligne de démarcation claire et précise entre ceux qui téléchargent et ceux qui achètent. Au contraire, les études réalisées par des institutions sérieuses et indépendantes, montrent que ceux qui téléchargent sont aussi ceux qui consomment le plus de biens et services culturels. Par conséquent, le SNEP en les combattant et en les insultant, comme ils le font, s'attaquent à leurs clients, le public, qui pourrait très bien commencer à trouver cela intolérable ! », fait remarquer Création Public, avant d'appeler à une plus saine réflexion autour des moyens qui permettraient de valoriser l'offre légale.

Une tâche difficile, qui fait justement l'objet d'une « mission » récemment lancée par le ministère de la Culture et dont les conclusions devraient être rendues d'ici le mois de novembre. Pour que cette dernière soit menée à bien, il faudra parvenir à confronter des points de vue aussi distincts que celui du premier représentant des maisons de disque en France et celui des anti-Hadopi. Dans la mesure où il urge vraiment de trouver des solutions, on espère juste que ce malencontreux point Godwin n'est pas un mauvais présage : son arrivée signifie généralement que la discussion est entrée dans une impasse...

Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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