Live Japon : dans les labos de NTT Docomo !

01 août 2009 à 00h02
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On entend souvent ces derniers temps des étrangers de passage au Japon déplorer que les opérateurs de télécommunications nippons soient selon eux "moins innovants, moins surprenants". Ce n'est pas forcément faux si l'on se contente de regarder l'offre de téléphones en rayon ou qu'on ne dénombre dans les services proposés que les trucs tape-à-l'oeil, sans s'interroger sur le côté réellement pratique, leur aspect ludique attractif voire essentiel au quotidien pour le public japonais. En revanche, si l'on va voir les ingénieurs de NTT Docomo ou de KDDI, on a toute chance de découvrir qu'ils travaillent quotidiennement sur des technologies intrigantes qui exigent des années d'efforts laborieux et des budgets conséquents, sont encore embryonnaires, mais finiront bien par aboutir. Ils ne sont pas obligés, ces "Geo trouve-tout" d'en parler à tout bout de champ. Peut-être sont-ils d'ailleurs tout bonnement plus précautionneux sur leurs investigations en laboratoire que par le passé. C'est que la compétition mondiale existe aussi dans ce domaine et qu'il vaut mieux parfois oeuvrer en secret.

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Il n'empêche, NTT Docomo a récemment présenté à un public essentiellement japonais quelques recherches intéressantes. On vous avait déjà parlé ici de la transmission corporelle des ondes, cette fois il s'agit du contraire : la transmission sensorielle des corps. A savoir un procédé qui permet de faire ressentir à distance la douceur d'un tissu, la dureté d'un coussin, la rugosité d'un morceau de métal ou les réactions d'un objet. Il existe déjà, pour les jeux vidéo notamment, des systèmes dits de retour de force assez troublants. Ils ne sont toutefois pour la plupart pas conçus pour transmettre instantanément la réaction effective à une stimulation d'un objet ou d'une matière tangible, mais se contentent de reproduire une réponse physique préprogrammée.

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Avec la nouvelle technique de NTT Docomo, on transmet réellement la réaction. Concrètement, imaginez que votre souris, ou un autre accessoire raccordé à votre PC, soit constituée d'une structure malléable, molle à souhait ou dure comme fer, en passant par tous les stades intermédiaires, et que la rotation de sa molette centrale puisse varier du mouvement très fluide au blocage total, le tout changeant d'état rapidement. Sur l'écran de votre ordinateur, les images de plusieurs coussins. Vous posez le curseur de la souris sur l'un et immédiatement cette dernière devient souple, comme le coussin en question. Vous passez au suivant, elle change d'aspect et de texture, elle est plus dure.

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Autre exemple: en faisant tourner la molette avec votre pouce comme si vous jouiez de la guitare, en le faisant glisser sur les cordes d'un instrument qui là est seulement affiché à l'écran, vous pourriez avoir la même sensation de résistance variable qu'en effleurant réellement les cordes qui présentent pourtant chacune des particularités subtiles. Le dispositif expérimental développé par NTT Docomo est capable de les différentier. Il sait aussi vous donner l'impression que vous touchez avec un stylo une rape de métal alors que vous ne faites que le promener sur une surface lisse. A vrai dire, il est assez difficile d'expliquer par écrits ces travaux, mais l'expérience avec le dispositif prototype est plutôt saisissante et en tout cas prometteuse. Cette recréation à distance de sensations du toucher emploie des capteurs sur les objets réels, dont les mesures sont transmises sous forme de données pour reproduire instantanément le même comportement à l'autre bout. Ces techniques, qui nécessitent encore des développements pour passer en mode tridimensionnel notamment, trouveront de nombreux domaines d'application, à commencer par celui qui a motivé ces recherches depuis six ans chez Docomo: la télémédecine.

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La première fois que l'auteur de ces lignes a rencontré des gens de NTT Docomo il y a une bonne dizaine d'années, ces derniers avaient en tête de faire en sorte que leur réseau de télécommunications cellulaires qui maille le territoire serve à des médecins et vétérinaires à agir avant même d'être au pied du malade. Ils avaient par la suite réalisé un court-métrage, Vision 2010, où ils présentaient sous forme de fiction les projets auxquels ils songeaient. Dans l'une des versions, on voyait un vétérinaire qui examinait la jambe fracturée d'un cheval en étant encore à bord de sa voiture stoppée sur le bas-côté de la route, grâce à la projection dans l'espace d'une image tridimensionnelle de ladite patte via un système informatique logé dans sa mallette. Cela lui donnait la possibilité de "toucher" cette représentation immatérielle et de recevoir en temps réel dans les mains les réactions effectives. A l'autre bout, le propriétaire du cheval s'était contenté d'enrober la jambe de son animal d'une gaine couverte de capteurs divers. Outre le corps médical qui n'aura plus forcément besoin d'être au chevet du patient pour l'ausculter, les commerçants en ligne seront aussi ravis de permettre aux clients de "toucher" les vêtements, accessoires et autres produits vendus dans des magasins virtuels, estime NTT Docomo. Avec le dispositif présenté cette année, on est encore assez loin de cet aboutissement, mais assurément, on en prend bien la voie.

