Sur l'un de ses blogs le New York Times rapporte que les autorités fédérales américaines et les départements chargés de la sécurité nationale seraient en train de finaliser des propositions de lois régissant les usages de l'Internet. Cette initiative viserait à s'aligner sur les nouvelles pratiques des criminels et des terroristes qui utiliseraient davantage les communications électroniques plutôt que le téléphone. Si ces lois entraient en vigueur, les autorités seraient en mesure d'accéder aux courriers chiffrés transitant sur l'ensemble des fournisseurs de services.
Cet été plusieurs pays du Moyen-Orient avaient demandé au fabricant canadien Research In Motion de modifier son infrastructure afin que les autorités locales puissent accéder aux messages chiffrés hébergés en dehors du pays. Il semblerait que ces mesures aient eu des répercussions aux Etats-Unis et le FBI, la NSA, le département de la justice et la Maison Blanche se sont réunis afin de plancher sur cette problématique. Au travers de ces propositions de lois les autorités souhaiteraient avoir les outils nécessaires pour déchiffrer un message sécurisé. Par ailleurs, les sociétés étrangères proposant leurs services au sein du pays devraient avoir une filiale à l'intérieur des frontières (typiquement RIM). Enfin les développeurs de logiciels peer-to-peer seraient amener à modifier leurs application de telle sorte que les données en transit puissent être interceptées.
Le New York Times rapporte les propos de James Dempsey, vice-président du centre pour la démocratie des technologies. Ce dernier explique que de telles mesures s'opposeraient vivement « aux éléments fondamentaux de la révolution d'Internet ». Il ajoute : « en gros ils veulent revenir en arrière et faire en sorte que les services Internet fonctionnent de la même manière que le réseau téléphonique ». Ces mesures rappellent effectivement les pratiques du célèbre Edgar Hoover, l'ex-patron du FBI accusé d'avoir mis sur écoute plusieurs grandes personnalités comme Marylin Monroe ou Frank SInatra. Cependant, Valerie Caproni, conseillère générale au FBI, explique qu'il ne s'agit pas d'étendre l'autorité des enquêteurs mais plutôt de préserver un droit déjà reconnu au-delà du système téléphonique.
Pourtant, même s'il s'agit de garantir la sécurité nationale, certains estiment que cela ne ferait qu'empirer l'état actuel de l'Internet en créant de nouvelles failles. C'est ainsi que Steven Bellovin, professeur des sciences informatiques à l'université de Columbia, rappelle qu'en Grèce, des hackers avaient justement exploité une faille au sein d'une fonction spécialement prévue pour que les autorités puissent espionner les appels des représentants de l'état, y compris le premier ministre.
Rappelons également que par le passé ce droit d'écoute s'est tout de même traduit par certains abus aux Etats-Unis. Entre 2002 et 2006, le FBI avait plusieurs fois violé la loi Privacy Act afin de récupérer des enregistrements téléphoniques. Les enquêteurs avaient obtenu ces archives en invoquant des urgences liées à des affaires de terrorisme. La même Valerie Caproni expliquait que 2000 enregistrements avaient été récupérés, y compris ceux de journalistes du New York Times et du Washington Post.