Uber Eats fait face à la grogne de 2 500 livreurs déconnectés du jour au lendemain

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 13 septembre 2022 à 13h35
© LCV/Shutterstock
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La plateforme de livraison de repas Uber Eats a déconnecté, ces dernières semaines, près de 2 500 comptes travailleurs considérés comme frauduleux. Lundi, 500 livreurs africains ont manifesté à Paris pour exprimer leur colère et leur désarroi.

Il y a quelques jours, Uber Eats a annoncé avoir déconnecté quelque 2 500 livreurs, après avoir commandé un audit auprès d'un prestataire externe. Celui-ci a enquêté pendant des semaines sur les 60 000 comptes actifs référencés sur la plateforme pour dénicher les profils frauduleux. En conséquence, ils étaient ce lundi peu ou prou 500 à manifester devant le siège français de l'entreprise américaine.

Uber a mené un audit pour traquer les comptes frauduleux

Durant le premier semestre, Uber a mené un audit qualifié de « minutieux » des comptes livreurs qui utilisent la plateforme de livraison de repas. Après avoir identifié les profils frauduleux, la société les a désactivés, mais en mettant en place, en parallèle, une procédure d'appel pour les livreurs lésés.

Dès l'annonce publique de la décision, la CFDT, dans un communiqué signé avec l'organisation Union-Indépendants, a crié au scandale, accusant Uber Eats de jeter « violemment des milliers de personnes dans une extrême précarité », tout en demandant un réexamen de la situation des travailleurs sans papiers, « qui n'ont pas d'autre choix que de travailler sous alias pour survivre », rappellent les organisations.

En septembre 2021, les principaux acteurs de la livraison de repas en France (Uber Eats, Deliveroo, Stuart et Frichti) avaient signé une charte spécifique avec le gouvernement, afin d'harmoniser et de vérifier de façon hebdomadaire l'identité de leurs livreurs.

L'appel au secours des livreurs africains

Lundi, 500 livreurs africains de la plateforme Uber Eats ont défilé à Paris entre la place de la République et le siège français de la société pour crier leur colère, armés des slogans « Uber voleurs », « justice pour les livreurs » ou « livreurs en colère ».

Certains sont Guinéens, d'autres Ivoiriens. Beaucoup étaient en tout cas réunis pour dénoncer des déconnexions brutales, en affichant parfois un taux de satisfaction de 100 % ou presque auprès des clients de la plateforme. « J'ai été déconnecté il y a deux semaines, j'ai travaillé pendant tout le confinement, je demande à Uber de me mettre en règle afin que je puisse travailler librement », a déclaré à l'AFP Osseni Koné, un livreur de 34 ans d'origine ivoirienne. D'autres ne comprennent pas que la firme ne réagisse que maintenant, alors que certains ont adopté ce fonctionnement depuis plusieurs années.

Uber insiste sur le fait d'avoir mené un audit dans le but de lutter contre la sous-location irrégulière des comptes de livreurs, certains profitant de la situation de grande précarité des uns pour se faire de l'argent facile. Et dans le même temps, tous les livreurs interrogés ont reconnu avoir utilisé des papiers d'identité ne leur appartenant pas. Uber Eats a néanmoins réactivé près de 4 % des comptes déconnectés, après un premier réexamen.

Source : Le Figaro, AFP

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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guile

c’est sûr qu’en ne donnant que quelques euros (au mieux) au livreur par livraison, le service ne peut être rentable qu’en ne faisant appel à des travailleurs indépendants, souvent sans papier. bienvenue dans le capitalisme

ABC

Comment à t’on pu laisser ces immondices aux techniques mafieuses que sont Uber Eats ou Deliveroo s’installer sur notre territoire ? Les salariés (non déclarés) affublés du statut bidon « d’auto entrepreneurs » qui vivent pour la plupart sous le seuil de pauvreté, sont gérés pire que du bétail. Sans même parler du nombre d’accidents record (allez voir dans les centres de rééducation, 1 moins de 30 ans sur 2 est livreur en 2 roues, un carnage).

Cette société ubérisée à deux vitesses ne peux qu’amener le pire. Ce n’est même pas de la politique, juste un choix de société.

