La Russie veut son smartphone maison, mais elle risque d'avoir beaucoup de mal à tenir le pari

Mallory Delicourt
Publié le 08 mars 2023 à 12h45
© Handelsblatt
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La Russie, qui fait actuellement face à de nombreuses sanctions économiques et commerciales, cherche à développer son marché local. Une entreprise ambitionne ainsi de produire 100 000 smartphones et tablettes, mais le défi aura du mal à être relevé.

Les États-Unis – par l'intermédiaire de Google – et la Chine risquent de grandement entraver les projets d'appareils connectés conçus sur le territoire russe.

100 000 appareils prévus pour le marché local

On ne compte plus le nombre d'entreprises étrangères à avoir cessé ou drastiquement réduit leur activité en Russie suite à l'invasion de l'Ukraine. Isolée, la Russie cherche donc de quoi compenser ces départs, qui se traduisent notamment par l'absence d'appareil à vendre.

C'est avec cet état de fait en tête que la National Computer Corporation (HKK en cyrillique), une entreprise technologique moscovite de quelques milliers de salariés, a annoncé vouloir produire 100 000 smartphones et tablettes à destination du marché russe d'ici la fin de l'année. Alexander Kalinin, fondateur et dirigeant de la HKK, a déclaré que l'entreprise comptait investir 132,9 millions de dollars (10 milliards de roubles) et ainsi acquérir 10 % du marché d'ici 2026.

Les appareils seraient dotés du système d'exploitation Android, qui, en théorie, est distribué en open source sous licence Apache. L'idée est donc de répondre à l'embargo instauré par les États-Unis, qui empêche toute exportation d'appareils électroniques coûtant plus de 300 dollars vers la Russie.

Les chances de réussite sont faibles

Si l'ambition est présente, les chances de voir l'initiative fonctionner sont faibles. L'annonce intervient en effet au moment où Google déploie le blocage des applications Android payantes en Russie, et ce n'est qu'un obstacle supplémentaire. En effet, Google pourrait ne pas l'entendre de cette oreille et ne pas laisser HKK utiliser la licence complète selon Jan Stryjak, directeur associé en analyse chez Counterpoint Research.

De plus, la concurrence venue de Chine est extrêmement rude, avec des appareils peu coûteux, fonctionnels et surtout disponibles. La Russie échange librement avec son voisin, et autant dire qu'en matière d'expertise, d'infrastructures, de partenariats commerciaux mondiaux et de main-d'œuvre, la Chine écrase la Russie.

Difficile alors d'imaginer que HKK puisse décemment rivaliser en lançant une production majoritairement locale, d'autant que la fabrication des composants et mondialisée, et que la Russie est actuellement isolée en raison de divers embargos. Des projets existent et de nombreuses entreprises cherchent à obtenir des subventions, mais le retard technologique est si important qu'il faudrait des années pour que la Russie se mette au niveau et acquière un poids suffisant, selon les analystes.

« Honnêtement, et pour autant que je sache, cela ressemble à un coup de pub », a déclaré Karen Kzaryan, directrice générale et fondatrice de l'Internet Research Institute au micro de Wired.

HKK sera probablement en mesure de fabriquer les smartphones et les tablettes annoncés, mais les observateurs pensent qu'il ne pourra s'agir que d'appareils bas de gamme, dotés de puces chinoises moins performantes que celles qu'on retrouve habituellement dans nos terminaux. En l'état, difficile d'imaginer que les utilisateurs russes se tournent vers ces appareils, dont les prix de vente devraient se situer entre 130 et 400 dollars.

Source : Wired

Mallory Delicourt
Par Mallory Delicourt

Historien finalement tombé dans le jeu vidéo, je me passionne pour ces deux domaines ainsi que pour l'espace, les sciences en général, la technologie et le sport. Streameur en pointillé, j'ai tellement de jeux à faire que j'ai dû créer un tableur. Rédacteur newseur depuis 6 ans, j'aime faire vivre l'actualité aux lecteurs.

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Commentaires (10)
Valmont69

Sans porter de jugement sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Ça n’inquiète personne qu’à la moindre dispute avec l’oncle Joe on prenne le risque de perdre nos capacités de télécommunications ? On serait bien dans l’embarras en Europe si on ne pouvait plus compter sur Android, iOS, Windows, etc.

Morlac

Si ça marche aussi bien que leurs chars on va rigoler

zoup01

La particularité, ce sera la connexion directe au fsb…:joy:

Popoulo

Sachant qu’ils peuvent rayer de la carte ton petit pays en moins de 3mn, y a pas de quoi rigoler.

salvia34

« L’idée est donc de répondre à l’embargo instauré par les États-Unis, qui empêche toute exportation d’appareils électroniques coûtant plus de 300 dollars vers la Russie. »

Pourquoi faire des moitiés de sanctions ?

bipolaire

Dans toute l‘histoire de l’humanité jusqu’à ce que la lune nous tombe sur le caillou, cela n‘arrivera jamais donc il n‘y a pas lieu d‘en discuter et encore moins de lancer le débat sur des investissements colossaux sur des projets inutiles!

Morlac

Rayer de la carte « mon petit pays » avec des T62 ? Tu me prends pour un habitant d’Andorre ?

ayaredone

Pas très performant ne signifie pas forcément « inutilisable »

Comme leurs chars mal conçus qui font péter l’équipage pour un rien :stuck_out_tongue:

max6

Ce qui lui vaudrait d’être immédiatement rayé aussi de la carte riposte nucléaire oblige.
Au cas ou le gouvernement central est « effacé complètement » les SNLE tirent.
Rayé pour rayé la doctrine de dissuasion Française dit clairement que le pays agresseur ne doit pas pouvoir tirer avantage de sa victoire et vos chefs militaires le savent.

Bondamanmanw

Ridicules ces commentaires puériles on se croirait sur LCI (La chaines des incontinents)