La part de marché n’est qu'un bikini

28 mars 2014 à 18h00
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John Kirk est un avocat repenti devenu conseiller financier et coach professionnel. Passionné de micro-informatique, il se plait à mettre en perspective les stratégies des acteurs face à l'Histoire, la religion ou la philosophie.
J'aime bien adapter les citations célèbres aux problématiques modernes. Prenons la guerre que se livrent Apple, Google et Microsoft sur les smartphones. En s'inspirant d'Aaron Levaenstein, cela donnerait :

« La part de marché est comme un bikini : elle montre quelque chose de très suggestif, mais cache l'essentiel. »

On pourrait aussi s'inspirer de Rick Overton

« Préférer la part de marché aux profits, c'est comme vendre sa voiture pour pouvoir payer l'essence. »


Dans l'Eglise de la part de marché, comme dans toute religion, on fait souvent abstraction des faits pour ne garder que la prophétie. Un exemple : beaucoup ces clercs maintiennent qu'une plate-forme ne saurait être viable sans part de marché. Pourtant, quand on leur rappelle qu'iOS, un acteur avec une faible part de marché, fait tourner l'ultra majorité des applications professionnelles, ou que l'iPhone reste le téléphone le plus désiré dans les pays émergeants, ils s'en remettent béatement aux écrits saints.

« Hier, Windows a gagné grâce à la part de marché. Aujourd'hui c'est Android. Ainsi a parlé la prophétie. Ainsi soit-il. »

Plutôt que de s'obnubiler avec la part de marché des uns ou des autres, il serait plus judicieux d'observer ce que chaque société tente d'accomplir.

  • Apple entend générer d'énormes profits et s'installer sur le haut de gamme. Est-ce qu'ils y parviennent ? Oui.
  • Google veut qu'un maximum de personnes regarde les publicités de ses annonceurs. Est-ce qu'ils y parviennent ? Oui sur le PC, pas tout à fait sur le mobile.
  • Microsoft cherche à vendre des licences et à construire une plate-forme mobile. Est-ce qu'ils y arrivent ? Non, pas vraiment.

Partant de ce constat, Apple n'a pas besoin d'une grosse part de marché. Il a besoin de régner uniquement sur le haut de gamme. Google, de son côté, a besoin d'une part importante du marché qui clique sur les publicités ou qui achète les produits de ses annonceurs. Microsoft reste finalement le seul à dépendre de parts de marché arithmétiques. Lointaine troisième, sa plate-forme a désespérément besoin d'atteindre une masse critique pour constituer un écosystème viable. Son modèle de licence ne peut prospérer qu'adossé à des volumes.

Donc oui, la part de marché est importante. Mais son impact varie selon la société et l'objectif à atteindre. Dire que la part de marché est importante, revient à dire une banalité comme « l'eau est importante ». Evidemment qu'elle l'est. Mais pas de la même manière pour un agriculteur, un citadin ou un pêcheur. Une part de marché sans contexte, n'est finalement qu'une banalité sans aucun sens.
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