L’ubérisation n’amène que la misère et la paupérisation des plus vulnérables. Avec au final des gens qui doivent cumuler les petits boulots et qui se retrouvent à la rue au moindre arrêt maladie. Tout ça pour se faire livrer de la malbouffe en 2 clics et 10 minutes. Ou quand le XXIe siècle a des relents du XIXe, avec de jolies applications et un vernis marketing cool pour masquer l’ignominie.

ABC

Ce n’est même plus le capitalisme quand quelques actionnaire voyous qui se la jouent « cool » ne respectent pas les règles d’un pays et s’imposent en violant le droit comme un fait accompli et en intégrant à l’avance le coût des procédures dans leur business model. Ce sont des techniques mafieuses.
C’est de la délinquance en col blanc. D’ailleurs certains pays européens ont interdit ces pseudo entreprises qui pratiquent l’ubérisation (ou esclavagisme moderne). Les responsables de ces pseudo entreprises doivent être mis face à leurs responsabilités et jugés.

amonbophis

Dire qu’il suffirait de ne pas se faire livrer pour que UberEats ou Deliveroo disparaissent…

Ce n’est pas comme si les utilisateurs d’U&D n’étaient pas également responsables de cette situation.

ptitepuce

Les gens sont tellement flemmards qu’ils se font livrer à domicile.
Ça se fait livrer, alors que le resto en question est à 200m de chez eux, mais 200m c’est trèèèès loin, ils n’ont pas le temps (dixit ces mêmes personnes qui glandent 3h devant netflix) !

En résumé, un service pourri qui viole des lois sur le droit du travail.
Des travailleurs dans l’illégalité, puisque sans papier.
Au final, la boucle est bouclée, plus qu’à attendre quelques années pour voir se ramassis de service disparaître tel qu’il est arrivé :wink:

jcc137

C’est ce principe que je ressors souvent pour éradiquer le trafic de drogue. Il suffirait que les consommateurs prennent conscience de la dangerosité du produit qu’il achète pour leur santé, et cessent de s’en procurer pour tuer ce trafic.
Mais il y aura toujours de malins influenceurs pour dire que la drogue est le meilleur remède pour vivre pleinement sa vie, du rêve quoi ! et le trafic continue de plus belle.
Cet exemple doit vous mettre sur la piste du « succès » de ces sociétés proxénètes.

Korgen

Ca fait au moins 30 ans que les livraisons de pizza à domicile existent, je doute que tu n’ai jamais fais appel ce type de service.
C’est pas parce qu’un resto mexicain est à 200m de chez toi que tu dois être condamné à bouffer mexicain toute ta vie. Et pour finir si ces services n’existaient pas, les restos ne proposeraient pas de plats à emporter. On n’a pas forcément envie ou la possibilité de bouffer sur place.
Avant de traiter les autres de flemmards, il serait judicieux de faire un petit travail intellectuel pour imaginer pourquoi les gens commandent.

ptitepuce

Les gens qui commandent sont les mêmes profils, jeunes, non handicapé, mais quoique obèse, se déplaçant en trottinette électrique, et restant assis 20h par jour.
En se bougeant le fiac, ils iraient chercher leurs repas, feraient un minimum d’efforts, et enrailleraient ces services pourris.
Mais comme l’humanité est bercé au biberon 2.0, tout le monde cède à cette mode uber.

Et pour ta curiosité, non je ne me suis jamais faite livrer à manger chez moi, parce qu’en étant chez moi, je peux me préparer mon repas toute seule, pas besoin d’être assistée.
Et si je suis en vadrouille, je me déplace avec mes deux petites jambes pour aller chercher mon repas.

Eh oui l’humain a 2 jambes et 2 pieds, mais aujourd’hui seul son fessier est sollicité :wink:

ld9474

A la différence près que c’est l’état qui determine ce qui est une drogue légale ou pas: Cigarette, alcool etc.

ld9474

Entièrement d’accord sur le côté esclavagisme moderne même si le terme est un peu fort. Par contre dans le cas présent ils ne font que respecter la loi: pour travailler il faut des papiers.