Nokia et Ericsson vont quitter la Russie à la fin de l'année : quel avenir pour les réseaux du Kremlin ?

Samir Rahmoune
Publié le 26 décembre 2022 à 08h30
© Farbsynthese / Pixabay
© Farbsynthese / Pixabay

Les géants des télécommunications Nokia et Ericsson vont quitter le marché russe.

Des conséquences potentiellement difficiles pour la Russie sont à envisager, dont les réseaux mobiles et internet qui pourraient particulièrement pâtir de ces départs.

Les exemptions de Nokia et Ericsson prennent fin

L'année 2023 va entraîner des changements en Russie déjà l'objet de nombreuses sanctions touchant presque tous les secteurs de son économie.

Ainsi, les géants de télécommunications Nokia et Ericsson ont-ils annoncé qu'ils quitteraient le pays à la fin de l'année. « Nous arrivons à la fin de l'année et c'est à ce moment-là que toutes les exemptions expirent », a expliqué à Reuters le chef de la direction financière d'Ericsson Carl Mellander. « Notre sortie sera complète. Nous n'allons rien livrer à la Russie », a de son côté confirmé le PDG de Nokia Pekka Lundmark.

De quoi entraîner un changement très marqué dans les réseaux russes, les deux acteurs représentant près de 50 % des stations de base du pays. Ils fournissent par ailleurs de nombreux équipements, et surtout les solutions logicielles qui permettent aux réseaux de rester sûrs et opérationnels.

La Russie s'oriente vers des solutions nationales

« Si, probablement, cette situation dure des années, les réseaux cellulaires russes pourraient revenir en termes de couverture à la situation de la fin des années 1990, quand seules les grandes villes et les banlieues les plus riches étaient connectées », explique le chef de la publication moscovite ComNews Leonid Konik. Les vitesses internet pourraient, elles, fortement baisser, alors que les coupures d'appels ou les difficultés à trouver du réseau deviendraient communes.

De leur côté, les autorités russes affichent un visage serein. Le ministre du Développement numérique et de la Communication, Maksut Shadayev, a ainsi expliqué que les quatre grands opérateurs des télécoms russes avaient déjà signé des contrats à hauteur de 100 milliards de roubles (environ 1,36 milliard d'euros) pour acquérir des équipements produits par des sociétés russes.

Le gouvernement compte ainsi une fois encore sur la politique de substitution des importations pour tenir face aux sanctions. Une stratégie qui a déjà permis aux opérateurs de télécoms russes de gagner des parts de marché sur le territoire face à Nokia et Ericsson, celles-ci étant déjà passées en un an de 11,6 % en 2021 à 25,2 % en 2022. Mais est-ce que cela sera suffisant ?

Source : Reuters

Samir Rahmoune
Par Samir Rahmoune

Journaliste tech, spécialisé dans l'impact des hautes technologies sur les relations internationales. Je suis passionné par toutes les nouveautés dans le domaine (Blockchain, IA, quantique...), les questions énergétiques, et l'astronomie. Souvent un pied en Asie, et toujours prêt à enfiler les gants.

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Commentaires (10)
gothax

Ce retrait est bonne chose pour reprendre un pan stratégique et le donner à des acteurs locaux.
La dépendance de tous pays à une technologie externe (américaine, chinoise ou japonaise, suédoise …) est dommageable.

keyplus

bah solution nationale ou chinoise c’est tout
faut arreter de croire qu on a besoin d ela mondialisation pour vivre

norwy

Effectivement, si les backdoors ne les dérangent pas trop…

Kriz4liD

Réaction stupide je trouve , ce type de démarche fonctionne bien contre des pays économiquement faibles , mais face à des puissances comme la Russie et la Chine , ça ne fait que les renforcer

fg03

Ca aurait marché si comme pour les grèves le mouvement est d’ampleur général et immédiat. Là 1 an après le conflit on voit que des sociétés se barrent pour une raison économique à la con « Oh my god on ne peut pas casser le contrat sinon après la clause 128 dit que… blablabla » J’hallucine encore que quand un dictateur tue des gens et menace de la guerre nucléaire, on puisse encore avoir des raisonnements aussi tarte et décalés de la réalité. Au pire les états sont là justement pour aider leur entreprises. C’est là qu’on voit que le pouvoir démocratique peut infléchir le pouvoir économique et pas comme disait Hollande ou Jospin « L’état ne peut pas tout sous entendu il peut pas faire grand chose face au multinationales qui délocalisent et ne peut qu’accompagner les licenciés dans leur reconversion Pole Emploi ». Ca c’est quand le pouvoir est faible est soumis à l’économie.

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La russie est gangrené par la corruption. Ça ne m’étonnerait même pas qu’une bonne parti du montant finisse dans les poches de certains oligarques et qu’ils refilent de la camelote.

ABC

Leonid Konik : « les réseaux cellulaires russes pourraient revenir en termes de couverture à la situation de la fin des années 1990 »

Je comprends mieux les vieux téléphones en bakélite à grosses touches en arrière plan des vidéos des discours de leur dictateur ! La Russie, c’est une machine à remonter dans le temps, jusqu’en 39.

Encore un peu et ils vont remonter en 1917… :wink:

Jissou06

Après il ne faut pas croire que les sanctions russes empêchent complètement les importations de produits dans le pays.
En effet de nombreux produits ne sont plus livrés directement aux Russes, mais sont livrés par exemple à l’Arménie ou la Turquie (d’ailleurs leurs volumes d’importation augmentent significativement) qui jouent le rôle d’intermédiaires et qui ensuite fournissent la Russie
Et oui : les affaires restent les affaires et la guerre permet toujours à certains de s’enrichir

ABC

Kriz4liD : « Case stupide je trouve , avec ce type de démarche fonctionne bien contre des pays économiquement faibles , mais face à des puissances comme la Russie et la Chine , ça ne fait que les renforcer »

Vous êtes sérieux là ?? La Chine OK, mais la Russie. On parle de la Russie là, qui ne savent rien produire d’autre que du gaz, du blé et du pétrole. Tous leurs investissements ont été engloutis dans l’armement et le spatial avec les résultats désastreux qu’on connait.
Pour le reste, toutes leurs têtes, leurs ingénieurs, développeurs et scientifiques se sont barrés. C’est pas les babouchkas qui vont mettre en place des infrastructures capables de remplacer les technologies occidentales. Seuls resteront les Chinois, qui auront mieux à faire que de claquer des milliards pour un marché peu rentable, sauf d’un point de vue stratégique.

La Russie, est un nain économique au niveau mondial, l’équivalent d’une puissance moyenne européenne comme l’Espagne pourtant 34 fois plus petite géographiquement. Un géant au pied d’argile.

ABC

Certes, mais pas aux mêmes prix, pas pour tout et dans des quantités restreintes. Les turques ou les chinois se servent d’abord et il reste des miettes pour les russes. Une pièce détachée de Mercedes coûtera beaucoup plus cher via ces intermédiaires et sera plus difficile, plus longue à trouver. Quant aux infrastructures lourdes nécessaires à un réseau téléphonique, c’est mal barré. À terme ce n’est pas viable. Un pays ne peut pas être prospère avec une économie basée sur de la bricole.