Pour le PDG, la pratique qui pousse les dirigeants d'IBM à la retraite à 60 ans « n'est pas gravée dans le marbre. » Trois des quatre précédents PDG ont quitté leur poste à cet âge, l'exception étant John Akers. Celui-ci n'avait pourtant pas fait preuve de longévité exceptionnelle : il s'était fait débarquer par le conseil d'administration avant ses 60 ans.
« Il n'y a pas de politique formelle, » a expliqué Palmisano dans une réponse au cours d'une conférence organisée par le Wall Street Journal. Après une question sur son éventuel départ en retraite, il a répondu : « Je ne vais nulle part. »
Ces déclarations permettent de rassurer les actionnaires quant à une éventuelle course contre la montre au sein du groupe, dans l'optique de remplacer le PDG actuel. « Ils se concentrent sur la façon de bien faire plutôt que la façon de le faire, » explique Pete Sorrentino, analyste de Cincinnati (Ohio). « Cela enlève un facteur de risque des épaules d'IBM. »
Palmisano est à la tête du groupe depuis 2002, mais a commencé à déléguer depuis juillet 2010 en donnant plus de responsabilités à plusieurs cadres, alimentant du même coup les rumeurs sur son éventuel remplacement. Ginni Rometty, par exemple, a obtenu la responsabilité du marketing et de la stratégie en plus de son poste de directrice des ventes. Mike Daniels, vice-président des services technologiques, a récupéré les activités de consulting. Ils ont tous deux été désignés par les analystes comme successeurs potentiels à Palmisano. Il faut dire qu'à part pour Lou Gerstner, qui a succédé à Akers en 1993, Big Blue n'a jamais fait appel à un PDG venu de l'extérieur.
Mais fort de son bilan à la tête du premier groupe de services informatiques, Sam Palmisano garde donc la confiance des actionnaires. « Sam est la constante, » explique Richard Glasebrook, directeur de Straus Group, une division de Neuberger Berman qui détient 11 millions d'actions d'IBM. « Il a dirigé le groupe malgré plusieurs procès de premier plan, et les tribulations avec l'économie mondiale. Et il s'en est plutôt bien sorti. »
Le risque est que l'entreprise perde ses cadres dirigeants de haut niveau si Palmisano attend trop longtemps avant de passer la main. « Les gens, particulièrement ceux qui sont intéressés par ces postes - des personnalités agressives, AAA+ - pourraient ne pas vouloir attendre, » tempère ainsi Paul Meeks, analyste à Capstone Investments.