Alors que la Commission européenne a infligé une amende de 120 millions d'euros au réseau X pour violations du Digital Services Act, la plateforme communautaire a décidé de bloquer son compte officiel.

Si le timing laisse peu de doute sur les intentions, le réseau social, lui, ne présente pas cette suppression comme une vengeance.
La Commission européenne, bannie de X
Nikita Bier, qui gère les produits chez X, explique que pour propager l'annonce de cette amende, la Commission s'est connectée à un ancien compte publicitaire qu'elle n'utilisait plus. Ensuite, elle aurait posté un lien en le présentant comme une vidéo, ce qui permet techniquement d'étendre la visibilité du message beaucoup plus largement. Selon X, cette technique n'avait jamais été exploitée de cette manière avant et le système a été corrigé. Peu importe : X a décidé d'interdire purement et simplement à la Commission d'acheter ou de suivre des publicités sur sa plateforme. Le compte publicitaire de la Commission a donc été fermé.
C'est la première fois que le Digital Services Act, la loi européenne encadrant les grandes plateformes, est appliqué avec une sanction financière. Les raisons de cette amende concernent trois domaines où X n'est pas transparent. D'abord, le fameux badge bleu qui sert à vérifier l'identité. Chez X, n'importe qui peut l'acheter moyennant paiement, sans que personne ne vérifie réellement qui se cache derrière. Cela crée des risques évidents : quelqu'un peut usurper l'identité d'une personnalité publique ou d'une institution et tromper les utilisateurs.
Deuxièmement, X garde secrète l'information sur ses publicités. Les chercheurs et les organisations qui luttent contre la désinformation aimeraient savoir qui paie pour quelles pubs et quel message est promu. X rend cet accès difficile, impose des délais énormes et fournit peu de détails. Enfin, X empêche les scientifiques d'étudier sa plateforme. Elle interdit même expressément dans ses conditions d'utilisation de collecter automatiquement des informations. Sans cela, personne ne peut vraiment évaluer si X pose des risques pour la société.
X dispose de 60 jours ouvrés pour présenter une solution pour le badge bleu, et 90 jours pour les deux autres problèmes. Si rien ne change, elle risque des pénalités mensuelles. La loi européenne autorise des amendes allant jusqu'à 6% de ses revenus annuels mondiaux. Elon Musk, le propriétaire de X, avait précédemment réagi avec son tact légendaire en qualifiant la décision de "bullshit".