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Puisqu'on parle de direction, en voici une autre, plus proche: il suffira bientôt de regarder l'écran de son téléphone portable pointé vers une rue pour y voir s'afficher l'image du quartier enrichie de petites icônes indiquant les commerces et restaurants, ainsi que leurs horaires, menus et autres informations. A vrai dire, c'est déjà possible pour ceux qui veulent tester et possèdent un mobile compatible. Les deux principaux opérateurs de télécommunications mobiles japonais, NTT Docomo et KDDI, ont en effet lancé quasiment en même temps, à titre expérimental, des services d'informations géolocalisées multimédias, utilisant non seulement la position géographique de l'utilisateur, mais aussi la direction dans laquelle il regarde en fonction de la façon dont est positionné son téléphone. Pour connaître l'orientation du piéton sont combinées différentes données issues des signaux GPS, d'une boussole et d'un accéléromètre.

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Le service de NTT Docomo, très visuel et le plus abouti, affiche ainsi sur l'écran du mobile, tenu en mains comme un appareil photo numérique, une vue réelle panoramique de l'environnement qui nous fait face. Sur cette image se superposent alors automatiquement des icônes explicites pour chaque commerce, restaurant et autres lieux remarquables, ainsi que les indications pour s'y rendre. En cliquant sur ces pictogrammes surgissent des détails tels que l'adresse, le numéro de téléphone, la distance d'accès, les horaires d'ouverture, le menu, les promotions, les films à l'affiche dans le cas d'un cinéma, etc. L'utilisateur peut préalablement sélectionner les types d'informations qu'il souhaite pour ne pas que son écran soit encombré d'imagettes à chaque rue. En positionnant le téléphone à l'horizontale, la vue réelle est remplacée par une carte traditionnelle. Dans les villes japonaises où les rues n'ont pas de nom et où les lieux de restauration, en sous-sol ou en étage, sont souvent invisibles depuis la chaussée, tous les services et moyens qui permettent d'être guidés sont très utilisés.

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Etre conseillé est en effet un souhait permanent des Japonais qui ont toujours la hantise de mal se conduire, d'être en retard, d'oublier quelque chose, de ne pas être au courant de ce que tout le monde est censé savoir, de mettre les pieds là où il ne faut pas, du moins en public. NTT Docomo, qui a fait du service aux clients son credo et un précieux instrument de fidélisation, leur prépare un autre objet de satisfaction pour qu'ils se sentent choyés: une hôtesse presque personnelle, non pas virtuelle mais semi-réelle. Il s'agit d'une charmante personne affichée sur l'écran d'un PC et que l'on appelle à un numéro spécial avec son mobile pour lui poser des questions ou lui demander de faire à notre place des actions diverses. Plus qu'une très aimable préposée, c'est une véritable secrétaire, voire une mère.

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Elle est toujours de bonne humeur, parle d'un ton posé (bien que ses paroles résultent d'une synthèse vocale), reste impassible, s'occupe de votre agenda, programme votre mobile pour qu'il vous réveille, le tout avec des courbettes aussi nombreuses que celles que vous font à merveille les hôtesses physiquement présentes dans les boutiques. Grâce à son travail permanent en coulisse, vous êtes informé en permanence même quand vous n'êtes plus devant l'écran. Elle vous dit de presser le pas si vous ne voulez pas rater le dernier métro ou être à l'heure à la réunion, suit votre santé (grâce aux informations issues du pèse-personne, du podomètre, du tensiomètre et de tout l'attirail fréquent dans un foyer nippon), vous ordonne à temps de prendre votre parapluie en sortant car l'averse arrive, répond à ceux qui appellent que vous êtes présentement indisponible car en train de conduire, et plus encore. Il s'agit en gros d'une version optimisée du service "i-concierge" que propose déjà NTT Docomo avec succès. Le but des recherches en cours est de concevoir des moyens nouveaux et plus conviviaux que les sites et innombrables menus des applications pour interagir confortablement avec une désormais indispensable panoplie informatique dont le mobile est au Japon l'objet central.

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